Une activité très tardive
“Jamais depuis le début de l’ère satellitaire en 1967 la saison n’avait démarré aussi tard”, observe Météo France Océan Indien. En effet, il a fallu attendre le 20 janvier pour observer la première activité cyclonique sur le bassin, avec la formation du futur système Ana.
Une saison cyclonique extrêmement dense
Après ce démarrage tardif, les systèmes se sont enchaînés. Au total, 13 tempêtes se sont succédées, dont seulement cinq ont atteint le stade de cyclone, soit moins que la normale.
Parmi elles, neuf tempêtes se sont formées sur un temps record d’un mois et demi, entre le 22 janvier et le 7 mars. “Du jamais vu”, commentent les services météo, qui constatent que c’est l’équivalent d’une saison cyclonique entière d’une année normale qui a été observé sur ce court laps de temps.
Au final, l’activité cyclonique ne se sera étalée que sur un peu plus de trois mois et demi seulement.
Un grand nombre de systèmes, mais une activité à relativiser
Avec ses 13 tempêtes ou cyclones, soit un nombre très élevé, la saison cyclonique 2021-2022 affiche un nombre de systèmes dépassé à seulement deux occasions pendant le demi-siècle précédent. La normale correspond au développement de “neuf à dix tempêtes tropicales, dont statistiquement environ la moitié atteignent le stade de cyclone tropical”.
Pour autant, selon Météo France, “on ne peut pas considérer cette saison comme figurant parmi les plus actives de ces cinq dernières années”. Car près de la moitié de ces systèmes n’ont été que de simples tempêtes tropicales modérées.
Le nombre de jours cumulés d’activité perturbée significative (i.e. avec la présence sur le bassin d’un système dépressionnaire au stade de tempête tropicale ou de cyclone) s’établit à 59 jours (contre 68 lors de l’exercice précédent, malgré un système de moins), soit une valeur un peu au-dessus de la normale, tandis que les 19 jours cycloniques (nombre de jours avec la présence sur zone d’un cyclone tropical) sont eux rigoureusement dans la norme.
Météo France Océan Indien
Un mois de février agité à La Réunion : deux alertes rouges en 18 jours
Sur notre île, l’activité cyclonique a marqué surtout le mois de février, avec le passage de Batsira et Emnati, soit, comme le rappelle Météo France, “deux alertes rouges à 18 jours d’intervalle”. Cela faisait huit ans que La Réunion n’avait pas connu d’alerte rouge, depuis Bejisa en janvier 2014 ! C’est d’ailleurs “la plus longue période sans alerte rouge dans l’histoire contemporaine du département"
Batsira et Emnati, des "frères siamois"
Tous deux ont affiché des comportements et des trajectoires similaires, arrivant l’un comme l’autre par le nord-est. Batsirai et Emnati, “frères siamois”, ont été des cyclones “à la fois larges et puissants au moment de leur passage au nord de Maurice, puis de La Réunion”. Mais ils ont heureusement épargné aux îles soeurs un impact direct qui aurait été “de toute évidence catastrophique”.
Avec une influence durable, venteuse, mais demeurant dans des limites raisonnables, et pluvieuse importante (surtout pour BATSIRAI et principalement dans les Hauts), ces deux épisodes très perturbés ont constitué une piqûre de rappel (à bon compte) que La Réunion demeure une terre de cyclones et que, tôt ou tard, l’île ne pourra pas toujours être aussi chanceuse de bénéficier d’une trajectoire favorable lui évitant d’être frappée de plein fouet.
Météo France Océan Indien
Une saison cyclonique catastrophique pour Madagascar
La Grande ile a eu beaucoup moins de chance que La Réunion. Six systèmes, soit près de la moitié de cette saison 2021-2022, a traversé et donc impacté Madagascar (Ana, Batsirai, Dumako, Emnati, Gombe, Jasmine). Parmi eux, cinq ont touché terre sur la côte Est, en 45 jours seulement. Une saison record.
Jamais Madagascar dans sa globalité, et sa côte orientale en particulier, n’avaient eu à subir les assauts d’autant de phénomènes cycloniques lors d’une même saison.
Météo France Océan Indien
Le dernier système de la saison à frapper la Grande Ile a été Jasmine, complètement hors norme, frappant la zone de Tuléar, relève Météo France.
C’est la première tempête tropicale connue à se former sur la partie centrale du Canal de Mozambique à une date aussi tardive dans la saison (fin avril).
Météo France Océan Indien
Des prévisions saisonnières justes
Début novembre 2021, le Centre des cyclones tropicaux de La Réunion (CMRS) annonçait une prévision d’activité “proche de la normale” pour le bassin sud-ouest océan indien, et cela a été le cas, tant pour le nombre de systèmes attendus que pour la typologie de leur trajectoire.
On s’attendait, avec une probabilité de 70%, à avoir entre 8 et 12 tempêtes tropicales, dont 4 à 6 évoluant en cyclones tropicaux. Si le nombre de cinq cyclones observés se situe pile dans la bonne fourchette, celui du nombre de tempêtes a par contre été un chouïa supérieur.
Météo France Océan Indien