Une saison des letchis pas aussi flamboyante que prévu

Une saison des letchis difficile. Peu de fruits et moins d'exportations
L'or rouge de La Réunion, tant désiré en fin d'année se fait encore attendre. Les letchis font une apparition timide sur les étals des marchés forains. La saison annoncée comme très prometteuse ne sera finalement pas si bonne.

Le rouge vif commence à illuminer les flamboyants de l'île, tout comme les étals de certains marchés forains. Illustration au Chaudron, où depuis quelques jours, les tas de mangues côtoient les premiers letchis de la saison.

Pas moins de 10 euros le kilo de letchis

Mais ce retour des fruits rouges reste timide. Sans compter le prix qui décourage même les plus gourmands. Comptez dix euros pour un petit kilo pour avoir la primeur sur ces letchis de fin d'année.

Certains consommateurs dans les allées du marché préfèrent s'abstenir pour le moment. C'est le cas de Betty qui doute de la qualité gustative de ces premiers fruits. "Là i dwa èt un peu acide et aigre. D'ici trois semaines i dwa èt bon mi pans". A quelques encâblures, les letchis sont même passés inaperçus pour certains consommateurs. "Mwin la mèm pa vu ! Et là lé enkor tro cher !" s'exclame Nathalie.

D'autres n'ont pas pu résister à la tentation. L'appel des letchis était bien trop fort pour Patrice Cocotier, maraîcher, "té bon ! Kan letchi i sorte promié fo ou gout' aprè i oubli sa lé kom longani"

Le reportage de Réunion La 1ère : 

Letchis, une mauvaise saison en perspective ?

"C'est une année très difficile"

Dans les hauts de Saint-Benoît, Marjean Camalon cultive des letchis depuis trente-six ans. Sur sa parcelle de sept hectares, difficile de déceler les premiers fruits rouges. 

Les arbres sont vides. La production est maigre. C'est une année très difficile 

Marjean Camalon - arboriculteur

Fort de son expérience d'arboriculteur, Marjean Camalon était persuadé que la saison aurait été bonne cette année tant la floraison était importante. Mais, il a rapidement déchanté et cela grâce à un signe qui ne trompe pas.

Les apiculteurs ont mis les abeilles dans les vergers et ils n'ont pas eu de miel. Si les apiculteurs n'ont pas de miel, on n'a pas de letchis

Marjean Camalon - arboriculteur

Et de nombreux fruits ne restent plus sur les arbres. Cette saison de letchis sera donc moins bonne que celle de 2023 assure l'arboriculteur. "Auparavant, on pouvait prévoir sur cinq ans mais c'est impossible aujourd’hui toutes les années sont changeantes. On subit le climat" explique-t-il. 

Moins de fruits et donc moins d'exportations

Le producteur de letchis de l'Est exporte l'ensemble de sa production vers l'Hexagone. Et cette année, selon ses calculs, il devrait perdre trois quarts de ses exportations.

Une production loin d'être réjouissante qui doit également composer avec la nature. "Il faut ajouter à cela l'impact des oiseaux, des Merles Maurice sur la récolte de nos fruits. On est tributaire de dame nature".