Variole du singe : "un risque extrêmement faible pour La Réunion", selon le microbiologiste Patrick Mavingui

Un premier cas de variole du singe a été détecté à La Réunion
L'apparition de cas de variole du singe en Europe jours interroge et inquiète aussi après deux ans de pandémie de Covid-19. Mais le risque que le virus circule à La Réunion est "extrêmement faible", selon le professeur Patrick Mavingui, microbiologiste et directeur de recherches au CNRS.

Alors que le Covid n'est pas encore derrière nous, un autre virus commence à susciter l'inquiétude aux quatre coins de la planète. Des cas de variole du singe ont en effet été identifiés dans au moins une dizaine de pays européens, mais aussi au Canada, aux Etats-Unis, tandis qu'en France, un premier cas a déjà été recensé.

Si à La Réunion, aucun cas n'a donc été signalé, ils sont néanmoins nombreux à s'interroger notamment sur la virulence de ce virus. Interrogé par Réunion La 1ère, le professeur Patrick Mavingui, microbiologiste et directeur de recherches au CNRS, se veut néanmoins rassurant.

Le Docteur Patrick Mavingui dirige l'unité UMR Pimit de l'Université de La Réunion, dont les laboratoires sont installés dans les locaux du Cyroi

Pas un maladie nouvelle

"L’Organisation mondiale de la santé a indiqué qu’il y avait très peu de risque de contagion ou de pandémie, rappelle-t-il. Est-ce que ça peut arriver à La Réunion ? Je ne dirais jamais non mais le risque est extrêmement faible puisque depuis la semaine dernière, il n’y a eu qu’un seul cas en métropole, dans la région parisienne. Un risque de diffusion qui n’est donc pas nul mais qui reste extrêmement faible".

Ce spécialiste du séquençage, qui est à la tête du laboratoire Pimit (Processus infectieux en milieu insulaire tropical) au Cyroi, précise aussi que la variole du singe n’est pas une maladie nouvelle.

Regardez l'interview du professeur Mavingui sur Réunion La 1ère :

Variole du singe : Dr Mavingui réponds aux inquiétudes des Réunionnais

"On a été surpris"

"Elle existe en Afrique centrale et en Afrique de l’Ouest. On a toujours eu des cas de variole dans ces zones endémiques mais on a été surpris par cette transmission qui va au-delà du continent africain", précise-t-il.

"C’est un virus de variole qui est plutôt zoonotique, c’est-à-dire qu’il se développe chez les singes mais qu’il peut aussi se transmettre à l’homme". Mais le singe n'est pas le seul vecteur de la maladie. Les rongeurs, décrits comme de véritables réservoirs à virus, le sont également.

Quels symptômes ?

Et comment se propage-t-il entre hommes ? Un contact direct avec fluides d'une personne infectée peut suffire pour transmettre la maladie, ce qui inclut donc les rapports sexuels. "Le taux de transmission est extrêmement faible, insiste encore le professeur Mavingui. Ce n’est pas un niveau équivalent au Sars-CoV-2. Et c’est un virus à ADN et non à ARN".

Pour ce qui est des symptômes, "en général, ça commence par des symptômes classiques avec de la fièvre, des douleurs musculaires, une gros fatigue pendant les trois à quatre premiers jours", indique le spécialiste.

Des éruptions cutanées importantes

"Ensuite, il y a une éruption cutanée très importante qui est très pustuleuse et qui touche d’abord la partie supérieure et le visage avant finalement de s’étendre sur l’ensemble du corps". 

Dans 1 à 10% des cas, les conséquences peuvent être plus graves et entraîner des neuropathies, une cécité ou encore des crises gastriques. "C’est d’ailleurs une maladie qui tue beaucoup plus que le Sars-CoV-2 dans les zones endémiques (en Afrique, ndlr)", souligne le professeur Mavingui.

Les enfants peuvent également être touchés et souffrir d'infections pouvant les défigurer voire entraîneur la mort. Mais dans la grande majorité des cas, les personnes infectées guérissent d'elles-mêmes.