Face à la hausse du prix des carburants, le gouvernement veut redonner du pouvoir d’achat aux automobilistes et propose que les distributeurs puissent vendre l’essence à perte pour une durée de six mois, faisant ainsi sauter le verrou d’une pratique interdite depuis 1963.
La date du 1er décembre a été annoncée par le ministère de l'Economie mais pour l’instant, aucune enseigne n’a réagi dans l’Hexagone, et à La Réunion, l'idée même de vendre à perte est tout simplement inenvisageable, pour les professionnels du secteur.
Un modèle économique différent à La Réunion
"Je ne vois pas comment un gérant de station-service pourrait à son niveau décider, avec l'appui de l'Etat, de vendre à perte !", réagit Gérard Lebon, le président du SRESS, le Syndicat réunionnais des exploitants de stations-services.
A La Réunion, le modèle économique est totalement différent : les stations-services ne sont pas affiliées à des grandes surfaces et les prix sont administrés. C'est l'Etat qui fixe chaque mois le tarif de vente maximum du gazole, de l'essence et de la bouteille de gaz.
Les emplois des pompistes menacés ?
Les gérants ont bien la possibilité de vendre moins cher. Et s’ils ne le font pas, c’est à cause de cette autre différence majeure avec l'Hexagone : dans l’île, le service est assuré par des pompistes, une charge de fonctionnement additionnelle.
Les 160 enseignes de l'île emploient des pompistes alors que dans l’Hexagone, tout est quasiment en libre-service. "Les opérateurs ne sont pas les mêmes puisque nous avons la Région qui collecte les fonds. Nous sommes administrés et il y a de l'emploi parce que nous avons des marges", rappelle encore Gérard Lebon.
Une solution suicidaire à La Réunion
Vendre de l’essence à perte apparait donc comme "suicidaire", surtout pour les petits gérants, situés principalement dans les écarts et pour qui le carburant n’est pas un produit d’appel mais bien une marge indispensable.
Aujourd’hui, seules les stations avec de grandes boutiques disposent de cette marge de manœuvre mais aucun professionnel ne souhaite déséquilibrer le système.
Les grande surfaces pas du tout tentées
Du côté des grandes surfaces, serait-il envisageable de vendre à prix coutant, comme le fait l'enseigne Leclerc en métropole pour attirer les clients ? A priori, non. Les propriétaires de la franchise n’ont d'ailleurs pas la volonté de briser le monopole de la SRPP, la Société réunionnais de produits pétroliers.
Contactés, les représentants péï estiment que ce ne serait pas rentable. Il faudrait tout monter de A à Z, de la centrale d'achat jusqu' au site de stockage au Port, en passant par l’acheminement. Des investissements trop lourds à l'heure actuelle.
Dimanche Olivier Véran, le porte-parole du gouvernement, estimait le prix du carburant pourrait baisser de près de 50 centimes par litre avec cette mesure. Mais les effets d'une telle pratique semblent plus qu'incertains.