C’est par un échange avec les élèves du lycée professionnel "Vue Belle", dans les Hauts de Saint-Paul, que la ministre débute sa visite de deux jours à La Réunion. Au programme : culture de l’égalité, lutte contre le harcèlement et sensibilisation pour prévenir les violences conjugales et intrafamiliales en évoquant notamment l’éducation à la sexualité et à la vie affective.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère au lycée de Vue Belle :
L’établissement s’est vu remettre le label Egalité filles garçons, de niveau 3. Un niveau, qui atteste d’une expertise partagée par l’ensemble de la communauté éducative, après le niveau 1 qui reconnait un engagement de l’établissement scolaire et le niveau 2 qui marque l’approfondissement dans la démarche.
Déploiement du Pack Nouveau Départ contre les violences conjugales
A la mi-journée, Isabelle Lonvis-Rome rencontre Cyrille Melchior, le président du Département. En fin de journée, elle s’entretiendra avec la présidente de la Région, Huguette Bello.
Avant cela, la ministre de l’Egalité entre les femmes et les hommes, présente le dispositif Pack Nouveau Départ à La Réunion, depuis les locaux de l'AMAFAR. L’île est le deuxième département à l’expérimenter, après le Val d’Oise. Ce dispositif intervient dans la lutte contre les violences conjugales.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un accompagnement global pour la séparation et la reconstruction
Annoncé par la Première ministre et le président de la République en novembre dernier, il a pour but de venir en aide aux femmes victimes de violences conjugales, avec pour principe de " lever un maximum d’obstacles à leur départ et de faciliter la séparation du conjoint violent ".
Il s’agit d’intervenir au-delà des dispositifs déjà mis en place pour améliorer le traitement de la parole des victimes et leur protection, en assurant " l’accompagnement global nécessaire à la séparation puis à la reconstruction personnelle de ces femmes ".
A La Réunion, 15% des femmes sont victimes de violences conjugales, soit 3 fois plus nombreuses qu'en métropole. Témoignages de femmes aidées par l'association "Femmes des hauts et d'outre-mer" :
Les associations sont partagées
La période d’expérimentation doit permettre de travailler avec les acteurs de terrain et de " définir précisément les conditions de réussite du Pack Nouveau Départ en s’adaptant aux spécificités du territoire ". Des acteurs de terrain tels que les associations, qui émettent tout de même des réserves quant à la démarche.
Du côté des associations à La Réunion, le sentiment est partagé. Pourquoi revient-il toujours à la femme de quitter le domicile ? Pour certaines associations, la mesure vise à gérer l’urgence, pour d’autres le gouvernement " n’a pas encore compris que ce sont les hommes qui doivent partir avant de passer à l’action ".
Partir, mais pour aller où ?
Femmes solidaires s’interroge : " comment prendre un nouveau départ quand on doit s’enfuir ? " Pour Pierrette Mira, la présidente de l’association, " nou lé bien loin du compte ". Elle estime qu’il faut aussi prendre les auteurs en charge, et alléger les procédures pour que les plaintes aboutissent davantage et que les victimes obtiennent une réponse dans les 2 mois.
" On encourage les femmes, mais pour aller où ? ", s’interroge Pierrette Mira. Elle souligne qu’il n’y a pas de place dans les centres d’hébergement, que ce soit pour les femmes ou les hommes. Elle estime qu’il faudrait mettre de l’argent dans des projets de lieux d’hébergement, en créant notamment des centres mais pour les auteurs de violences.
Développer à La Réunion d’autres dispositifs existants dans l’Hexagone
Consolider le dispositif de téléphone grave danger, remplacer le bracelet anti-rapprochement qui ne fonctionne pas, créer des Maisons des Femmes comme en métropole, une doit peut-être voir le jour en 2024 indique-t-elle, ou une Maisons des Auteurs avec des psychologues, sont parmi les pistes qui doivent être développées, selon la présidente de l’association Femmes Solidaires.