À Fortune, l'absence des consommateurs de Saint-Pierre et Miquelon plombe l'économie locale

Photographie du port de Fortune
L'arrêt des rotations entre Saint-Pierre et Miquelon et la ville canadienne portuaire de Fortune prive l'économie locale d'une importante manne financière. Acteurs et élus locaux dressent un bilan économique désastreux de l'année 2020.
"L'année 2020 est une catastrophe". La formule utilisée par le maire de Fortune Charles Penwell est sans détour mais réaliste. Le bilan économique de la petite ville portuaire est alarmant. Les commerces, restaurants et hôtels de la péninsule souffrent depuis le mois de mars 2020, et l'arrêt des liaisons maritimes et aériennes entre l'archipel et la province de Terre-Neuve. La crise économique engendrée par les mesures de restrictions sanitaires n'a épargné aucun secteur.

"Les pertes globales n'ont pas officiellement été mesurées depuis le début de la crise du coronavirus", précise Charles Penwell, tout en avançant un chiffre évocateur : 85% de chiffre d'affaire estival en moins pour les hôtels et bed & breakfast. Les professionnels du secteur déplorent à la fois l'absence des touristes qui transitent essentiellement pendant les mois d'été, et celle des résidents Saint-Pierrais et Miquelonnais propriétaires de résidences secondaires.

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Face à l'urgence économique, le gouvernement de la province de Terre-Neuve a mis en place un programme d'aide pour les entreprises. Brian Rose, gérant d'un hôtel restaurant à Fortune, détaille les aides financières auxquelles il peut prétendre. "Des chèques 5 000 $ à 10 000 $, calculés sur la base du chiffre d'affaires réalisé l'année précédente nous sont proposés. Le gouvernement fédéral met aussi à disposition des prêts sans intérêts, allant de 40 000 à 50 000 $." Avec une particularité, si l'emprunteur s'engage à rembourser 75 % du prêt avant le mois de décembre 2022, les 25 % restants ne seront pas réclamés.


Une solution durable attendue


Les soutiens financiers sont les bienvenus, mais des mesures plus durables sont attendues. Sur l'archipel, comme dans la péninsule canadienne, l'intégration de Saint-Pierre et Miquelon à la bulle atlantique ressemblerait à une solution idéale. L'inclusion du territoire français à la zone de libre circulation, créée en juillet 2020 pour les résidents de l'Île du Prince Édouard, de la Nouvelle-Écosse, du Nouveau-Brunswick et de Terre-Neuve et Labrador, n'est pourtant pas à l'ordre du jour. En visite la semaine dernière à Terre-Neuve et Labrador, le Consul Général de France à Moncton, Johan Schitterer a confirmé que Saint-Pierre et Miquelon resterait pour l'instant aux portes de la zone atlantique.

Le reportage de Claudio Arthur.