C'est une question qui agite les réseaux sociaux après les déclarations de Donald Trump. Il n'est pas encore investi président qu'il a déjà menacé le Canada de faire usage de la "force économique" pour que son voisin devienne "le 51e État américain".
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Même menace d'annexion du milliardaire américain contre le Groënland, pour ses ressources poissonneuses et minières, et le canal de Panama qui constitue un carrefour du commerce mondial. Sur X (ex-Twitter), de nombreux internautes se demandent si Donald Trump compte annexer dans le lot l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon.
Bientôt l'avion Air Force One sur le tarmac de Saint-Pierre ?
Alors que Donald Trump veut tout simplement acheter le Groënland, son fils Donald Trump Junior s'y est rendu ce mardi 7 janvier avec un avion siglé "Trump". Lors de cette visite "touristique", il a diffusé des images de son escale avec des habitants qui portaient des casquettes MAGA (Make America Great Again) et a promis de revenir.
Certains sur X voient déjà l'avion Trump atterrir sur le tarmac de Saint-Pierre et conquérir l'archipel à grands coups de liasses de dollars. D'autres mettent en avant la puissance nucléaire qu'est la France. Le Canard Enchaîné, via le dessinateur Kiro, s'est lui aussi amusé de cette éventualité dans son édition du 31 décembre dernier.
"Je ne pense pas qu'il soit conscient de notre existence."
Bientôt une OPA sur l'archipel français ? Donald Trump sait parler business. Saint-Pierre et Miquelon peut bien se vanter d'avoir le meilleur PIB par habitant des territoires français, il ne faut pas parler trop vite et prendre du recul en se plongeant dans les archives de l'Histoire.
C'est ce qu'à fait Marc Cormier, professeur et historien amateur de Saint-Pierre-et-Miquelon.
Bien que l'archipel soit riche de ses paysages et sa biodiversité, il a peu de probabilité d'intéresser le milliardaire qui préfère les grands espaces et les ressources sous-marines du Groënland.
Même s'il était intéressé, il se retrouverait dans la même situation qu'un certain sénateur américain Henry Cabot Lodge qui avait lorgné sur l'archipel en 1903. Les britanniques, qui ont cédé Saint-Pierre et Miquelon aux français, disaient que s'ils voulaient s'en débarasser, ça leur reviendrait automatiquement.
Marc Cormier, professeur
Marc Cormier ne croit pas du tout à une annexion de l'archipel par Donald Trump et considère ses déclarations comme "du grand théâtre".
Par le passé, certains habitants de l'archipel avaient trouvé un intérêt à se rapprocher des États-Unis. C'était à l'époque de la Grande pêche où une grande crise économique avait éclaté entre 1905 et 1908.
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"Il y avait un parti pro-américain mais c'était plutôt pour embarrasser la république française, se souvient le professeur, "certains commerçants, dont un photographe de Saint-Pierre, avaient fait quelques démarches et pris quelques contacts au département d'Etat de Washington". Mais ça n'a pas abouti.
"Il y a un paquet de gens dans la file d'attente"
Avant que l'archipel de Saint-Pierre et Miquelon ne devienne le 51e Etat américain, d'autres territoires attendent depuis plusieurs années. C'est le cas par exemple de l'île des Caraïbes Porto Rico, avec ses trois millions d'habitants, qui est sous le statut flou de "territoire non incorporé des États-Unis". Ils sont américains mais ne dépendent d'aucun État et ne peuvent pas voter pour les élections américaines.
Plus étonnant, le district de Washington DC veut aussi devenir un État car pour l'instant, le statut de cette ville indépendante empêche ses habitants d'avoir des représentants et sénateurs. "Il y a un paquet de gens dans la file d'attente pour être représenté au Congrès américain. Donc de nouveaux États je serais très surpris de voir ça", conclu le professeur.
Il faut bien croire que ce n'est que le début ou le retour de la politique spectacle de Donald Trump. Son investiture comme 47e président des États-Unis est prévue le 20 janvier prochain.
Affaire à suivre...