Lors de son interview dans le journal télévisé du 1er mars 2023, le président de la Collectivité territoriale est revenu sur le fret entre Terre-Neuve et Saint-Pierre et Miquelon.
Pour mémoire, le 20 décembre 2022, l'État et la Collectivité ont signé une convention pour la mise en place du transport de marchandises via Fortune avec les ferries. Bernard Briand a précisé que cette nouvelle desserte maritime en fret était réalisée "dans le cadre d'une configuration de complémentarité et à titre expérimental".
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Bernard Briand invitait "les commerçants locaux à essayer de trouver directement des solutions avec des partenaires canadiens". Comme le soulignait le président de la collectivité territoriale, un comité de pilotage avec les services de l'État s'est réuni récemment "pour bien identifier quels étaient les indicateurs en lien avec cette nouvelle modalité qui permettra de faire venir de la marchandise à moins cher".
Nous aujourd'hui, les outils ils existent. Soit on les exploite et c'est ce que je souhaite, en direct, sinon vous aurez derrière aussi la possibilité pour des particuliers de se déplacer et donc de "shunter" les commerçants. Moi je veux travailler en partenariat avec l'ensemble des acteurs.
Bernard Briand, président de la Collectivité territoriale
Voici l'entretien complet de Bernard Briand, interviewé par Delphine Jeanneau dans le journal télévisé du 1er mars dernier :
Les commerçants, "poumon économique du territoire" pour les membres de la Cacima
Au lendemain de cet entretien, les membres de la CACIMA n'ont pas tardé à réagir par le biais d'une lettre ouverte adressée au président de la Collectivité territoriale. Pour eux, le président "a pointé du doigt les commerçants comme étant responsables de la vie chère" et il "omet certaines réalités qui impactent fortement la construction des prix des produits importés".
Pour les membres de la Cacima, " la Collectivité territoriale détient la compétence fiscale" et peut "par la mise en œuvre de mesures appropriées faire évoluer la situation de l'archipel pour le rendre plus attractif pour la population et pour les entreprises".
L'association Vita'Ville SPM se dit "profondément choquée"
A son tour, l'association Vita'Ville, qui regroupe les commerçants et les artisans de l'archipel, n'a pas tardé à réagir contre les récents propos de Bernard Briand sur cette proposition expérimentale de fret entre Terre-Neuve et Saint-Pierre et Miquelon:
"vous nous menacez ouvertement et vous incitez les particuliers à faire leurs courses à Terre-Neuve", tout en ajoutant "que même si nous pouvions trouver des fournisseurs à Terre-neuve, il nous faudrait rompre une relation de confiance établie depuis parfois plusieurs décennies avec les fournisseurs pour une desserte via les ferries hypothétiquement pérenne".
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Dans leur communiqué en date du 5 mars, les membres de l'association précisent également avoir "alerté" il y a 3 ans la Collectivité territoriale "sur les difficultés rencontrées" par les commerçants et les artisans locaux.
L'association en profite pour demander à la Collectivité de diminuer les taxes douanières, "seul levier possible pour notre archipel d'enrayer cette inflation galopante".
Pour le président de la Collectivité territoriale, "c'est à chacun de juger de l'opportunité de se saisir ou non de ce service"
Dans sa réponse adressée à la Cacima et à l'association Vita'Ville SPM ce 6 mars, Bernard Briand précise que concernant l'ouverture complémentaire du fret via Fortune,"cette possibilité avait été ouverte en accord avec l'État pour offrir cette opportunité aux commerçants qui le souhaitent de s'approvisionner de cette manière".
Pour le président de la Collectivité territoriale, "dans le contexte du port d'Halifax qui génère des difficultés sur les délais de livraison dont j'ai bien conscience que les acteurs économiques pâtissent, cette opportunité pourrait constituer pour les commerçants une garantie d'approvisionnement partiel".
Bernard Briand précise que " les entreprises et les commerçants du territoire sont libres de leurs choix d'approvisionnement et qu'il ne s'agissait en aucun cas de les montrer du doigt".