Dans le salon de coiffure "Chez Antoine" plane une odeur de nostalgie. Sur les murs triomphent des vieilles tondeuses, comme pour rappeler qu'il faisait bon vivre à l'époque. L'époque, c'est celle de la pêche à Saint-Pierre et Miquelon, où dans les rues cohabitaient des marins venus du monde entier.
À lire aussi : Une nouvelle équipe à la tête du restaurant-épicerie chez Jeannot à Langlade
Ouverte depuis 1981, l'affaire d'Antoine Miadonnet fut en quelque sorte une témoin privilégiée de ces années-là. "Je coiffais des Espagnols, des Japonais et des Allemands", confie le coiffeur.
On s'en envoyait entre collègues : "Ah bah tiens j'ai six Allemands pour une coupe." Puis ils venaient. Il n'y avait pas trop d'horaires. Mais c'était la bonne époque, c'était cool."
Antoine Miadonnet
Alors, le coiffeur s'organisait avec ses notions d'anglais, mais aussi un langage universel, le mime : "C'était parfois compliqué pour se comprendre. Je parlais un peu anglais, je me débrouillais un peu en espagnol et le client me faisait des signes. Comme le jour où cet Allemand voulait aller faire la petite commission."
"À l’époque tous les Japonais voulaient des permanentes"
Forcément, au fil des coupes de cheveux et des taillages de barbe, Antoine garde en mémoire quelques anecdotes savoureuses. Comme celle des Japonais venus dans son salon pour une coupe bien particulière. "Ils venaient pour une permanente car cela nécessitait moins d'entretiens pour eux en mer. Le problème est qu'ils ont un type de cheveux super raide. Quand je commençais à 20 heures, je finissais à minuit avec eux."
Il fallait alors redoubler d'imagination pour que la coiffure tienne : "Il fallait monter des dizaines de rouleaux pour que cela tienne."
Une superbe collection de billets
Mais le salon de coiffure est aussi connu pour son immense collection de billets. Indonésie, Iran, Costa Rica, sur les murs est accrochée derrière une vitre en verre la monnaie d'antan, donnée pour la plupart par des clients : "Je n'avais même pas besoin de voyager avec ça. Les étrangers venaient à moi."
Quitte à parfois faire des folies et monter jusqu'à Paris pour se procurer des billets qui lui manquent. "J'en ai acheté une petite partie au quartier de la Bourse. J'avais fait la liste de ceux qui me manquaient et je me suis amusé à compléter."
Et quand on lui demande quel est son préféré, l'homme de 65 ans réfléchit quelques secondes et s'exclame : "Celui de l'Israel j'aime bien. Il y a un marin dessus."