Pour certains, le mois d’octobre est synonyme de retour du froid et du temps capricieux dans l’archipel. Mais pour les passionnés de hockey sur glace de Saint-Pierre et Miquelon, la reprise de la NHL mais aussi des entraînements font office d’éclaircie dans la grisaille ambiante. C’est l’occasion de sortir le bâton et les patins, de vibrer pour les Canadiens, les Bruins ou les Maple Leafs après le souper du soir.
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Mais depuis quelques années, la pratique et la consommation du sport roi de l’archipel ont quelque peu évolué. En effet, les réseaux sociaux, les clips vidéo et les résumés de matchs ont un impact considérable sur les hockeyeurs locaux. Arnaud Disnard, président de l'association du Hockey mineur, le constate régulièrement chez les jeunes. "Je ne sais pas s’ils sont moins ou plus passionnés qu’avant. Ce qui est sûr, c’est que nous jouions plus qu’eux dans la rue. Par contre, ils ont du hockey en permanence sur le téléphone. Ils regardent moins les matchs en intégralité mais consomment des highlights, des résumés, des vidéos…"
Une incidence sur le niveau ?
De quoi voir une cause de lien à effet sur le niveau direct des joueurs de Saint-Pierre et Miquelon ? Difficile de le dire. Si les jeunes joueurs jouent beaucoup moins dans la rue qu’avant, ils n’en restent pas moins habiles bâton en main. Les gestes techniques sont assimilés d’une manière différente qu’autrefois. "Aujourd’hui, les enfants essayent de reproduire les gestes qu’ils voient sur les vidéos. Ils ont plus accès à ces contenus que nous à l’époque. Au Hockey mineur, on peut voir que les enfants sont quasi tous capables de faire certains gestes."
Aussi, le numérique a permis aux entraîneurs de se perfectionner mais aussi de gagner en crédibilité. Certains exercices sont visionnables sur les réseaux et peuvent donner des idées de séance aux éducateurs.
Aujourd’hui j’ouvre mon Facebook, j’ai trois ou quatre vidéos qui s’affichent. Je peux choisir de prendre exemple ou non. Aussi, ça nous permet de montrer aux adolescents que certains exercices se font aussi au plus haut niveau.
Arnaud Disnard
Un supportérisme différent
Les Canadiens de Montréal, les Bruins de Boston, les Maple Leafs de Toronto ont laissé davantage de place aux Knights de Las Vegas ou au Kraken de Seattle dans le cœur des jeunes hockeyeurs de Saint-Pierre et Miquelon. Si la pratique a évolué, la consommation de la grande ligue américaine aussi. "Avant on ne pouvait suivre que les équipes canadiennes ou les équipes historiques de la ligue à la télévision. Maintenant mon petit, il supporte Vegas pour le show d'avant-match qu'il regarde sur Youtube. Puis maintenant il y a le Kraken, alors il est pour le Kraken. C’est ainsi aujourd’hui."
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Un constat partagé par Frédéric Letournel, gérant de Hockey Toon, magasin de cartes de hockey à Saint-Pierre. Pour lui, les jeunes sont des consommateurs différents de la grande ligue.
Les jeunes sont les fruits de leur époque. Ils aiment les joueurs de maintenant et les équipes de maintenant. Les Connor Mcdavid, Auston Matthews, Kirill Kaprizov sont par exemple des joueurs aimés par les jeunes aujourd'hui. Au même titre que Las Vegas qui est une équipe récente dans la ligue. En fait, globalement, ils sont plus informés grâce aux réseaux sociaux, et à internet donc ils aiment plus de joueurs et d'équipes différentes.
Frédéric Letournel
Les franchises qui proposent les meilleurs contenus sur les réseaux sociaux sont celles qui attirent les passionnés d'aujourd'hui ? Là aussi difficile de le dire. Si supporter une seule équipe pour le reste de sa vie existe toujours pour la nouvelle génération, celle-ci se laisse aussi charmer par le marketing et la communication de nouvelles franchises émergentes.