70 ans plus tard, Robert Artur se remémore la fondation des Missiles

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À quelques heures de la rencontre entre les Missiles et les Coqs de Courbevoie pour le compte de la Coupe de France de hockey sur glace, Robert Artur membre fondateur du Hockey Sporting Club se remémore des premiers temps de l’association. Entre un petit café, et quelques blagues, l'homme de 89 ans nous a parlé de son premier amour.

Quand on lui parle de hockey sur glace, les yeux de Robert Artur redeviennent jeunes. Jeune, comme quand le Saint-Pierrais de 89 ans allait jouer sur l'étang Bourgeois avec ses amis. Jeune, comme quand ils eurent l'idée de fonder le premier club de hockey sur glace à Saint-Pierre et Miquelon : "Nostalgique, bien sûr que je le suis", affirme-t-il à l'évocation de ses souvenirs.

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Et on peut le comprendre. C'est une véritable histoire d'amour que nous conte ici Robert. Celle entre ce jeune fan des Red Wings de Détroit car "il y avait Gordie Howe" et son équipe de toujours dans l'archipel : le Hockey Sporting Club.

Sur l'étang Bourgeois, dans les années 50.

Soufflant sur son café encore trop chaud pour être bu, le presque nonagénaire se souvient des problématiques rencontrées pour pouvoir pratiquer leur sport favori au début des années 50 à Saint-Pierre. Patineurs et hockeyeurs ne faisaient visiblement pas trop la paire à l'époque. "On se gênait mutuellement", rit Robert. "Il fallait alors qu'on trouve un étang peu fréquenté pour pouvoir jouer. Ce fut l'étang Bourgeois. Je me souviens qu'on a demandé l'autorisation à la propriétaire Madame Bourgeois et elle a accepté. L'équipe s'est construite un peu là."

"J'avais récupéré les jambes d'un vieux pantalon ciré de mon père pour m'équiper"

Le jeune garçon était gardien de but. Et qui dit jouer à cette position, dit forcément un équipement spécial. Et là aussi, il fallait se débrouiller. Fils de marin pêcheur, Robert se servait des tenues de travail de son père pour se fabriquer des équipements. "J'avais récupéré les jambes d'un vieux pantalon de mon père pour m'équiper. Je les attachais avec du fil de pêche, ou des bouts de ceintures. C'est ainsi que j'ai eu mes premières jambières de gardien de but."

Robert en bas, au milieu, était gardien de but.

Mais très vite la débrouillardise a des limites. Pour s'équiper correctement, il faut des sous. Alors, Robert et ses amis Georges Vigneau, Roger Nicolas et Guy Roulet ont eu pour idée de créer une association afin d'être encadrés et d'avoir le droit à des subventions. C'est ainsi que le Hockey Sporting Club est né le 9 octobre 1954. "Au tout début, le club s'appelait l'Association Sportive de Hockey de Saint-Pierre. Mais il y avait le terme association partout à Saint-Pierre et Miquelon. Alors, je me suis inspiré de mon club de football préféré le Lille Olympique Sporting Club, et j'ai proposé le Hockey Sporting Club. Ça a plu à tout le monde."

"Je suis fier d'être l'un des pionniers"

À quelques heures du match des Missiles contre les Coqs de Courbevoie en Coupe de France, Robert se dit heureux. Heureux d'avoir mis les premières pierres à l'édifice il y a près de 65 ans en créant le club avec ses amis. "Je suis fier d'être l'un des pionniers. C'est beau de pouvoir jouer la Coupe de France aujourd'hui."

Et forcément, il se remémore les premiers matchs internationaux du Hockey Sporting Club. Des rencontres auxquelles il a participé en mai 1959. Du chemin a été parcouru depuis. "On avait joué le samedi et on avait perdu dix buts à cinq. Le lendemain, on a mixé les équipes pour équilibrer un peu."

Les Jays de Grand Fall

Les premiers matchs contre les équipes de Terre-Neuve, de Nouvelle Ecosse... Ce passionné garde aussi en mémoire une rencontre où lui et sa bande affrontaient les Jays de Grand Fall. Résultat : une défaite 19-2 et une belle anecdote. "C'étaient des juniors... Ils nous ont appris ce que c'était le hockey. Forcément, j'ai été pointé du doigt par le gardien remplaçant vu que j'avais encaissé 19 buts. Le lendemain, notre équipe a rejoué contre la même équipe. Il a encaissé 22 buts. J'avoue, je n'étais pas mécontent."

Évidemment, ce samedi, il sera derrière son poste de télévision pour suivre le match de Coupe France. Avec le cœur qui battra la chamade en cas d'exploit  des Missiles.