En Bretagne jusqu’en Normandie, l’histoire du tricot est profondément ancrée dans les traditions et les métiers exercés dans le froid, comme la pêche. Dans ces régions, le travail de la laine a joué un rôle important pour le confort des hommes qui étaient bien souvent des Terre-neuvas.
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Depuis des siècles, la laine a été un matériau essentiel pour les personnes travaillant dans des conditions de froid extrême. La laine étant particulièrement prisée pour ses propriétés isolantes, elle a une capacité à maintenir la chaleur même lorsqu’elle est humide et résiste aux intempéries. Un bon pull en laine avait la particularité d’être épais, avec des mailles serrées, des coutures renforcées et une forme simple.
Si ce savoir-faire a son histoire outre-atlantique avec la grande pêche, il est impossible de passer à côté de la pratique du tricot dans l’archipel de Saint-Pierre et Miquelon, où se mêlent justement racines bretonnes et normandes et où les conditions météo sont rudes. De nombreux pulls en laine ont été confectionnés dans les chaumières de l’archipel pour les marins locaux ou de passage, et plus largement pour les membres de la famille.
Le rôle des femmes dans le tricot
"Je me souviens que ma marraine refaisait une partie des manches de pull de son frère, petit pêcheur", raconte Kareen Lechevallier. "À une certaine époque, toutes les femmes tricotaient des pulls en laine pour leurs maris et leurs enfants", témoigne Bernard Beloir. En effet, à Saint-Pierre comme à Miquelon, beaucoup de femmes ont tricoté pour braver le froid, comme Angélina Epaule. Cette Miquelonnaise a appris à coudre à l’âge de huit ans et a ainsi fabriqué toutes sortes d’accessoires en laine pour toute la famille pendant des décennies.
Sa belle-fille Carole se souvient des pulls faits pour son mari pendant la grande pêche. "Ces pulls ont été faits pour la campagne de 85-86 sur le Marmouset, ils sont presque intacts." Quarante ans plus tard, les tricots servent encore "pour la chasse et par temps de grand froid." Preuve d’un savoir-faire de qualité.
"Les gars s’en retournaient contents avec leurs pulls"
Vêtement fonctionnel, durable, et adapté aux conditions extrêmes, le pull en laine est un indispensable où le climat façonne les habitudes vestimentaires. Il fallait donc compter sur les tricoteuses du coin pour réparer, et même agrandir la panoplie. Dominique Le Du, elle, se souvient que "dans la tranche des années 1975 à 90, les copains de navigation de mon père sur les navires "îles de Saint-Pierre" et "Langlade" ont régulièrement sollicité ma mère pour avoir le même pull que papa… C’était sans chichi, les gars s’en retournaient contents avec leurs pulls."
Il est vrai de dire qu’à Saint-Pierre et Miquelon, comme sur les côtes bretonnes ou normandes et ailleurs, le bon vieux tricot a bien servi et sert encore. S’il reste toujours quelques petites mains adeptes du travail de la laine d’antan, cette tradition s’est modernisée offrant alors de multiples styles. Dans tous les cas, le pull à l’origine porté par les marins Terre-neuvas a véritablement contribué à la popularisation du tricot en laine jusqu’à aujourd’hui. Il a évolué au fil du temps pour devenir à la fois un outil de survie et un élément de la mode populaire. Véritable incontournable de la garde-robe, il est autant le symbole d’une armure de travail, que du vêtement réconfortant.