Une fin d'année scolaire inédite pour les étudiants en quatorzaine à Roissy

Confinés depuis une semaine à l’hôtel BnB en région parisienne, les étudiants saint-pierrais et miquelonnais profitent de leur quatorzaine pour boucler les derniers examens après une année scolaire fortement perturbée par la crise du coronavirus. Témoignages.
Ils sont 75 Saint-Pierrais et Miquelonnais placés en quatorzaine stricte dans un hôtel proche de l’aéroport de Roissy. Objectif ? Pouvoir rentrer en sécurité sur leur territoire. Parmi eux, plusieurs étudiants profitent du confinement pour terminer leurs derniers examens universitaires. Une bonne activité pour rythmer les journées, parfois longues dans une chambre de quelques mètres carrés. "Ici à l’hôtel, je révise beaucoup le code de la route sinon j’ai encore des cours en visioconférence. J’arrive à me motiver, ça m’occupe", explique Félix Vigneau, en dernière année de BTS maintenance des systèmes de production à Nantes.
 

Revoir son organisation de travail


Après l’annonce du confinement, les plans scolaires du jeune homme de 21 ans ont été modifiés par la Covid-19. "Je commençais à bien m’organiser pour mes examens mais finalement on a su qu’on allait obtenir notre diplôme avec l’ensemble des notes de l’année. J’ai dû réorganiser tout mon travail", explique-t-il. Encore encadré par ses professeurs, Félix bénéficie d’un soutien constant : "Les profs sont vraiment derrière nous. Même pour les plus découragés, ils les poussent à bosser".

Pour Margot Artur De Lizarraga, le bilan n’est pas aussi positif. "J’ai eu très peu de continuité pédagogique. C’était difficile pour les enseignants de s’organiser", déplore-t-elle. En deuxième année de licence de sociologie, la jeune Saint-Pierraise estime avoir été livrée à elle-même : "Tout étant informatisé, on n’avait pas accès à tous les ouvrages nécessaires. On a eu des entretiens à mener par Skype mais le contact est forcément plus difficile à établir. Ce n’était pas très stimulant et pénible à force".
 

Des conditions inédites pour terminer l'année


Malgré ces conditions, Margot n’a pas baissé les bras et continue de travailler dans un nouvel environnement, passant d’un appartement parisien à une petite chambre d’hôtel individuelle."J’avais mon dernier rendu obligatoire. J’ai pas mal travaillé dessus ces trois derniers jours dans ma chambre. Sinon j’ai des devoirs facultatifs que je pense faire, c’est l’occasion".

Pour d’autres, cette quatorzaine à l’hôtel, en plus d’être inédite, représente la fin d’un cursus. "Je ne m’attendais pas à ce que la crise sanitaire devienne aussi importante et que de telles mesures soient mises en place. C’est assez inopiné pour le coup de valider son année dans une chambre d’hôtel" explique Édith Simon. Après trois ans d’études à Nantes, la jeune femme était loin d’imaginer que la validation de son diplôme d’éducateur spécialisé se passerait derrière un écran d’ordinateur. Ravie de cette première étape bouclée, Édith multiplie les demandes et vise une entrée en Master en septembre prochain.
 

Difficile de se projeter dans l'avenir


À 19 ans et après une première expérience universitaire en économie à Lille, Grégoire Salomon souhaite se réorienter. "Je me suis rendu compte que le modèle licence n’était pas fait pour moi. J’aimerais mieux faire un BTS ou un DUT et surtout continuer le hockey à côté". En plus de perturber ses cours, la crise sanitaire a aussi mis à l’arrêt le championnat auquel il participait : "Je jouais en U20 pour l'équipe de hockey de Wasquehal. On était qualifiés pour le carré final et pour remporter le titre de champion de France. Avec la Covid, tout s’est arrêté et ils ont décidé de ne nommer personne champion". Alors que tout semble à l’arrêt, il est donc difficile pour ce jeune hockeyeur de se projeter concrètement.

En attendant un retour à la normale, Grégoire rythme ses journées avec des exercices de sport dans sa chambre et prend le temps de réfléchir à ses options pour la prochaine année. Des options auxquelles Félix réfléchit également : "Mon retour à Saint-Pierre cet été va m’aider à prendre une décision. Ici à l’hôtel, je peaufine mon CV et mes lettres de motivation".

Margot devra quant à elle s’armer de patience pour bénéficier d’une visibilité plus claire pour ses prochaines inscriptions. "Le virus rend tout plus flou. Il n’y a pas toujours de réponses, de dates. Tout est souvent décalé ou sinon rien n'est encore annoncé". En attendant d'obtenir des réponses plus précises pour la poursuite de leurs études, tous se réjouissent d'avoir été testés négatifs au premier test de dépistage de la Covid-19 et s'impatientent de retrouver leurs proches et les paysages de l'archipel.