Le Saint-Pierrais Noah Le Priol, un des rares marins à avoir choisi la filière d'officier électrotechnicien

Noah sur le Jeune France à Langlade.
Officier électrotechnicien, un métier d'avenir pour Noah Le Priol. Pour y arriver, le jeune marin de 22 ans a dû passer par plusieurs étapes en terme de formation. C'est à bord des ferries de la Collectivité Territoriale qu'il a embarqué pour six mois afin de valider son brevet spécialisé en maintenance des systèmes électroniques et électriques sur des navires.

Avec un baccalauréat professionnel système numérique en poche, Noah Le Priol n'avait pas trop d'idées concernant sa future carrière professionnelle.

Une rencontre va tout changer. Celle avec Tony Merkle, un Saint-Pierrais vivant à Saint-Jean de Terre-Neuve et qui a fait des séjours dans l'archipel dans le cadre de son travail. Suite à des échanges avec le technicien de maintenance dans la marine et spécialiste des radars GPS, Noah s'intéresse aux métiers de l'électronique sur les navires.

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Noah se souvient de ce moment où l'ami de son père lui dit : "si tu veux faire un stage au Canada avec moi il n'y a pas de soucis". Cette proposition de découvrir le métier au sein d'une entreprise spécialisée dans la réparation de l’électronique embarquée a donc été le déclic pour la suite de ses études.

Cela a été assez compliqué à mettre en œuvre mais j'ai réussi à faire un stage là-bas. Du coup, j'ai adoré. J'ai ensuite cherché sur Parcoursup les formations qui existaient dans l'électronique navale et il y avait un BTS maintenance des systèmes électroniques navals.

Noah Le Priol

Des étapes de formation au diplôme final

Mais pour pouvoir faire ce fameux BTS maintenance des systèmes électroniques navals, il lui fallait un Bac pro électro-mécanicien de marine. Ce qu'il n'a pas. C'est pourquoi le jeune Saint-Pierrais, toujours très motivé, part à Paimpol, commune située en Bretagne, où il effectue une année de remise à niveau.

Noah sur un des ferries de la Collectivité territoriale.

Une détermination bien ancrée

Noah est motivé et malgré la période Covid, son parcours d’étudiant se déroule très bien. Il a su passer toutes les étapes de sa formation. Après cette remise à niveau, il choisit Le Havre pour passer le précieux brevet de technicien supérieur de l'École nationale supérieure maritime exigé pour la suite. Diplôme qu'il obtient avec succès.  

Noah intègre ensuite le lycée maritime Florence Arthaud à Saint-Malo pour devenir officier électrotechnicien dans la marine marchande. 

Un choix de carrière qui ravit son père Gwénaël et sa mère Laurie.

Ce choix d’orientation a été une fierté pour nous, ses parents, et surtout pour son père qui a été marin une bonne partie de sa carrière.

Laurie De Arburn, maman de Noah

Autre personne de sa famille qui le soutient dans son choix de carrière, sa mamie. Noah est pour Murielle Jouvenel "un jeune garçon très déterminé".

Murielle nous a aussi confié qu'elle s'était "rendue compte très vite de sa très grande motivation pour devenir marin à travers son comportement quand il était avec elle sur le bateau pour Langlade ou Miquelon, et qu'elle ne l'avait jamais vu avoir le mal de mer".

Sa mamie est d'ailleurs sa plus grande fan.

J'espère qu'il va réaliser ses rêves. Que cela va devenir concret. Il ne faut pas qu'il baisse les bras et qu'il reste déterminé dans son choix. Il faut qu'il sache que la persévérance paie toujours.

Murielle Jouvenel, mamie de Noah

Six mois de navigation en machine pour valider son diplôme

Pour pouvoir valider sa licence d'officier électrotechnicien, Noah doit valider des temps de navigation. C'est à bord des ferries de la Collectivité territoriale que le jeune marin effectue cette mission.

En l'absence de poste d'officier électrotechnicien sur ce type de bateau, il est ouvrier mécanicien. Une fonction qui lui permettra de valider tout de même son brevet en octobre 2024.

 

Noah le Priol, ouvrier mécanicien sur les ferries. C'était lors d'une visite de découverte des métiers du maritime organisée par France Travail et la Collectivité territoriale début avril 2024.

Pendant ses six mois de formation en mer, il doit remplir des obligations qu'il garde dans "un classeur contenant le registre de formation de bord avec des cases à cocher telles que les réparations effectuées sur telle ou telle machine, bien comprendre les schémas des appareils de bord, etc". 

Des diplômes internationaux régis par l'Organisation maritime internationale

En France, ils sont peu nombreux à détenir le brevet d'officier électrotchnicien (ETO), diplôme encore peu connu. 

Cette formation d'officier chargé de la maintenance des systèmes électriques et électroniques à bord de bateaux a été mise en place pour répondre aux besoins des armateurs dans le monde.

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Comme l'explique Noah, "il faut tout savoir sur les appareils comme les groupes électrogènes, les lumières, les batteries, les treuils, les GPS, les ordinateurs, les automates et j'en passe pour pouvoir travailler sur de très grands navires dans le monde".

Il y a de plus en plus besoin de ces diplômes car l'électronique et l'électricité sont devenues des systèmes de plus en plus complexes. Les mécaniciens n'arrivaient plus à gérer tout cela en même temps. Du coup, l'Organisation maritime internationale a forcé les navires à embaucher des électriciens spécialisés.

Noah le Priol

Officier électrotechnicien est donc un métier d'avenir car, comme le souligne Noah, "le commerce maritime mondial est en pleine expension. D'ailleurs, la plus grosse compagnie française, la troisième au niveau mondial vient de recevoir de nouveaux navires et il n'y a pas assez de personnes qualifiées".

Tous mes collègues qui ont fait la formation d'officier électrotechnicien ont un emploi dans le mois qui suit la fin de leurs études. Certains n'ont même pas envoyé de curriculum vitae et de lettre de motivation. Ils téléphonent et sont embauchés aussitôt.

Noah le Priol

Grâce à ce brevet d'officier électrotechnicien, Noah pourra travailler sur des porte-conteneurs, des paquebots de plus de 300 mètres ainsi que sur des navires spécialisés dans la pause de câbles optiques sous-marins.

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À ce jour, Noah ne sait toujours pas s'il ira parcourir le monde, comme l'a fait un de ses copains qui a voyagé "en Corée, en Amérique du Sud et dans de nombreux autres pays en deux mois". 

Il a décidé pour l'instant de terminer sa formation, puis de travailler un peu à Saint-Pierre et Miquelon avant de prendre un jour... le large.