Alors que la France a dès 2017 clarifié sa position sur l’exploitation pétrolière en interdisant la délivrance de tout nouveau permis de recherche d'hydrocarbures sur son territoire national, ce n’est pas la même attitude coté canadien.
À l'image du projet pétrolier Bay du Nord, le gouvernement Trudeau a autorisé en avril 2022 la société norvégienne Equinor à extraire, à plus de 1 000 mètres de profondeur, plus de 300 millions de barils de pétrole dans les eaux canadiennes, à 470 km au large de Terre-Neuve.
1 000 mètres de profondeur et au-delà
Aujourd'hui plusieurs pays envisagent d'extraire des minerais à plus d'un kilomètre de profondeur et même au delà. En effet, dans les abysses, se trouvent des métaux précieux comme du thallium, du cobalt, du manganèse, du nickel ou encore de l'or, qui intéressent bons nombres d'industriels.
Certaines compagnies minières sont déjà prêtes à extraire tous ces minerais des fonds marins et cela pourrait bien être possible dans les prochaines décennies. C’est la volonté de plusieurs Etats, poussés par des lobbies industriels.
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En France, les députés ont voté le 17 janvier dernier une demande visant à étudier et cadrer les impacts environnementaux de toute exploitation sous-marine. De son côté, le sénateur Stéphane Artano a réclamé en octobre dernier au secrétaire d’Etat à la mer, une concertation avec les territoires ultramarins avant de prendre toute décision. Celui-ci dans sa réponse s’est voulu rassurant :
La France s'engage dans sa stratégie et ses investissements sur uniquement l'enjeu de l'exploration. C'est ce qui a guidé les 350 millions d'euros qui vont être déployés. Mais il faut arriver à codifier les choses, à avoir ce cadre strict qui permet de ne pas endommager les océans et la diversité marine.
Hervé Berville, secrétaire d'Etat chargé de la mer
Un cadre strict pour protéger les océans et leurs ressources, c’est ce que demande aussi le sénateur Artano :
Il y a des grandes puissances comme les Etats-Unis, la Chine qui sont déjà prêtes à exploiter les grands fonds marins. La France ne doit pas être en retrait avec des positions idéologiques, elle doit se tenir prête. On suggère un débat au sénat avec collectivités et Gouvernement pour clarifier les normes environnementales qui pourraient être associées.
Stéphane Artano, sénateur Rassemblement Démocratique et Social Européen
D’autres élus, pour la plupart des ultramarins du Pacifique alertent depuis plusieurs mois sur la nécessité de protéger les océans. Les scientifiques, eux, estiment aujourd'hui que 95 % des océans profonds restent encore inexplorés. Ils y recensent actuellement 250 000 espèces vivantes sous-marines, mais selon l’Ifremer, on pourrait en découvrir entre un et dix millions.