Les pharmaciens du centre hospitalier François Dunan sont en colère

Les professionnels du secteur pharmaceutique de Saint-Pierre et Miquelon sont en colère.
Vente à perte des médicaments, non remboursement de certaines prescriptions médicales, la pilule est dure à avaler pour les pharmaciens de l'officine, située au quartier des Graves. Si aucun mouvement de grève n'a été entamé, les professionnels du secteur sont mécontents.

Du côté de la pharmacie du centre hospitalier François Dunan, les professionnels du secteur accueillent les patients comme d'habitude. Enfin presque. Des banderoles et des inscriptions sur leur blouse témoignent de la colère.  

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La continuité des traitements pourraient être mise à mal en raison du non remboursement de certaines prescriptions médicales faites par des spécialistes en mission dans l'archipel ou exerçant hors de Saint-Pierre et Miquelon. 

Des contrôles sur les prescriptions médicales plus poussées

Si les prescriptions arrivant à échéance étaient jusqu'ici honorées, le temps de la régularisation de l'ordonnance pour ne pas arrêter un traitement en cours, il est de plus en plus difficile de délivrer les médicaments en raison de la mise en place de contrôles plus poussées. 

Il y a des contrôles qui se font et qui ont conduit à des rejets de factures qui font que ces médicaments ne sont plus remboursés sur les feuilles de soins.

Claire Letournel, pharmacienne au centre hospitalier François Dunan

Si les pharmaciens ne remettent pas en question ces contrôles, en l'absence de spécialistes sur place à l'année longue, pour Claire Letournel "il faut que la population puisse bénéficier quand même de traitements qui sont disponibles".

La vente à perte des médicaments inquiètent les pharmaciens 

C'est l'autre source de mécontentement, la suspension du dispositif de compensation permettant de fixer le prix des médicaments couverts par la sécurité sociale.

Un coefficient multiplicateur de 1,40 % qui permet d'équilibrer le prix de vente. 

Contrairement aux pharmacies de métropole où sont livrés gratuitement les médicaments, nous on a d'abord les frais d'approche. Tous les laboratoires imposent des transitaires. Autant vous dire que nos frais de transport de Métropole vers Saint-Pierre et Miquelon , c'est extrêmement cher. Plus les majorations du grossiste, de la douane qui ne sont pas les mêmes que la TVA en métropole. Aujourd'hui, ce coefficient n'équilibre pas du tout. On délivre toutes les insulines à perte et c'est l'hôpital qui prend en charge la différence.

Chouky Laamel, praticien pharmacien hospitalier et chef du service pharmacie du centre hospitalier François Dunan

Si l'on prend le coût de l'insuline, il passe de 33,64 € à 51,46 €.

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Comme le souligne Chouky Laamel,"c'est pour combler cet écart qu'un coefficient multiplicateur est fixé".

On refuse de faire payer la différence aux patients [...] Nous on n'est pas en mesure de demander à un diabétique ou à une personne qui souffre d'un cancer et qui a une chimio orale, en plus de sa maladie, de l'argent. Donc, il est hors de question. On préfère encore que la pharmacie ferme plutôt que de réclamer de l'argent aux patients.

Chouky Laamel, praticien pharmacien hospitalier et chef du service pharmacie du centre hospitalier François Dunan

Un arbitrage a été demandé au préfet de l'archipel en tant que directeur général d'administration de santé et "qu'il prenne les choses en main, et qu'il nous invite autour d'une table ronde et que l'on sorte de cette crise, soit effectivement beaucoup de patients vont se retrouver sans traitements", précise Chouky Laamel.

En revanche, du côté de l'officine privée, la situation semble se débloquer. 

Voyez ce reportage complet signé Élise Marné et Gaël Ho-a-Sim.

©saintpierreetmiquelon

Dans un communiqué publié ce mercredi 16 novembre, la préfecture et la caisse de prévoyance sociale ont tenu à apporter des informations complémentaires concernant la prise en charge des médicaments par l'assurance maladie.