Ramener les chevaux des buttereaux, un défi logistique à Saint-Pierre et Miquelon

À l’automne, c’est le moment de rapatrier vers Saint-Pierre les chevaux qui ont passé plusieurs mois en liberté dans les buttereaux, à Miquelon-Langlade. Certains propriétaires le font directement, d’autres ont recours à des prestataires. Vicky de Arburn, en a fait sa spécialité.
Les couleurs d’automne enveloppent le paysage. Vicky scrute depuis sa voiture les lieux où sont censés se trouver les équidés. "Ils doivent être un peu plus loin". La bétaillère est accrochée à la voiture, prête pour récupérer Tiboy, le cheval qui sera rapatrié dans quelques heures à Saint-Pierre.
La brise du début d'après-midi fait danser les herbes, la météo est clémente, l’horizon est bleu : "une bien belle journée pour aller dans les buttereaux". Après avoir balayé du regard la zone, elle repère enfin les chevaux du côté d’Ignashi.


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"C’est les vacances pour eux, mais aussi pour les propriétaires", explique Vicky De Arburn. C’est comme un grand patûrage, parce qu’un cheval, c’est tous les jours, toutes les semaines, tous les mois." Les mettre avec d’autres, cela permet à chacun d'intégrer "certains codes sociaux, qu'ils ne comprendraient pas forcément, s’ils étaient tout le temps gardés en captivité." En somme :"les vieux" apprennent "la vie aux plus jeunes".
 

"Il y en a qui aiment bien qu’on vienne les chercher, d’autres non, et puis ça veut dire que c’est la fin des vacances. Donc il faut négocier un peu. Ils sont tous différents, il y a les méfiants, les pots de colle, mais en général, avec un bout de carotte, ça met bien la discussion en route"

Vicky de Arburn

 

Vicky arrive au niveau du troupeau. Des chevaux s’avancent, d’autres s’écartent. Tiboy n’oppose pas de résistance. Autour de lui, les compères cherchent à manger, reniflent Vicky, "c’est pas moi l’attraction, c’est la carotte" sourit-elle.
 

Elle a fait de sa passion son métier


Cette passionnée vérifie si le cheval n’a pas de problème, ni de blessure. "Tout le monde est bien gras, le poil est soyeux, le poil d’automne est bien installé", constate-t-elle.

"Tous ceux qui viennent en général à Miquelon, je les connais". Consciente que ces animaux peuvent être stressés par le transport, Vicky se donne du temps et en donne beaucoup à celui qu’elle ramène, "le plus longtemps que j’ai eu à faire depuis que j'ai commencé cette activité, c’est 2 heures 45 pour monter dans la bétaillère". Durant toutes les étapes du rapatriement, Vicky parle, rassure la monture : "ça les met à l’aise et puis moi aussi. On se fait notre petit dialogue". Ce que les chevaux détestent le plus : être seuls. Et le transport peut s'avérer plus compliqué.
 

"À Miquelon, il y a plus de chevaux que de gens. J’ai grandi dedans, c’était un peu comme une évidence. Cela a été mes parents, puis ma grande-sœur, j’ai eu mon petit poney et c’est parti comme ça".

Vicky de Arburn


Passionnée, elle fait passer le bien-être du cheval avant tout. Pour les propriétaires, lors du transport, elle réalise des photos, mais aussi des petites vidéos, "pour les rassurer".

Cette jeune femme dynamique fait aussi du pâturage et envisage de relancer des activités balades sur l’isthme, "mais pour cela, il faut du temps".

Tiboy sera ramené dans la journée par la bétaillère de Vicky, puis dans la bétaillère de l’Aldona, avant de rejoindre son enclos le lendemain, à Saint-Pierre. Il avait quitté sa maison au mois de mai dernier. 

Retrouvez ci-dessous le reportage de Clémentine Baude, d'Adrien Develay et d'Aldric Lahiton