"Nous n'avions qu'un seul petit cadeau" : Souvenirs des Noëls d'antan à Saint-Pierre et Miquelon

Mauricette aime faire la fête. Que ce soit pour Pâques, la Semaine Bleue, Halloween ou d'autres rendez-vous festifs avec le centre communal d'action sociale de la mairie de Saint-Pierre ou encore le club de l'Amitié, elle est toujours partante. Quant aux fêtes de Noël, elles sont incontournables. Mauricette "met le paquet".

D'ailleurs dans la partie commune de la résidence Soeur Alain où elle habite depuis 2012, rien ne manque. Sapin, boules, guirlandes, illuminations, ornements divers et variés, sans oublier les différentes décorations avec pour vedette le Père Noël, tout y est. 

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Une façon de perpétuer la tradition car depuis sa plus tendre enfance Mauricette adore célébrer Noël. Âgée de 78 ans, elle possède peu de décorations du temps de sa jeunesse où elle restait au Cap à l'exception d'une petite cloche en forme de Père Noël. Un souvenir de sa maman ou encore de la figure emblématique des fêtes de fin d'année.

Mauricette se souvient aussi des plats que sa maman lui préparait et en particulier le gâteau de Noël avec les fameux fruits confits et les noix sans oublier la traditionnelle bûche maison que la famille dégustait le 25 décembre.

Elle cuisait également de la dinde pour le midi. "Pendant ce temps-là, on mettait de la musique de Noël, préparait la table et mettait les guirlandes aux fenêtres selon les moyens que l'on avait".

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"En 1970, je me suis mariée. Ma mère est venue habiter avec mon mari et moi. Puis on a continué à célébrer les Noëls comme on le faisait quand j'étais enfant. Puis ma famille s'est agrandie, j'ai eu trois enfants et les célébrations des 24 et 25 décembre ont pris une autre dimension".

Le 24 décembre, ma sœur Mildred, son mari et tous les enfants allaient à la messe de minuit. Pendant ce temps, je préparais le réveillon avec mon autre sœur Claudia. On cuisinait des steaks, des frites et des petits pois. Puis mon beau frère Francis faisait la bûche et l'amenait à la maison. Après la messe tout le monde arrivait et on réveillonnait jusqu'à une heure du matin . Puis le 25 décembre, on était de nouveau réunis pour déguster la dinde.

Mauricette, 78 ans

Si Mauricette est une adepte des fêtes de fin d'année, elle regrette l'ambiance d'avant. La septuagénaire confie que "les Noëls de ce 21 ième siècle ne sont plus du tout pareils. On chantait dans les familles. On était dans l'ambiance de Noël dès le début du mois de décembre. Et puis nos parents ne sont plus là et j'ai encore deux de mes enfants dans l'hexagone. Alors c'est différent." 

"On était également content avec une orange ou deux." 

Mauricette raconte qu'il y a 60-70 ans "on n'avait pas de cadeaux comme certains enfants ont aujourd'hui dans les familles qui le peuvent".

Ma mère était toute seule à nous élever. Nous étions six filles et un garçon et elle ne pouvait pas nous acheter des cadeaux. Elle n'avait pas les moyens. C'était mon oncle Jean et mon oncle Auguste qui, le lendemain de Noël, venaient avec un cadeau pour chacun d'entre-nous.

Mauricette, 78 ans

Elle se souvient aussi que sa maman avait acheté un landau et que "pendant une semaine une de mes sœurs avait le landau et la poupée et l'autre semaine c'était au tour d'une autre de mes sœurs. C'était comme cela chaque semaine, chacun son tour".

"Même si je regrette les Noëls d'avant, j'adore perpétuer la tradition"

Depuis 12 ans  Mauricette, qui est maman de trois enfants, grand-mère à deux reprises et trois fois arrière-grand-mère, vit à la résidence Soeur Alain. 

Depuis qu'elle y habite, le salon du rez-de-chaussée vit au rythme des festivités de Noël quand arrive décembre. C'est là que toutes les dames se réunissent pour discuter de leur quotidien. Elles aiment aussi parler de l'ancien temps, de leurs anecdotes d'autrefois et en particulier ce mois-ci, des fêtes à venir. 

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Les agents de la municipalité de Saint-Pierre leur mettent à disposition un sapin. Et c'est Mauricette qui décore le tout. "Je fais la crèche, je garnis le sapin depuis que je vis là. Je mets des décorations sur les murs et je pare aussi la table de sa plus belle nappe et ornements". 

Chez elle aussi, les décorations ne manquent pas car l'esprit de Noël reste très important. 

Noël, c'est de la joie pour moi. Je pense à tous les bons moments que j'ai passés avec mes parents, la famille et en particulier à ma mère car j'ai perdu mon père à l'âge de huit ans , alors Noël, c'est sacré"

Mauricette, 78 ans

Et pour partager l'esprit de Noël avec les autres résidentes, Mauricette aime se déguiser avec une autre habitante des lieux, Odile.

Les deux amies racontent qu'elles "vont frapper aux portes des autres résidents pour leur donner des bonbons". 

"Quand j'étais petite, les cadeaux étaient très peu nombreux au pied du sapin" 

Madame Lapaix habite également à la résidence Soeur Alain avec son époux. Elle est aujourd'hui âgée de 93 ans. Les fêtes de Noël, elle ne les compte plus. 

Elle se souvient qu'avec son frère, à Noël, ils n'avaient "qu'un petit cadeau. Ce n'était pas comme maintenant".

Elle se remémore un jour très particulier. Son père était parti à la pêche et avait oublié la clé de l'armoire, celle où étaient cachés les cadeaux de Noël. Madame Lapaix confie qu'elle en avait profité pour ouvrir la porte du meuble. Et là...

J'ai vu les poupées et je me suis dit comment ça se fait qu'il y ait des poupées. Puis tout à coup j'ai réalisé que c'était mon cadeau de Noël. Du coup je n' ai rien dit car au fond de moi je me disais, si je dis la vérité, je n'aurais rien. Et surtout, j'ai été tellement surprise du contenu de l'armoire.

Madame Lapaix, 93 ans

Madame Lapaix qui avoue avoir fait comme si de rien n'était et avoir été ravie de recevoir son cadeau du Père Noël, d’autant plus que c'était sa toute première poupée.

Quant aux repas, comme Mauricette, ils se faisaient en famille avec au menu de la dinde même si  personnellement, elle préfère le poulet, beaucoup moins sec et plus tendre. Depuis plusieurs années, c'est chez sa fille que le 25 décembre est célébré.

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Côté décorations, Madame Lapaix reste aussi très attachée à la tradition en ornant son appartement de la résidence.

Les noëls sont vraiment différents. Je préfère comme c'était à notre époque. Aujourd'hui, ce n'est pas pareil, c'est plus commercial même si les familles se réunissent encore beaucoup le jour de Noël. Et dans les rues je ne me rappelle pas avoir vu des décorations. Je ne pense pas qu'il y en avait.

Madame Lapaix, 93 ans

Une fête que Madame Lapaix a d'autant plus appréciée une fois mariée et maman de quatre enfants.

Des moments sacrés qui resteront très intimes car à l'époque les photographies étaient elles aussi très rares.

Et comme nous l'a confié Odile, une autre locataire de la résidence Soeur Alain, issue d'une famille de dix enfants : "aux Noëls d'avant on était moins riches mais on était très heureux".