Saint-Pierre et Miquelon cherche les moyens de retenir ses jeunes

Dans un contexte de déclin démographique, les élus, l'État, la Sécurité Sociale et l'Éducation nationale s'engagent dans un programme à cinq ans pour améliorer le quotidien des 9-30 ans.
 

Ce mercredi 23 septembre, la collectivité territoriale, les mairies de Saint-Pierre et de Miquelon, la Caisse de Prévoyance Sociale et le service de l'Éducation Nationale ont co-signé la convention permettant de lancer le "projet territorial enfance-jeunesse". Ce document de 53 pages représente la nouvelle feuille de route des acteurs du territoire visant à améliorer la prise en charge des jeunes entre 9 et 30 ans, qu'ils soient sur l'archipel ou sur leurs lieux d'études supérieures.
 

Diagnostic : quinze ans d'attentes


Comment mieux répondre aux attentes et aux besoins des jeunes de l'archipel ? Comment mettre en place les structures et dispositifs qui permettraient aux jeunes de se sentir bien, et les inciteraient à un projet de retour au pays une fois leurs études terminées ? 

La question est posée aux acteurs locaux depuis une quinzaine d'années, mise en lumière dès 2006 dans l'enquête sur l'état de la jeunesse, puis en 2007 par le diagnostic du territoire. Afin d'actualiser les données et de construire un plan d’actions pluriannuel, les signataires de la convention ont commandé un nouveau diagnostic enfance-jeunesse en 2019. 
 

Les jeunes impliqués


Pendant plusieurs semaines, les 1339 jeunes issus de l'archipel de 9 à 30 ans (selon le recensement 2016) ont été invités à répondre à un questionnaire en ligne sur leur quotidien et leurs attentes. La démarche a rencontré un franc succès puisque près d'un sur trois a participé.
 

Des améliorations nécessaires


Les répondants ont ainsi pu livrer leur perception de leur vie sur l'archipel, ses atouts et ses inconvénients, et exprimer les besoins identifiés pour l'avenir. Le recoupement des réponses a permis de faire émerger quelques grandes priorités, offrant un panorama des actions que les jeunes souhaiteraient collectivement voir mettre en place.
 

La priorité : un lieu d'accueil pour les jeunes


En tête des souhaits d'amélioration de leur vie quotidienne sur l'archipel, les jeunes expriment le besoin d'un lieu d'accueil leur permettant de se retrouver durant leur temps libre, et qui leur serait dédié. Certains font référence au "Point jeunes" dont ont pu bénéficier leurs aînés à Saint-Pierre, mais qui a disparu en 2012 après vingt ans de fonctionnement.

C'est également le souhait de Mathis et d'Anaïs, que nous avons rencontrés.

©SPM la 1ère


Des inquiétudes de futurs ou jeunes adultes


Au-delà des structures d'accueil et d'activités, les jeunes Saint-Pierrais et Miquelonnais interrogés expriment aussi collectivement leur souhait de pouvoir se loger convenablement, confrontés à la pénurie et au coût parfois exorbitant des locations proposées à Saint-Pierre. Et comme leurs aînés, ils s'inquiètent des répercussions de la cherté de la vie locale sur leur quotidien. 
 

Bâtir une feuille de route à cinq ans


Les collectivités et administrations signataires de la convention "enfance-jeunesse" se sont donc appuyées sur le diagnostic dépeint par les jeunes répondants, afin d'élaborer un programme d'actions à horizon 2025. L'initiative conjointe rompt avec les usages locaux, selon lesquels les mairies prenaient en charge les jeunes jusqu'à 12 ans, et les adolescents étaient du ressort de la collectivité territoriale. 
 

Quatre thématiques d'actions à mener


Au terme de la convention signée, tous les partenaires ont désigné des pilotes et copilotes afin de travailler conjointement aux actions à entreprendre, regroupées en quatre enjeux : 

- Augmenter et structurer l'offre de loisirs culture citoyenneté pour les 9/17 ans
- Optimiser les réponses auprès des plus fragiles
- Structurer l'accompagnement au départ des jeunes, et le suivi in situ
- Agir sur la levée des freins à l'installation des jeunes 18/30 ans

L'éclairage de Linda Saci.

©SPM la 1ère


Premières réalisations dans les mois à venir


Parmi toutes les actions envisagées par les partenaires, certaines ont été fléchées comme "hautement prioritaires", et sont destinées à être mises en oeuvre d'ici 2022. C'est le cas de la "création d'un espace jeunesse à Saint-Pierre", et de "l'augmentation de l'offre de loisirs culture citoyenneté". Il est également  envisagé le développement d'un "programme de prévention santé à destination des jeunes", la mise en place d'un "dispositif d'accompagnement des jeunes en retour précoce" [de leurs études], et pour les plus âgés, un "soutien à l'installation et à l'insertion". 

Le vice-président de la collectivité a précisé les étapes sur notre plateau. Il est interrogé par Claire Arrossamena.

©SPM la 1ère


Satisfaire les jeunes, une urgence démographique


Les décideurs locaux le savent, faire plus et mieux pour les jeunes, ce n'est pas seulement une question de bien-être. Les chiffres figurent en préambule du diagnostic, depuis vingt ans, l'archipel voit diminuer constamment sa population. Et si le nombre des plus de 75 ans n'a jamais été aussi élevé, celui des moins de 45 ans a fondu. 

Voir aussi > Le magazine À La Une consacré à la démographie de Saint-Pierre et Miquelon

Evolution population SPM
Pyramide des âges SPM


Pour les élus et décideurs en charge de construire l'avenir, bâtir une meilleure offre destinée aux 9/30 ans, c'est aussi le pari de séduire les jeunes diplômés afin qu'ils reviennent sur leurs îles. Et que les jeunes adultes soient en confiance pour relancer une natalité affaiblie.