A Saint-Pierre et Miquelon, le concombre de mer sous la loupe de l'Ifremer

Les holothuries, ou concombres de mer, sont des mets très demandés en Asie.

Un nouveau dispositif technologique, testé par Ifremer mercredi 11 mai à bord du Marcel Angie III, permet d'identifier les poissons ou autres espèces au fond de l’eau, et de les compter. Il sera utilisé pour optimiser la pêche au concombre de mer à Saint-Pierre et Miquelon.

Samedi 15 mai, le Marcel Angie III partira au large des côtes de l’archipel pour effectuer une mission sur le concombre de mer. Le navire affrèté par l'Ifremer embarquera un chalut à perche un peu particulier, un engin à la pointe de la technologie qui permet de calculer la biomasse à l’aide de vidéos et d’algorithmes.

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Auparavant, le navire est parti en mer avec l’appareil pour effectuer les derniers règlages. Une fois à l’eau, la caméra balaie les fonds marins. Les images stockées serviront à calibrer une intelligence artificielle qui sera en mesure de reconnaître les concombres de mer.

Adrien Develay a pris la mer pour assister aux essais :


La mission qui démarrera le 15 mai durera cinq ou six jours. "L’idée, c’est de faire une centaine de points d’échantillonnage si tout va bien et si la météo le permet”, précise Julien Simon, ingénieur en technologie de pêche pour Ifremer. Une centaine de vidéos d’une dizaine de minutes chacune permettra d’avoir une idée de l’état de la ressource en concombres de mer dans la zone étudiée.

Une petite révolution des méthodes de comptage

Traditionnellement on utilise des chaluts classiques d’échantillonnage”, explique l’ingénieur en technologie de pêche. Cette méthode était fastidieuse, car elle nécessitait de “pêcher les espèces qui sont sur le fond, de les remonter à bord, de les dénombrer et ensuite de les trier, peser, etc.” et présentait plusieurs inconvénients. Elle pouvait même s’avérer dangereuse pour les espèces pêchées. “Là, l’objectif c’est de tout faire par vidéo, poursuit Julien Simon. Et donc de faire un échantillonnage non-destructif.

L’avantage qu’on a avec les professionnels, c’est que là on part vraiment sur un principe de science participative. […] Même les pêcheurs sont demandeurs de gérer durablement ce genre de ressource.

Julien Simon


Arrivé il y a quelques jours de Lorient, le chalut à perche a été testé à bord du Marcel Angie III, le navire de Stéphane Poirier. “À part les journaux de pêche, on n’a pas de données sur la ressource”, regrette-t-il. De ce fait, le pêcheur attend beaucoup de ce nouveau dispositif.

Une manière pérenne de surveiller la ressource

Le dispositif est déjà utilisé ailleurs sur d’autres espèces marines. Mais c’est la première fois qu’il est employé pour la pêche au concombre de mer. “Cela va nous permettre d’avoir une connaissance de la biomasse en concombre sur le fond qui sera beaucoup plus précise, explique Herlé Goraguer, représentant de l’Ifremer à Saint-Pierre et Miquelon. Avec une meilleure connaissance de cette biomasse, on aura un avis scientifique plus pertinent.

Cette connaissance profitera aux pêcheurs, pour leur permettre de gérer au mieux le stock. Les scientifiques pourront aussi l’utiliser pour réaliser une évaluation annuelle et faire un état des lieux de la ressource en amont de la campagne de pêche, pour “donner un avis scientifique beaucoup plus précis sur les quotas à attribuer”, poursuit Herlé Goraguer.

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Cette technologie permettra aussi de préciser dans quelles zones se situe la ressource. “On va essayer de regarder un petit peu plus loin que les pêcheurs, jusqu’où vont les concombres, précise Julien Simon. Et donc essayer d’estimer cette biomasse sur toute la zone du "tuyau" [la Zone Economique Exclusive de Saint-Pierre et Miquelon, NDLR].” Une réunion était programmée ce vendredi 14 mai à la Cacima à Saint-Pierre pour expliquer l’utilité de la vidéo dans la ressource halieutique.