Et si c'était aux pêcheurs locaux de décider ? Et s'ils s'attribuaient eux-mêmes les quotas du territoire sans qu'ils soient imposés par les services de l'État ?
C'est en substance ce que le Préfet leur a "offert" vendredi 21 mars en annonçant la future création d'un comité local des pêches.
"Un cadeau empoisonné" ?
Sauf qu'une semaine plus tard, ce vendredi 28 mars, lorsque les 15 armements du territoire se retrouvent enfin pour décider de la suite, impossible de s'entendre.
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"Ils nous ont lâchés dans l'arène", nous dit à l'issue de la réunion un pêcheur qui a souhaité garder l'anonymat quand un autre évoque "encore une après-midi de travail perdue".
On savait tous que ça allait se terminer en règlement de compte.
Pêcheur anonyme
Si leur principale mission était de dessiner les contours de ce futur comité local des pêches, les différents armements devaient aussi en parallèle s'entendre sur les premiers quotas à se partager.
Seul problème, tant que le comité n'existe pas encore officiellement, il leur faut s'entendre à l'unanimité.
Pas d'unanimité, pas de quota
Si sur le flétan, la morue ou encore le concombre de mer, aucun consensus n'a été trouvé entre les pêcheurs dans un partage, c'est vrai complexe, un événement aura peut-être la veille rendu tout accord plus compliqué : la "dernière répartition imposée" des quotas de l'OPANO au bénéfice de l'armement A Mare Labor.
Si ce fut "une déception" pour ASPM Océan qui espérait récolter des quotas de flétan noir pour partir en mer pêcher, ce fut "une satisfaction" de l'autre côté, puisque la vente des quotas concernés nous disait-on "devrait permettre de poursuivre plus sereinement le projet de réouverture de l'usine de Miquelon".
Et s'il restait de l'espoir ?
Malgré l'attitude fataliste de la plupart des pêcheurs rencontrés à l'issue de cette réunion, les services de l'État de leur côté souhaitent mettre en avant "l'entente" obtenue sur la question du crabe des neiges.
La répartition devrait ainsi être identique à celle de l'année dernière avec des pêcheurs autorisés à partir en mer dès ce mardi 1er avril avec une demi-licence, dans l'attente du TAC (total autorisé de capture) qui sera communiqué plus tard dans la saison par l'IFREMER.
S'ils souhaitaient "davantage" de ces premiers échanges, les services de l'État espèrent toutefois encore "un accord dans les prochains jours".
Le flétan de plus en plus ciblé
Cet accord pourrait concerner le flétan blanc dont la saison commencera également ce 1er avril. On évoque une possible solution à 70/30 comme ce fut le cas dans le temps entre la pêche industrielle et la pêche côtière.
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Cette fois-ci, pas moins de trois armements se partageraient la plus grosse part du gâteau, à savoir ASPM Océan, Aquapêche et A Mare Labor.
La possibilité laissée désormais par les Canadiens aux navires de l'archipel de décharger dans leurs ports a également changé la donne en permettant aussi désormais aux "petits pêcheurs" d'entrevoir des opportunités .
En attendant Ottawa
Pour tout le secteur le moment reste crucial alors que s'ouvrira lundi dans la région la réunion du comité consultatif des pêches franco-canadien en présence du président du Conseil territorial et de plusieurs armements.
Au-delà des quotas de sébaste, d'encornet, de plie grise et de pétoncle d'Islande pour la zone du 3PS, il sera sans doute question de l'épineux dossier du flétan, sans oublier la morue avec un TAC qui pourrait dépasser les 240 tonnes.
Reste à savoir ensuite comment celui-ci serait partagé par les pêcheurs de Saint-Pierre et Miquelon.