SOMAC/SOMAB : le PDG propose "sa" caisse de chômage, les salariés partagés

L'entreprise SOMAC/SOMAB à Titioro, Papeete.
Dans une note au personnel datée du 18 avril, le PDG de la SOMAC/SOMAB, Quito Braun-Ortega, présente "sa" caisse chômage aux 88 salariés de l'entreprise qui annonce fermer d'ici 4 mois : 11 mois au SMIG pour tout le monde, quels que soient le poste et l'ancienneté. Les salariés sont partagés et s'interrogent sur la valeur juridique de cette mesure.

Elle est présentée comme une solution miracle, ou en tout cas, une porte de sortie en douceur : dans une note adressée au personnel le 18 avril et que nous avons pu consulter, le PDG de la SOMAC/SOMAB, Quito Braun-Ortega, annonce créer une "caisse chômage" pour les 88 salariés menacés de perdre leur emploi. Un système surprenant, d'initiative privée, sans aucune aide du Pays, et pour cause : le dispositif n'existe pas en Polynésie.

Dans le détail, Quito Braun-Ortega annonce qu'une "indemnité chômage" sera versée sur la base du SMIG, soit 169 153 francs pacifique à chacun des salariés, sur une période de 11 à 14 mois et ce, quels que soient le poste et l'ancienneté. A charge pour l'employé de fournir les justificatifs d'une recherche d'emploi active (justificatifs SEFI par exemple).

"C'est un choix de notre président, explique Alain Pong Loi, directeur d'exploitation de la SOMAC. C'est une indemnité pour accompagner les employés dans ce moment difficile de perte d'emploi. [...] J'ai dit aux employés de vendre au maximum parce que c'est pour plus tard, pour nous et nos familles."

Car selon les calculs de Quito Braun-Ortega, cela coûtera un peu plus de 178 millions de francs pacifique, "prélevés sur les ventes effectives". Sauf que d'ici 4 mois, les ventes seront, de fait, stoppées, si l'activité s'arrête.

Casse-tête et interrogations

Les salariés sont partagés et s'interrogent : "Le code du travail nous permet d'avoir des indemnités. Là, c'est une caisse de chômage, ce n'est pas une indemnité. On a l'impression que c'est un licenciement déguisé," déclare, sceptique, Ruben Aunoa, délégué du personnel SOMAB.

Jessie, employée au service des achats, elle, se dit satisfaite : "Je touche déjà le SMIG. C'est une bonne chose pour nous, ça nous donne l'opportunité de chercher autre chose. On a été pris de court, donc c'est déjà bien."

Mais la plupart des salariés sont plus que dubitatifs. "Pour moi, la caisse de chômage n'existe pas. Je suis très méfiante, résume une jeune vendeuse. Je connais un peu mes droits. C'est choquant pour nous. Imaginez ceux qui ont 25 ans d'ancienneté : 169 000 francs pacifique ! Faut arrêter, c'est inadmissible !"

"On est surpris et k.o, déclare un magasinier avec 8 ans d'ancienneté. On apprend il y a 15 jours qu'on devait déménager depuis 2020. On apprend qu'on a une fermeture prévue fin juillet. Et maintenant une note de service pour une sorte d'allocation chômage, dont on ne sait si c'est brut ou net. On ne sait pas si c'est juridiquement possible, ni si c'est un licenciement, que faire de nos congés...Rien n'est réglé et nous n'avons aucune nouvelle de notre PDG."

La SOMAC/SOMAB doit libérer les lieux sous 4 mois. La direction dit chercher par ailleurs un autre endroit pour éventuellement déménager. En attendant, ses activités sont maintenues et les commandes honorées.

Les services de l'inspection du travail se penchent actuellement sur la situation.

Contactés, ils rappellent que rien ne peut se substituer à des indemnités de licenciement prévues par le Code du travail. Cette "caisse de chômage" supralégale devra donc absolument être versée en plus des indemnités prévues par la loi.