Squat Chili : La problématique des quartiers informels à Kourou

Le phénomène des squats se multiplie sur le territoire. Kourou n’y échappe pas. Focus sur un quartier informel où sont installées environ 800 personnes. La municipalité souhaite l’éradiquer mais l’opération est au point mort faute de solution en cas de démantèlement.

 

Quartier de la savane à Kourou. Depuis 6 ans, les cases se multiplient adossées aux propriétés de cette partie de la ville. Elles sont environ 150 en bordure des marécages et à l’abri des regards grâce aux tôles mais surtout des bananiers. Mais voilà la cohabitation est difficile entre riverains.

Nous qui payons les taxes foncières et les impôts, il y a de gens à coté qui logent gratuitement et prennent l'eau et l'électricité sauvagement.

un anonyme

Depuis 5 ans, le squat a pris une dimension insoupçonnée vu de l’extérieur. La crise du Covid a permis l’installation de bornes d’eau. L’électricité comme souvent est soit vendue par les voisins ou volée sur le réseau public. François Ringuet, le Maire de Kourou en compagnie du président de la voie kouroucienne, arpentent la petite allée centrale et découvrent l’installation d’une ligne électrique.

En Août 2020, une femme serait décédée électrocutée. Odolphe arrivé il y a quelques mois dans ce quartier baptisé Chili en hommage au pays ayant accueilli de nombreux haïtiens, nous permet de filmer la cabane qu’il partage avec une autre famille. Ici pas de salle d’eau, mais les toilettes se déversent dans une fosse septique. On fait tout pour survivre.

C'est un petit boulot que je fais, je cultive un abattis afin d'aider ma famille, pour pouvoir acheter du lait pour les enfants.

Odolphe, réfugié du quartier informel Chili Kourou

Je n'ai même pas encore fait la cuisine pour mes enfants, si vous voulez, venez voir dans quelle situation je vis avec mes 4 enfants.

Olliet, réfugiée du quartier informel Chili Kourou

Des plaintes comme celle-ci, François Ringuet en a entendu de nombreuses pendant sa visite. Depuis bientôt 3 ans, il attend que l’état détruise le squat.

J'ai l'impression que l'Etat fait comme si il n'entend rien, on ne comprend pas. On s'occupe de quelques cubains qui sont arrivés, on les met à Sinnamary, mais le vrai problème de l'immigration clandestine, et surtout la souffrance humaine on ne s'en occupe pas.

François RINGUET, Maire de Kourou

La colère du Maire de Kourou est contenue dans ce courrier où le Préfet semble lui laisser prendre la responsabilité du démantèlement.

On nous rejette le problème. On dit : " les maires débrouillez vous, organisez vous ". Mais je crois que chacun doit régler son problème, maintenant c'est l'Etat qui doit régler cette situation.

François RINGUET, Maire de Kourou

On est donc loin d’une évacuation car pour l’heure personne ne sait ce qu’il adviendrait de ces squatteurs. Face à la menace d’une évacuation, les habitants regroupés en association tentent de repousser les nouveaux arrivants.

Mais cela semble peine perdue le long du canal de nouvelles cases sont en construction. Tenaillé entre accompagnement sanitaire et alimentaire des squatters en cette période de pandémie, et le respect des lois François Ringuet et l’état vont devoir agir très rapidement.

©Jean Gilles Assard