TÉMOIGNAGES. Comment les éleveurs s'adaptent-ils à la suspension des aides à la production versées par l'Agence rurale ?

Daniel Guépy, éleveur de brebis, va devoir réadapter sa production avec la suspension des aides à la production versées par l'Agence rurale.
À partir du 1er janvier 2025, les éleveurs ne perçoivent plus les aides à la production de l'Agence rurale. Déjà fragilisés par la crise, les éleveurs vont devoir se réadapter avec un manque à gagner de 150 000 à 200 000 francs CFP au mois de février.

Aide au transport, à l'achat d'aliments ou encore au kilo de viande, autant de coups de pouce financiers qui ne sont plus versés depuis le 1er janvier 2025 par l'Agence rurale.

"Pour éviter au consommateur de payer un prix fort"

Daniel Guépy et son cheptel de 400 brebis à Pocquereux ne toucheront plus le complément de prix versé depuis trois ans. "L’agneau extra, c'est 1700 francs CFP, l’achat au producteur. Aujourd'hui, on revend au boucher, à 1500 et des poussières. L'Agence rurale complémente de 250 francs le prix de l'agneau. C'est surtout pour éviter aussi au consommateur de payer un prix fort. On subit déjà les aléas climatiques maintenant on va subir les aléas économiques", déplore-t-il.

"Réduire le troupeau ou la production"

L'éleveur de brebis à Pocquereux va devoir s'adapter à la suspension de cette aide financière, non sans difficultés. "Le complément de prix va jouer un peu sur le coût de la production. Il va falloir soit réduire le troupeau ou la production pour diminuer les charges"

Un manque de 150 000 à 200 000 francs CFP

Cela représente pour les éleveurs un manque à gagner de 150 000 à 200 000 francs CFP au mois de février. Guy Monvoisin, président du syndicat des éleveurs, ne voit pas ces suspensions d'un très bon œil. D'autant plus qu'elles pourraient avoir de lourdes conséquences pour certains professionnels. "On ne le prend pas très bien depuis la Covid et les émeutes. Nous n'avons eu aucune aide de la Nouvelle-Calédonie ou de l'État. Aujourd'hui, nous nous retrouvons en tant que variable d'ajustement pour nous, c'est inadmissible. Si vous prenez les élevages de porcs, c'est carrément un arrêt de plusieurs élevages qui sont moins résilients que les élevages bovins. Certaines filières vont être très impactées et risquent de disparaître", alerte-t-il.

Les producteurs de viande, tout comme les pêcheurs et la filière céréales sont concernés par ces aides. Il n'est pas question pour l'heure d'augmenter les prix de la viande pour les consommateurs. À condition, selon Guy Monvoisin, que cette suspension ne dure pas trop longtemps.