Thierry Artur, artiste touche-à-tout incontournable de la scène musicale de Saint-Pierre et Miquelon

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Saint-Pierre-et-Miquelon, ses cabestans, ses salines, ses sentiers de randonnées, ses pêcheurs, autant de choses pour inspirer les chanteurs et musiciens. Qu’ils soient plutôt rock, jazz, reggae ou blues, ils animent les scènes estivales, les festivals ou les soirées hivernales au coin du feu. Rencontre aujourd’hui avec l’un d’entre eux : Thierry Artur.

Thierry Artur est un musicien respecté pour son talent et son éclectisme dans l’archipel. Du saxophone au synthétiseur en passant par la guitare, l’harmonica ou encore l’accordéon, le Saint-Pierrais est un véritable touche-à-tout, même s’il avoue “ne pas être un expert” de chaque instrument.

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La musique, c’est toute sa vie. Tout commence dans les années 70 au centre culturel et sportif de Saint-Pierre. Alors enfant, il assiste à un concert du duo de bluesmen bien connus à l’époque : Sonny Terry & Brownie McGhee. Il tombe sous le charme d’un instrument en particulier, l’harmonica.

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Rapidement, il va s’en voir offrir un et va apprendre à en jouer seul. Puis les cours de guitare et d’accordéon. L’accordéon, c’est un peu sa madeleine de Proust à lui : "Chaque Noël, à la maison, on écoutait le vinyle d’Hubert Girardin", artiste saint-pierrais expatrié au Canada.

Transmettre, comme une évidence

Le lycée, Thierry le passe en internat du côté de la métropole. À son retour, le bac en poche, il exerce différents métiers. Dans le BTP mais aussi commercial pour une entreprise locale. Des boulots dont il garde un souvenir précis et cocasse :

Je vendais des flûtes à bec Mickey, des synthétiseurs et même des épilateurs.

Thierry Artur

Piètre vendeur, il tirera des leçons de ses différentes expériences professionnelles : "Ça m’a ouvert aux autres, j’étais moins renfermé."

En parallèle, découvrant de nouveaux instruments et ressentant le besoin de transmettre sa passion, il repart finalement vers la métropole pour se former à la musique et obtient son DUMI (diplôme universitaire de musicien intervenant) dans les années 1990 avec pour projet de travailler dans son archipel natal.

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De l’éveil musical à l’enseignement du solfège, de la batterie au trombone en passant par la trompette, le saxophone et le piano : Thierry Artur a pu initier des centaines d'élèves à la musique.

Des réalisations et des projets

Sur la scène locale, Thierry est très actif depuis plusieurs décennies et se retrouve aux côtés d’autres passionnés : Henri Lafitte, Buffet Froid, Isidore et les Grattes-Moutes. Il participe entre autres à l’enregistrement d’albums d’artistes comme Jean-Louis Viñolo (avec Thierry Le Bouard et Philippe Apestéguy) ou le groupe Dode.

Plus récemment, les Transboréales et le festival Jambon-Beurre (2022) ont vu l’artiste local interpréter des titres de son propre répertoire dont Grand-père. Du jazz manouche au blues, Thierry Artur a, depuis le début de sa carrière d’artiste, exploré plus d’un style et partagé avec le public des instants intimistes comme des soirées plus festives.

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Dernièrement, on voyait le musicien multi-instrumentiste sur la scène du Dunefest en compagnie de nombreux artistes locaux aux côtés de Pierpoljak, un moment qu’il a vécu comme “la possibilité de collaborer avec les copains de l’archipel et s’amuser.” Sa rencontre la plus surprenante dans le milieu artistique reste celle du rappeur français Abd al Malik grâce à une amie.

C’était dans les années 90, au Neuhoff, quartier chaud de Strasbourg. Il n’était pas encore connu à l’époque et on a discuté ensemble des heures de notre passion commune. C’est fou, on ne s’est même pas échangé nos contacts à la fin. Il n’y avait pas les réseaux sociaux à l’époque.

Thierry Artur

Toujours en recherche de création, Thierry Artur poursuit son apprentissage humblement tout en montant de nouveaux projets. Prochain rendez-vous marquant ? Les Transboréales en 2024.