Un objet sacré de la Dominique au Musée du Quai Branly à Paris, suscite la controverse dans la Caraïbe

Le zemi de la Dominique au Musée du Quai Branly à Paris.
Entre juin et octobre 2024, le Musée du Quai Branly à Paris va exposer une collection d’objets appartenant aux peuples Kalinago et Taïno, les premiers habitants de la Caraïbe. L'objet qui se trouve sur l’affiche de l’exposition est d'une grande importance pour la Dominique. Des historiens demandent sa restitution.

L’objet sur la couverture du catalogue qui annonce l’exposition des objets des Taïnos et des Kalingoes au Musée Quai Branly s’appelle un zemi. Il s'agit du zemi à 3 points de la Dominique. C'est une sculpture religieuse qui représente les forces naturelles de l’île. 

Sculpté à base de pierre volcanique, en forme d’un volcan, il est soutenu par les figures des esprits à sa base.

Les volcans, les tremblements de terre et les sources sulfuriques avaient une signification religieuse pour le peuple indigène.

Lennox Honychurch, historien de la Dominique, a écrit plusieurs livres sur son pays y compris L'histoire de la Dominique. Il connaît bien l’histoire de ce zemi.  

En 1878, le zemi à 3 points a été retrouvé dans une caverne près du village de la Soufrière, situé dans le sud Caraïbe de la Dominique.

Le village de la Soufrière à la Dominique. L'église Catholique est à gauche de l'image.

Les ouvriers qui construisaient une nouvelle église catholique dans le village l’ont trouvé. Ils ignoraient son importance. Ils l’ont porté au prêtre de la paroisse qui l’a expédié en France. Depuis, le zemi est protégé par la loi. L’objet ne peut pas quitter le sol français.

La Dominique n’a aucune chance de le récupérer. La France a proposé de réaliser une copie moulée et de l’offrir à la Dominique.

Une demande a été faite afin que le zemi soit exposé à la Martinique qui est proche de la Dominique. 

 

Les Amérindiens vivent encore dans la Caraïbe

Les premiers habitants de la Caraïbe sont arrivés 1000 ans av. J.-C.  

À la Dominique, c’était d’abord les Arawaks avec leurs zemis dont le plus important s’appelait Yocahu. Il donnait le manioc, l’aliment principal de ce peuple.

Quand les Kalinagos sont arrivés sur l’île, ils ont assassiné les hommes Arawak et ils se sont mariés avec leurs femmes.

Les Kalinagos ont appelé la Dominique, Waitukubuli (grand est son corps).

Sur la couverture du catalogue, un texte explique : "indissociables, les Taïnos et les Kalinagos sont deux sociétés autochtones qui peuplaient les Caraïbes avant l’arrivée de Christophe Colomb en 1492. Malgré leur quasi-disparition au 16e siècle, décimé en une décennie par les maladies et le travail forcé, beaucoup de Caribéens se considèrent aujourd’hui comme leurs descendants."

L’auteur de ce texte ignore que les descendants des Kalinagos vivent encore sur la côte Atlantique de la Dominique.

Pour visiter l’exposition à Paris, un Caribéen doit payer un billet d’avion pour se rendre en France. Ensuite il doit acheter un ticket d'entrée de 14 euros au Musée du Quai Branly pour voir les objets sacrés de ses ancêtres dont la plupart ont été volés par les colons.

Ce musée abrite 370 000 œuvres originaires d’Afrique, du Proche-Orient, d’Asie, d’Océanie et des Amériques.