Fuyant le conflit israélo-palestinien et syrien, des familles ont trouvé un point d'ancrage à la place des Amandiers à Cayenne. Il n'est plus inhabituel désormais de croiser hommes, femmes et enfants rassemblés en ce lieu historique de la capitale. Ils espèrent prendre un nouveau départ.
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La situation dramatiquement chaotique du Proche-Orient a forcé des centaines de milliers de familles à migrer vers l'Europe. C'est le cas de Muhammad et Adnan, deux réfugiés fuyant la guerre de Syrie. Deux hommes qui savent que la Guyane est en Amérique du sud mais c'est son statut européen qui les intéresse. Désormais habitués des lieux, ils font "partie du décor". En effet, depuis maintenant de longs mois, ils restent pour la plupart dormir sur le kiosque de la place, faute de solutions et d'argent. Difficulté à manger, manque d'hygiène, désintérêt manifeste de la population, une situation intenable pour des hommes démunis qui attendent désespérément un geste de la préfecture et des associations caritatives.
Aujourd'hui, les revendications de ces personnes qui se disent "laissés pour compte" sont simples : elles souhaitent pour la plupart trouver un emploi rapidement afin de financer la venue et l'installation de leurs familles en Guyane. Pour arriver à s'implanter, il y a au moins un préalable. Les réfugiés devront apprendre à parler français ou créole pour entrer en communication avec les Guyanais. L'incapacité à communiquer d'aujourd'hui, est sans doute le principal frein à la construction de liens avec le pays.
De la Syrie à la Guyane
Adnan, père de famille de 48 ans, est arrivé en Guyane avec son fils ainé de 19 ans. De nationalité palestinienne, il migre vers la Syrie dans un premier temps pour fuir le conflit israélo-palestinien. Après l'explosion de violence entre les rebelles et les loyalistes de Bachar al-Assad, il fuit le territoire Syrien pour le Liban où il laisse sa femme et trois de ses enfants. Par la suite, il part vers le Brésil à la recherche d'un endroit propice à la réception de sa famille, loin de la violence des conflits du Proche-Orient. Estimant être victime de racisme, Adnan franchit la frontière, toujours accompagné de son fils ainé et termine son périple à Cayenne, place des Amandiers.Une situation difficile
Ces hommes ont migré vers un territoire Français en espérant recevoir un accueil tout autre que celui dont ils "bénéficient" actuellement. Muhammad, âgé de 32 ans et originaire de Syrie, vit très mal sa situation. Lui, a dû laisser sa femme et ses enfants en Suède. En plus de ses problèmes d'argent, il éprouve les pires difficultés à se nourrir à cause de graves problèmes dentaires contractés lors de son voyage. Lui et neuf autres migrants souffrent actuellement d'une situation sanitaire exécrable : ils sont contraints d'effectuer leur toilette sur la plage.Quelques exceptions
Quelques personnes ont pu être sauvés de l'errance à la place des Amandiers. Zahi, 48 ans et père de 6 enfants, a migré vers la Guyane avec l'ensemble de sa famille. Après quatre mois sur le territoire, il a obtenu gain de cause auprès de la Croix Rouge qui lui a offert un toit depuis près de deux semaines maintenant. Jusque là, il avait utilisé l'ensemble des économies familiales pour installer tout son monde à l'hôtel. Tous les réfugiés ne disposent pas des mêmes facilités financières.Aujourd'hui, les revendications de ces personnes qui se disent "laissés pour compte" sont simples : elles souhaitent pour la plupart trouver un emploi rapidement afin de financer la venue et l'installation de leurs familles en Guyane. Pour arriver à s'implanter, il y a au moins un préalable. Les réfugiés devront apprendre à parler français ou créole pour entrer en communication avec les Guyanais. L'incapacité à communiquer d'aujourd'hui, est sans doute le principal frein à la construction de liens avec le pays.