16 kg en 2022, 30 kg en 2023, et probablement pas loin des 50 kg en 2024. Ces quantités saisies d'année en année de manière exponentielle par les douanes témoignent d'une consommation croissante de la cocaïne à La Réunion, comme dans le reste du monde.
"Laisse pas li trap à ou"
Aussi, avant cette période de fêtes, l'Agence régionale de santé, la préfecture, la fédération régionale d'addictologie et les associations Les Maillons de l'Espoir et Prev' se sont associées pour lancer une campagne de communication inédite au niveau local, afin de prévenir les usagers des dangers liés à un produit au pouvoir addictif certain. Son slogan : "La cocaïne, laisse pas li trap à ou."
Témoignages
Des affiches et des spots diffusés à la télé, au cinéma, sur les réseaux sociaux et dans les lieux festifs, directement inspirés par des témoignages authentiques récoltés notamment au service d'addictologie du CHU de Réunion, qui rappellent que cette consommation concerne toutes les couches de la population réunionnaise.
"Si son aspect peut sembler séduisant en raison des effets euphoriques qu'elle procure, l'usage de la cocaïne s'accompagne de réels dangers" rappelle Gérard Cotellon, directeur de l'ASR. Avec des risques pour la santé, comme des AVC, des infarctus, des troubles du comportement ou la transmission d'infections par le partage de "paille à sniffer", mais aussi des risques plus "sociaux" comme l'endettement, l'isolement ou la violence.
Le crack fait son apparition
Une campagne également guidée par une autre préoccupation : l'observation croissante à La Réunion depuis deux ans de consommation de cocaïne "basée", c’est-à-dire du crack.
"Ce qu'on observe c'est que la cocaïne est un produit qui coûte cher à la Réunion" explique le Dr Mété, chef du service addictologie au CHU de La Réunion. "150 euros le gramme contre 50 à 60 euros dans les grandes cités urbaines dans l'hexagone. Et comme ce produit coûte cher, dans les quartiers populaires il est consommé de manière fumée, "basé" ce qu'on appelle, et ça s'appelle du crack", souligne le médecin.
Un produit "très addictif" et présentant "des conséquences très importantes en termes de troubles psycho-comportementaux, d'accès de paranoïa, de violence" souligne le médecin, estimant qu'"un certain nombre de faits divers à La Réunion qui se sont vraisemblablement passés sur fond de consommation et de trafic de ces substances." Et d’évoquer des cas ayant conduit à l'hospitalisation de personnes "particulièrement difficiles à prendre en charge."
Regardez le reportage de Réunion la 1ère :