Une nouvelle pièce de théâtre sur la vie du militant et journaliste martiniquais André Aliker

André Aliker dont le corps sans vie a été retrouvé sur la plage de Fond-Bourlet à Case-Pilote
La compagnie Car’Avan interprète "Aliker Sucre amer", une nouvelle pièce de théâtre inspirée de la vie du journaliste martiniquais, André Aliker, dont le corps sans vie avait été retrouvé le 12 janvier 1934 à Case-Pilote, les mains ligotées dans le dos. Ce spectacle est joué ce jeudi 11 janvier 2024 à 19h au FR de Californie au Lamentin, en Martinique.

La nouvelle pièce de théâtre, "Aliker Sucre amer", interprétée par la compagnie Lamentinoise Car’Avan, sera présentée au public pour la première fois, le 11 janvier 2024 au FR de Californie au Lamentin, en Martinique, soit un jour après la découverte du corps du journaliste il y a 90 ans.

Aliker Sucre amer

Cette fiction inspirée par la vie d’André Aliker, est mise en scène par Thierry Sirou. Les deux acteurs, Laurence Couzinet-Letchimy et Jean l’Océan, interprètent les 17 personnages de la pièce. 

Au fil des répétitions, les acteurs sont confrontés à la densité du personnage, aux convictions politiques et journalistiques de l'homme.

À travers des textes complexes, "Aliker Sucre amer" revient sur une page d’histoire tragique de la Martinique. 90 ans après la mort d’André Aliker, ses assassins n'ont jamais été condamnés. La pièce est illustrée par des chants et de la musique.

Programme de la pièce, Aliker Sucre amer

Retour sur les faits

André Aliker est né au Lamentin le 10 février 1894. Il poursuit ses études à l’école du bourg. Volontaire pendant la Première Guerre mondiale, André Aliker était un "modèle parfait de dévouement et de courage. Toujours volontaire pour les missions les plus périlleuses au cours desquelles il entraîne ses hommes par son allant, son mépris du danger." Citation du livre, Histoire de la Martinique d'Armand Nicolas.

Après la guerre, il devient commerçant à Fort-de-France. Il est également militant et membre du groupe communiste Jean Jaurès.

Pour mieux dénoncer les conditions des ouvriers agricoles, il devient rédacteur en chef, correcteur et diffuseur du journal, Justice, dont la première édition est publiée le 8 mai 1920.

En 1933, il publie un article sur le puissant béké, Eugène Aubéry, qui est au cœur d’un scandale financier mêlant fraude fiscale et corruption de magistrat. André Aliker est aussi l'auteur d'un autre papier sur les tentatives de corruption de la part de la même famille qui aurait souhaité que le journaliste enterre l'histoire. Mais il a refusé.

Le 3 novembre 1933, devant son épouse et ses deux enfants, il est passé à tabac sur la place de la Savane, à Fort-de-France.

Le 1er janvier 1934, Aliker est enlevé, ligoté et bâillonné, puis jeté à la mer. Il survit à cette tentative d’assassinat. C'est par écrit, qu'il informe son frère, Pierre, que le béké Eugène Aubéry veut sa mort et qu’il y a un prix sur sa tête.

Douze jours plus tard, il est encore jeté à la mer. Ses mains sont ligotées dans le dos et son corps est attaché à une plaque de tôle. André Aliker est cette fois retrouvé mort sur la plage de Fond-Bourlet à Case-Pilote. Il avait 39 ans.

Deux Sainte-Luciens, accusés d’avoir ligoté le Martiniquais, seront acquittés, tandis que la population continue de croire qu’Eugène Aubéry aurait commandité l'assassinat.