Une pétition rassemble déjà plus de 1 000 signatures pour "faire pression" avant le procès en appel dans l’affaire de la chlordécone

Banderoles de sensibilisation contre la chlordécone déployées par des militants, lors d'une mobilisation (image d'illustration).
À l’aube du procès en appel dans l’affaire de la chlordécone, les membres du collectif Lyannaj Pou Dépolyé Matinik tentent de mobiliser le plus grand nombre. Une pétition pour réclamer justice et réparation pour l'empoisonnement au pesticide a été lancée le 30 avril 2024. Pour l’instant, elle recueille un peu plus de 1 080 signatures.

À la veille du procès en appel dans l’affaire de la chlordécone, qui se tiendra le 10 juin 2024, les membres du Lyannaj Pou Dépolyé Matinik se mobilisent et appellent la population à faire entendre sa voix. En ce sens, une pétition a été lancée le 30 avril.  

Cette pétition avait pour objectif de soutenir le processus législatif dans lequel la proposition de loi Califer (du nom du député guadeloupéen Elie Califer, NDLR) est entrée puisqu’il s’agit de soutenir un pas. Ce pas vers la reconnaissance de la responsabilité de l’État et sur le principe de la réparation. Donc, nous avons voulu soutenir ce pas en appelant la population à signer cette pétition qui reprenait un certain nombre de revendications. Des revendications incontournables. C'était aussi pour nous une façon de faire savoir que nous irons plus loin que cette proposition. 

Marie-Joseph Sellaye-Hardy-Dessources, du Lyannaj Pou Dépolyé Matinik

interrogée par Grégory Gabourg

La loi Califer, votée à l'Assemblée Nationale le 29 février 2024, vise à inscrire dans la loi la responsabilité de la France dans le scandale du pesticide qui a empoisonné les populations de Martinique et de Guadeloupe. Le texte prévoit également de dédommager l'ensemble des victimes.

Pour la membre du collectif, cette action est un moyen "de faire pression sur la procédure".

La 2e étape de cette procédure est le passage devant le Sénat. Donc, rien n’est gagné. Il s’agit pour nous de maintenir le principe de la mobilisation et il est important que la population nous accompagne de la même façon. Cette pétition accompagne une démarche de constitution de partie civile que nous avons eu à entamer. Nous sommes aujourd’hui à plus de 700 dossiers que nos avocats-militants ont eu à instruire.

Des "revendications exprimées par le mouvement social"

La pétition contient 8 points

  1. le vote d'une loi-programme (pluriannuelle) intégrant l'ensemble des volets de la question.
  2. Le décuplement des sommes consacrées aux réparations
  3. L'indemnisation correcte de toutes les victimes sanitaires, sociales, professionnelles, économiques de la contamination et la prise en charge convenable de tous les malades affectés par la chlordécone
  4. Le développement de la recherche sur tous les problèmes liés à la chlordécone et à l'effet cocktail, sur les moyens de la remédiation tant au niveau des terres et des eaux qu'au niveau des personnes
  5. La réalisation d'une traçabilité satisfaisante par le contrôle à la parcelle et par les contrôles des produits locaux et importés.
  6. Le soutien réel à l'agriculture paysanne, à l'aquaculture, à l'élevage, aux alternatives aux cultures spéculatives, la redéfinition des critères de subventions européennes en faveur de l'agriculture nourricière, une politique favorisant l'accès aux terres pour les agriculteurs et agricultrices, une aide à la réadaptation des activités de la pêche pour pallier les interdictions côtières.
  7. L'application du "principe pollueur payeur". Les responsables, publics et privés, doivent payer !
  8. La mise en place d'une Autorité indépendante pour gérer le programme des réparations en concertation avec les élus des territoires et le mouvement social

La pétition recueille pour l'instant, un peu plus de 1 080 signatures.