Vendre des biens de l'Eglise pour indemniser les victimes de pédocriminalité ? Cette éventualité, évoquée à l'occasion de l'assemblée plénière de la conférence des évêques de France réunie lundi 8 novembre à Lourdes, ne semble pas emporter l'adhésion des fidèles à la Réunion, du moins ceux que Réunion La 1ère a pu interroger.
Une église "dans le rouge"
"Je ne pense pas que ce soit la solution, car l'Eglise elle-même est dans le rouge", déplore cette paroissienne de Rivière-Saint-Louis. "On rame, comme tout le monde, pour tenir nos assemblées et nos lieux de culte ouverts".
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"Il fallait bien réfléchir avant", s'agace cette autre fidèle sudiste. "Je ne suis pas d'accord, parce que l'église, c'est notre bouée de sauvetage. S'il n'y a plus d'église, on sera dans le néant. Il faut trouver une autre solution."
"L'indemnisation ? Pourquoi pas, mais ça ne résout pas le problème"
S'il a vu dans cette conférence épiscopale un moment "fondateur pour une nouvelle étape dans la vie de l'église", l'évêque de la Réunion, Monseigneur Gilbert Aubry, n'envisage pas non plus la vente de biens du diocèse comme une réponse réaliste au problème.
"Je ne vois pas quels biens on va vendre. On ne peut pas vendre la cathédrale, car elle appartient à l'Etat. Pour les églises, vous avez entendu les fidèles, personne ne veut vendre quoi que ce soit", a répondu Mgr Aubry sur le plateau du journal de Réunion La 1ère.
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L'évêque réunionnais n'est pas plus convaincu par le principe même d'indemniser les victimes. "L'indemnisation ? Pourquoi pas, mais ça ne résout pas le problème", estime le prélat. "J'ai rencontré des victimes pour qui il n'est pas question de rentrer dans une indemnisation qui ne sert à rien", assure Mgr Aubry. "On voit que pour ces personnes, le fait d'être écoutées, entendues, constitue un pas énorme" considère-t-il.
Plutôt payer "les séances de psychologues" ?
L'écoute, l'attention sont-elles suffisantes d'après lui ? "La souffrance va toujours rester là (…)", reprend l'évêque, "L'essentiel c'est que ces personnes soient écoutées, soutenues, qu'on puisse les aiguiller vers le psychologue et, si nécessaire, pourquoi pas, payer les séances de psychologue de manière à ce qu'elle se remette debout."
Et Mgr Aubry de rappeler que la question de l'indemnisation financière des victimes sera discutée au niveau national, soulignant les difficultés budgétaires que connaît le diocèse de la Réunion. "Quel budget ? C'est un point d'interrogation. On a été malmenés par l'épidémie, donc on est en difficulté", conclut l'évêque de la Réunion.