Vers un "vide constitutionnel" en Haïti ?

Affiche électorale du candidat à la présidentielle Jovenel Moïse (PHTK) à Port-au-Prince, en décembre 2015.
Le 7 février le Président Michel Martelly doit passer le flambeau à son successeur. Sauf qu’à ce jour il n’y a pas de successeur puisque le 2e tour de l’élection présidentielle a été reporté, sans nouvelle date annoncée.
Dimanche soir (24 janvier) jour initialement prévu pour deuxième tour, Michel Martelly réaffirmait sa décision irrévocable de partir le 7 février. Un cas de figure inédit. Si l'actuel Président maintient sa décision, Haïti n'aura plus de Président et pas de successeur élu : c’est ce que les spécialistes appellent "le vide constitutionnel". C’est donc le Parlement qui devra trouver une solution politique compatible avec la Constitution.
 

Plusieurs hypothèses de travail sont avancées 

La création d’un gouvernement provisoire, dont la seule mission serait de gérer les affaires courantes et organiser des élections, ou encore la mise en place d’une commission de médiation qui comprendrait l’Église Catholique très influente et d’autres représentations religieuses.

Mais une autre question se pose : où reprendre le processus électoral ? Tout recommencer comme le réclament des voix de l’opposition, ou juste le deuxième tour avec les deux candidats déjà en lice, Jovenel Moïse, celui que Michel Marthelly a choisi, et Jude Célestin, ancien proche de René Préval, le prédécesseur de Michel Martelly ?

Déjà en 2010 ...

Le scénario de 2010 risque de se répéter : en l’absence de successeur élu, René Préval était resté au pouvoir jusqu’au 14 mai, date à laquelle Michel Martelly avait accédé à la présidence, au terme d’un scrutin lui-aussi contesté. Pour l’heure, la communauté internationale, dont le rôle a été très décrié, reste silencieuse. La plupart des pays, et notamment les États-Unis poussaient aux élections, alors que les conditions étaient loin d’être réunies. Aujourd’hui, tous savent qu’une vacance prolongée du pouvoir est le pire des scénarios.