Viol dans une voiture : un trentenaire condamné à dix ans de prison aux assises de Nouvelle-Calédonie

Viol dans une voiture : l'affaire devant la cour d'assises
Un homme de 34 ans a comparu devant la cour d'assises de Nouvelle-Calédonie, ce lundi, pour une affaire de viol présumé. La victime : une femme raccompagnée en voiture à Nouméa. L'accusé niait les faits, qui datent de juin 2021. En début de nuit, il a été reconnu coupable, et condamné à une peine de dix ans d'emprisonnement.

Le verdict a été rendu après 21 heures. L’homme jugé ce lundi à Nouméa, devant la cour d'assises, a été reconnu coupable des faits qui lui étaient reprochés. Pour viol, il a été condamné à dix ans de réclusion criminelle. Ce qui correspond à la peine requise un peu plus tôt par le ministère public. L'accusé était en détention provisoire depuis le 29 novembre 2023. Il encourait jusqu'à vingt ans de prison.

Que s'est-il passé dans la voiture ?

"Je t'ai coincée, tu ne peux plus sortir de la voiture", ce sont les mots qu'il aurait prononcés le 20 juin 2021 avant d'imposer des pénétrations sexuelles à une femme. Des faits qu'il niait. Ce jour-là, une quinquagénaire attend son bus dans le quartier de Portes de fer, à Nouméa. Un véhicule s’arrête. Au volant : un homme qui lui propose de la déposer. La femme accepte. C'est lors de ce trajet que l'individu, âgé de 34 ans aujourd'hui, aurait abusé d'elle dans la voiture, du côté de Nakutakoin à Dumbéa. Pénétrations forcées, fellation et étranglement. La femme est finalement déposée à Nouméa.

 

Des traces d'ADN sur la victime

Devant les assises, l'auteur présumé a été déstabilisé lorsqu'on l'a questionné sur les traces de son ADN trouvées sur la victime. Il est aussi sous le coup d'une autre enquête pour viol, cette fois à l'encontre de l'une de ses demi-sœurs. Accusations pour lesquelles il reste toujours présumé innocent, a rappelé son avocate Sophie Devrainne. 

Un prédateur sexuel

En couple, le trentenaire se décrit comme étant un homme infidèle. L'expert psychiatre interrogé par la présidente du tribunal sur le comportement sexuel de cet homme, a confirmé que l'individu n'agit pas par pulsion. A la question "a-t-il le comportement d'un prédateur sexuel ?", le Dr Jean-Luc Lehericy répond de façon affirmative. Et l'expert de préciser aussi qu'il s'agit du troisième cas de ce type qu'il recense en 26 ans de carrière. D'autres ayant été suivis d'enlèvement et séquestration.

Une victime à protéger

Au cours de l'audience, le profil de la victime a été également présenté. Ici, la femme est décrite comme étant "naïve, crédule" selon un autre expert psychiatre, le Dr Jean-Yves Charlot. Il explique que par le passé, elle a été considérée comme objet sexuel par de nombreux individus, depuis le plus jeune âge. L'expert ajoute que cette fragilité liée à ses carences éducatives et affectives nécessite l'accompagnement d'un mandataire pour la protéger. 

"Peut-être que j’ai été brutal"

Dans l'après-midi, c’est avec la volonté de faire toute la lumière sur cette affaire que la présidente de la cour interroge l’accusé. Face à un certain manque de clarté, l’enregistrement vidéo de sa déposition devant la juge d’instruction est diffusé. On y entend l'homme déclarer, en parlant de la victime : "C’est une femme avec qui j’ai déjà eu des rapports sexuels." Ou encore : "Si je l’ai embarquée dans ma voiture, c’est que je la connaissais."

L’accusé déclare ce jour, au procès, qu'il lui a proposé d’aller boire des bières, puis de coucher avec elle. Toujours selon lui, elle aurait accepté. À la présidente lui demandant s'il a été violent avec la victime, il répond : "Peut-être que j’ai été brutal." Avant d'ajouter : "Elle a porté plainte deux jours après les faits, elle a pu être étranglée et violentée par quelqu’un d’autre."

Tension

Le ministère public souligne l’incohérence de ces déclarations. L’accusé dit souhaiter une confrontation avec la victime, et savoir pourquoi elle a porté plainte contre lui. En haussant le ton, la présidente du tribunal tient à préciser qu'il n’est pas la victime et n’a pas à lui poser des questions. Cette femme est décrite par tous comme une personne vulnérable. Son avocate souhaite souligner la gravité de faits et la violence dont sa cliente a été victime, "elle a eu une déchirure du périnée et a été étranglée". 

Compte-rendu d'audience dans le JT, par Natacha Lassauce-Cognard et Cédric Michaut

©nouvellecaledonie

La victime entendue à la barre

En fin de journée, la victime a été entendue par la cour d’assises. Debout, assistée par Me Laure Châtain, elle déclare avoir eu peur de mourir, le 20 juin 2021, dans la voiture de l’accusé. Ajoutant qu’elle n’a jamais eu de rapports sexuels avec lui. Que le jour du drame, elle n’était pas consentante, elle a subi des violences sexuelles. L’accusé répond qu’il ne l'a jamais étranglée, il maintient qu’il n’a pas eu ce genre de geste à son égard. 

La partie civile évoque du courage

Dans sa plaidoirie, Me Laure Chatain, avocate de la partie civile, a tenu à souligner le courage qu'a eu sa cliente pour témoigner à la barre. La victime, dit-elle, ne croit plus en la justice car après avoir subi de nombreux actes d’agressions sexuelles dans le passé, elle ne se sent pas prise au sérieux. 

Dix ans de prison requis pour viol

Les violences du 20 juin 2021, le procureur a tenu à les dénoncer dans ses réquisitions. Il revient sur les questionnements de certains. Ne pas avoir tenté de s'échapper ? Ne pas avoir hurlé ? Ils ne sont pas fondés, à ses yeux. Selon le ministère public, la victime a été sidérée, elle a préféré se laisser faire pour éviter de mourir. Il demande au jury de reconnaître l’accusé coupable des faits qui lui sont reprochés, requérant à son encontre dix ans de prison pour viol. 

L’empathie ne doit pas l'emporter sur la justice, dit la défense

Me Sophie Devrainne, l’avocate de la défense, a déclaré enfin, dans sa plaidoirie, que les jurés ne devaient pas laisser l’empathie prendre le dessus sur la justice. Pour elle, l’accusé n’a pas contraint la victime à monter à bord de son véhicule. Il ne nie pas le rapport sexuel qu’il a eu avec elle mais tout était consenti, d'après lui. Toujours selon l’avocate de la défense, en s’appuyant sur l’expertise psychiatrique du Dr Lehericy, son client n’est pas dangereux. Le certificat médical a été effectué plusieurs jours après les faits, continue-t-elle, il est insuffisant pour condamner l'accusé. Elle a plaidé l’acquittement.