Violences envers les mineurs : le rectorat rencontre des associations pour une meilleure détection

De plus en plus d’enfants sont exposés aux violences morales physiques et sexuelles à La Réunion. Un collectif d’associations s’est rapproché du rectorat pour améliorer la prise en charge des victimes dans les établissements scolaires.

Plus de prévention pour mieux détecter les victimes qui se murent dans le silence et pour mieux accompagner celles qui osent en parler. C’est en substance l’objectif du collectif « Stop Violences Intrafamiliales » qui a obtenu une première réunion avec l’Académie de La Réunion ce lundi 6 mars. Les parties prenantes ont échangé sur les protocoles existants, souvent inconnus des familles et parfois aussi des fonctionnaires de l’Education Nationale.

Regardez le reportage de Réunion la 1ère :

Les associations du collectif "stop violences intrafamiliales" reçues par le rectorat

5000 cas signalés par an…

La Cellule de Recueil des Information Préoccupantes a identifié l’an dernier  5000 cas de violences sur mineurs par an. Elle note , par ailleurs, une recrudescence des violences  sur les tout-petits, les enfants âgés entre 0 et 6 ans.

Cette augmentation des signalements est liée à l’élan généré par la libération de la parole, il permet de faire resurgir des affaires enfouies, 10 voire 20 ans dans le passé. D’autres cas émergent aussi grâce à une meilleure sensibilisation, une meilleure formation des personnels encadrants.

Un constat partagé à tous les niveaux, comme en atteste le quotidien d'Annabelle Ali, assistance sociale, en poste dans un collège dionysien. Elle assure être régulièrement sollicitée sur le sujet des violences :« En l’espace d’une semaine, j’ai recueilli quatre témoignages  indiquant des envies suicidaires dans mon établissement »

….la partie émergée de l’iceberg.

 

Pourtant, malgré la hausse des signalements, le nombre de situations préoccupantes est sans doute sous-estimé selon Jean Fauconnet, intervenant régional pour l’association «Colosse aux pieds d’argile ».  Il se demande si le personnel est  toujours formé pour mener les démarches dans l’intérêt supérieur de l’enfant ? Une question à laquelle il répond en donnant  l’exemple d’un cas de carence, où les parents d’un élève harcelée ont fini par la retirer de l’établissement. Ce qui revient à  sanctionner la victime et à donner un blanc-seing aux agresseurs, regrette-t-il.

Coopérer dans l’intérêt supérieur de l’enfant  

Autres indicateurs inquiétants, les témoignages centralisés sur « Metooharcelementscolaire974 ». Sur cette page Facebook, les familles désorientées racontent comment elles se retrouvent face à des portes fermées, celles de l’institution scolaire. Or selon Jessy Yong Peng, de l’association EPA, elle-même membre du collectif « Stop Vif », ces familles  pourraient être mieux accompagnées si les protocoles du rectorat étaient mieux connus des associations. C’est tout un écosystème qui doit s’articuler dans l’intérêt supérieur de l’enfant. En bout de chaine, après le recueil de la parole des victimes, les sanctions disciplinaires prises par l’Académie, il peut y avoir un volet pénal. Et là aussi le bât blesse.

Bien qu’il y ait  davantage  d’avocats qui se sont spécialisés dans ce genre de contentieux pour mieux accompagner les familles, et que les juridictions sont aussi plus investies, reste que la Justice est aujourd’hui à la peine. Selon Séverine Ferrante, bâtonnier de l’ordre des avocats du barreau de Saint-Pierre, «  il manque  des avocats formés aux droits des mineurs aussi bien pour défendre les droits des mineurs auteurs que victimes ».