À Wallis, ce n'est pas encore Pâques mais la chasse aux œufs est ouverte

Les œufs se font très rares à Wallis
À Wallis, la situation est ubuesque, tous les jours c'est la chasse aux œufs, en cause, une pénurie assez incroyable due à une production locale trop limitée et à l'arrêt de l'importation d'œufs par le principal fournisseur.

Depuis plusieurs mois maintenant, on assiste quotidiennement à un drôle de cérémonial dans les supermarchés voire les supérettes de l'île, à des heures bien précises, des habitants se regroupent et attendent... que les œufs soient mis en rayon et là, en quelques minutes, toutes les boîtes disparaissent.

"On se dirait au temps de l'URSS" explique une consommatrice, "on fait la queue pour réussir à acheter une ou deux boîtes, il ne faut pas rater le moment précis où les œufs sont mis en rayon sinon c'est fichu." Certains, plus débrouillards ou malins, c'est selon, se font mettre les fameux œufs de côté par les commerçants qui expliquent que "certaines personnes réservent ces œufs et payent d'avance, on n’a pas le temps de les mettre en rayon." "On dirait même du marché noir" s'amuse une autre personne, "en discutant du problème, l'autre fois, une amie m'a proposé de lui en acheter une boîte comme ça, sous le manteau, mais elle m'a fait payer le prix normal, c'est une amie".

Cette pénurie d'œufs touche les consommateurs mais aussi et surtout les professionnels qui voient leur activité chuter et qui sont obligés d'utiliser tous les stratagèmes possibles pour se faire fournir en œufs.

La cause de cette pénurie proviendrait d'un changement de rotation de dates du bateau qui livre Wallis et Futuna, ce changement de calendrier contraint le principal importateur de l'île de ne plus commander d'œufs car les dates de péremption arrivent trop vite et le gâchis devient économiquement insupportable.

Système "D" et chasse aux poules sauvages

Du côté de la production locale, les deux fermes ne peuvent pas fournir plus que ce que les poules pondent, ils souhaiteraient éventuellement se développer et rajouter quelques poules pondeuses à leur cheptel mais cela entraînerait des frais lourds d'infrastructure que les producteurs disent ne pas pouvoir assumer financièrement.

Certains consommateurs s'inquiètent car, qui dit pénurie dit... potentiellement hausse du prix de la boîte qui, avec l'inflation, a déjà vu son prix bondir à 500 francs cfp. Ce qui est rare est cher et il ne serait pas impensable d'imaginer que la douzaine d'œufs passe la barre des 500 francs dans les jours voire les mois prochains d'autant que la période des communions (le mois d'octobre) est une période où les œufs sont toujours en rupture de stock en temps normal.

C'est donc la quadrature du cercle pour les habitants du fenua obligés de ruser ou d'utiliser le fameux système "D" pour avoir quelques œufs. Et puis il y a aussi ceux qui ont décidé de prendre les choses en main : certaines personnes ont capturé des poules qui pullulent sur le bord de la route et qui n'appartiennent à personne et à tout le monde en même temps pour les mettre dans leur jardin et récolter, chaque matin, un ou deux œufs.

Le reportage de Marie-Jo Iloai et Soane Vakalepu :

©Wallis