Ce qu'il faut retenir du passage de la ministre à l'Assemblée Territoriale

Annick Girardin a été reçue à l'Assemblée territoriale ce mercredi 06  mars. L'occasion pour le président d'énumérer les grands dossiers du territoire. Sans faire de grande annonce, la ministre des outre-mer a surtout rappelé le soutien du gouvernement dans les projets de Wallis et Futuna.
C’est l’un des rendez-vous les plus attendus du séjour de la ministre des outre-mer à Wallis. Annick Girardin a été reçue à l’assemblée territoriale ce mercredi 06 mars à 15h, en présence de l’ensemble des élus. Comme pour une session plénière, toutes les autorités du Territoire ont été conviées. L’instance représentative de la population lutte depuis plusieurs années pour détenir plus de domaines de compétences. Le président de l’Assemblée Territoriale l’a rappelé dans son discours et il a souhaité attirer l’attention de la ministre sur les différents dossiers prioritaires de Wallis et Futuna. A peine 48 heures après son arrivée sur le fenua, Annick Girardin a apporté des précisions sur certains points. Sans grande annonce, il faudra surtout compter sur son soutien et sur celui de l’Etat.
 

Réforme statutaire : Wallis et Futuna doit décider


La loi statutaire de 1961 a fait son temps, pour s’accorder aux réalités de notre époque, sa réforme devient inévitable. Un dossier sensible, que le président de l’assemblée a évoqué avec précautions. David Vergé parle d’une démarche à mener avec le soutien de la population, tout en conservant le pouvoir des instances coutumières. Il déclare :

« Le temps d’administrer notre territoire est révolu et c’est celui de la gestion par les autorités choisies par la population qui doit s’instaurer. Nous prendrons le temps de réformer progressivement et surtout de le faire en parfait accord avec toutes les forces de ce territoire »


La question du transfert de l’exécutif détenu par le préfet à l’assemblée territoriale ne date pas d’hier. Elle avait été formulée par l’ancien président de l’assemblée en 2016 lors de la venue de François Hollande. En 2019, le sujet avait depuis été soulevé à plusieurs reprises et notamment dans le cadre des Assises des outre-mer, menées en 2018. Annick Girardin rappelle qu’il appartient aux wallisiens et aux futuniens de décider. Elle a expliqué que la réforme est un processus lent qui demande le vote d’une loi organique. En se rapportant au cas de la mise en, application de la Loi Sauvadet sur la fonction publique, la ministre a souligné :

« Au travail, ces choix que vous ferez doivent être faits mais doivent être faits le plus rapidement possible(...) Il nous faut mener une réflexion de fond, une analyse des besoins et un arbitrage raisonné. L’état est et sera à vos côtés si vous le souhaitez » .

La révision du statut a éveillé les réticences des élus de l’opposition. Le député Sylvain Brial souhaite préciser :

« Je veux bien prendre le risque de reformer le statut à condition que nos rois et nos chefferies puissent avoir leur mot à dire. Je sais que la population de futuna veut être différenciée de Wallis. Je sais qu’il y a des solutions aussi mémé avec le contrat de convergence il pourrait y avoir une séparation de contrats et bien sectoriser les moyens que l’état nous donne pour Wallis. A l’heure actuelle il vaut mieux que l’on travaillle ensemble »

Une fois prêt, la contrat de convergence sera signé à Matignon


C’est sans doutes l’un des dossiers les plus attendus cette année. Le contrat de convergence, doit prendre le relais du contrat de développement, arrivé à son terme en décembre 2018.
La ministre a assuré que le dossier était encore en traitement. Il décline une stratégie ultra-marine pour que chaque collectivité puisse réduire les écarts  de développement avec la métropole.   Le contrat de convergence pourra assurer une enveloppe financière de 33 millions d’euros en 4 ans. Annick Girardin a invité les autorités à venir le signer prochainement dans le bureau du premier ministre Edouard Phillipe à Paris.
Elle assure également qu’elle fera le nécessaire pour qu’une rencontre avec le président de la république soit organisée dans la foulée avec les élus et la chefferie.
Le montant du contrat de convergence a attiré l’attention des élus. Napole Polutele, président de la commission de l’enseignement et élu de la majorité dit :

« je suis assez satisfait du montant annoncé. Aujourd’hui je constate aussi que sur les 74 projets que nous devons travailler, il faut des priorités. Sur les 74 projet il va falloir pour les financer beaucoup d’argent. Ce contrat de convergence avait été évalué à l’origine à plus de 200 millions d’euros jusqu’en 2030 »


Plus réticent, Mikaele Kulimoetoke de l’opposition s’interroge sur ce contrat de convergence :

« Il aurait fallu que quelque part on parle de l’aide publique au développement dont Wallis et Futuna devait bénéficier depuis 2010 suite au sommet de l’ONU en 2000 à New York. C’est quand même une aide à hauteur de 90 millions d’euros par an et donc jusqu’à aujourd’hui on a pas vu la couleur de cette aide alors que Wallis et Futuna sont inscrits sur la liste de l’OCDE. Obligatoirement cette aide a dû bifurquer par l’état et se transforme en contrat de développement ou en contrat de convergence ou en contribution par rapport à la contribution nationale vers l’Europe.

Fond Européen d’Investissement doublé

La ministre des outre-mer a confirmé la hausse de l’aide du fond européen d’investissement (FEI). Il s’élève désormais à près de 4 millions d’euros. Ce financement servira notamment à financer le traitement des déchets. L’augmentation du FEI pourrait selon la ministre venir appuyer les projets ou les demandes de financements qui n’ont pu être traités dans le cadre du contrat de convergence.


L’Etat soutient l’immatriculation des navires à Wallis et Futuna

Ce qu’il faut également retenir de l’allocution de la ministre à l’assemblée, ce sont ses propos sur le registre d’immatriculation des navires.  David Vergé avait souligné :

« Le pavillon de Wallis et Futuna est une chance pour la France »

Annick Girardin avance l’expansion du tourisme de croisières. Elle a rappelé les 18 millions de francs pacifique rapportés par l’immatriculation de deux navire du Ponant en 2018. A cette somme s’ajoute 5 millions annuels apportés par la redevance d’immatriculation. La ministre conclut :

« On peut faire mieux et l’Etat sera à vos côtés »

Dessertes aérienne et maritime : Une mission sur le territoire en avril


Pour favoriser le désenclavement de nos îles, la ministre a rejoint l’avis de David Vergé. Le désenclavement aérien ne va pas sans celui du domaine maritime. C’est un point essentiel de l’intégration du Territoire dans la région Pacifique. Elle a donc annoncé la venue d’une mission conjointe du ministère des Outre-mer et de celui des transports. Elle sera à Wallis et à Futuna du 10 au 17 avril. Le rapport qui en découlera servira de document d’appui pour la mise en place de solutions.


Une mission de la sécurité civile mi-mars


Une lueur d’espoir sûrement dans le conflit des pompiers de Wallis et Futuna. La ministre des outre-mer a confirmé la venue d’une mission de la sécurité civile du 15 au 20 mars. Un déplacement qui permettra sûrement d’apporter des solutions aux revendications des pompiers locaux. Toujours suspendu, leur mouvement de grève  portait entre-autres sur les conditions de travail des services de sécurité et sur leur statut.

En tout la rencontre a duré plus d’une heure, ponctuée par les discours de David Vergé et d’Annick Girardin. Si la ministre n’a pas fait d’annonce surprise, son allocution a néanmoins permis à Annick Girardin d’exprimer son soutien. L’Etat est et continuera d’être présent pour Wallis et Futuna.
Un échange de cadeaux entre la ministre et l’assemblée territoriale a clos ce temps d’échange dans l’hémicycle territorial. Mais le séjour continue, jeudi 07 mars, la ministre et les autorités du territoire seront en visite sur l’île de Futuna.