A 2000 kilomètres de la quiétude de leur fenua, quelques 250 étudiants wallisiens et futuniens vivent la triste réalité de la crise calédononienne.
Au plus fort des émeutes à Nouméa, nombre d'entre eux ont fait le choix de se regrouper sous le même toit. Une forme de communion pour se soutenir, aux premières loges de la première grande crise sociale de leur vie.
Depuis les hauteurs du Quartier Latin à Nouméa, Ydeune Maniulua avait toutes les conditions réunies pour entamer sa première année universitaire sous de bons auspices. Trois mois après ses premiers pas d'étudiante en lettres modernes à l'UNC, la jeune futunienne voit son rêve brisé. Du jour au lendemain, la peur est devenu son quotidien.
Je n'ai jamais entendu de détonations, de coups de fusil. Je n'ai jamais connu autant de violence que la semaine dernière. J'entendais des détonations de partout. On aurait dit que ça provenait de mon voisin ou bien de mon quartier.
Ydeune Maniulua, étudianteJT du 20.05.2024
Aujourd'hui, la jeune femme attend de se faire rapatrier vers Wallis.
Elle explique :
Après tout ça, non, je ne souhaite pas continuer mes études en Nouvelle-Calédonie. Je dis peut-être non pour l'instant, sous l'effet de la colère ou du stress, de la peur. Mais je pense que nous savons tous que la Nouvelle-Calédonie mettra beaucoup de temps à se relever, à se reconstruire économiquement, à redevenir la Nouvelle-Calédonie que nous avons connue.
Ydeune Maniulua, étudianteJT du 20.05.2024
De son côté, Feaokilagi Kaiga garde espoir de retrouver "son" caillou.
La Wallisienne entame sa première année à l'institut de formation des maîtres en vue de devenir professeur des écoles. Un retour en Nouvelle-Calédonie quelques années après avoir décroché une licence à l'Université de Nouville.
Depuis le début de la crise, Feaokilagi tente de rassurer frères et soeurs du fenua sur les réseaux sociaux.
Des étudiants choqués car ils ne s'attendaient pas à un tel degré de violence sur une aussi longue période.
Ce que je souhaite aujourd'hui pour la Nouvelle-Calédonie c'est la paix. Je pense que c'est le souhait de tout le monde, que tout ça s'arrête!
Feaokilagi KaigaJT du 20.05.2024
Pour les étudiants wallisiens et futuniens de Nouvelle-Calédonie, il y a désormais un avant et un après Mai 2024. L'ampleur de la crise a nourri des questionnements sur l'avenir.
Il est clair que tous ces évènements laisseront en nous, étudiants, une trace indélébile. Nous sommes ici de notre plein gré pour notre avenir, donc moi je continuerai ici. D'autant plus que la Nouvelle-Calédonie c'est un pays que j'affectionne vraiment.
Fe'aokilagi Kaiga, étudianteJT du 20.05.2024
Le contact permanent avec la famille au fenua ainsi que la prière sont les principaux refuges des étudiants wallisiens et futuniens dans la crise calédonienne.