C'est un acte important qui vient d'être accompli par la Fondation pour la Mémoire de l'esclavage. Après le Royaume Uni, la France accepte de se départir des registres des noms de personnes mises en escalvage sur son territoire, pour qu'ils soient intégés à ceux de l'UNESCO au titre de la "Mémoire du Monde".
De tels registres concernent les quatre millions de personnes qui, entre le 17ème siècle et la fin du 18ème siècle (pour la colonie de Saint-Domingue, aujourd’hui Haïti et l’île Maurice) et 1848 (pour la Guadeloupe, la Guyane, Mayotte, la Martinique, La Réunion et le Sénégal), ont été réduites en esclavage dans l’empire colonial français, qu’elles aient été victimes de la traite, ou nées sur place dans un statut de servitude.
Il faut savoir que si ces personnes n'avaient aucun état civil établi, elles n'en avaient pas moins une existence écrite puisque durant deux siècles de servitude, l'identité de ces générations de femmes, d’hommes et d’enfants était consignée dans différents documents de la sphère administrative, fiscale ou religieuse. Des fiches qui mentionnaient toutes les informations qui étaient utiles à leurs propriétaires : leur nom, leur âge, leur sexe, leurs spécialités professionnelles, parfois certaines caractéristiques physiques.
Pour la plupart de ces personnes, ces éléments constituent souvent les uniques traces à nous être parvenues de leur identité : à l’intérieur de chacun de ces documents, c’est la mémoire de nombreuses existences qui est ainsi préservée
La Fondation pour la Mémoire
Pour la Fondation pour la Mémoire, pour mesurer l'importance de cet acte mémoriel, il faut savoir que :
- C'est la première fois que des documents concernant l’esclavage colonial français sont inscrits au
registre Mémoire du monde. Ils rejoignent les inscriptions reçues pour les Antilles autrefois britanniques, et tout récemment, les anciennes colonies néerlandaises.
- C'est aussi la première fois que la France propose d’inscrire des archives conservées pour partie dans les collectivités d’outre-mer
- Il s’agit aussi, pour la France, de la première démarche collective, associant plusieurs services
d’archives français dans une dimension internationale