Maoulana Andjilani : « Le lagon de Mayotte appartient à l’humanité , notre devoir est de transmettre ce patrimoine aux générations futures. »

MAOULANA ANDJILANI, chef du projet « Inscription du lagon de Mayotte au patrimoine de l’UNESCO »
Maoulana Andjilani, chef du projet « Inscription du lagon de Mayotte au patrimoine de l’UNESCO » explique, dans une interview au site «  Mayotte 1ère.fr Actualités »,  les enjeux, les points forts, les points faibles et les retombées de cette initiative.

Les raisons de la candidature de Mayotte

Maoulana Andjilani : « On est parti du constat que Mayotte a un certain nombre d’atouts qui lui permettent de prétendre à la liste des patrimoines mondiaux de l’humanité.
En 2012, au cours d’un séminaire régional, des scientifiques et des experts de  l’UNESCO ont déclaré que sur les 4 critères qui permettent d’inscrire et de classer un site naturel ,comme le lagon de Mayotte, au patrimoine de
L’UNESCO, Mayotte pouvait répondre à au moins 3 critères, sachant qu'il n’en faut qu’un pour être inscrit sur cette liste.
On a un certain nombre d’atouts qui nous permettent de penser qu’on peut prétendre à cela.
Du coup, le projet a germé dans ce sens là et le Département a mis en place une équipe que je dirige et qui met en œuvre les éléments nécessaires  pour monter ce projet. »
 

Le dossier de Mayotte a des chances réelles d’ aboutir

 
Maoulana Andjilani : « Un projet UNESCO se joue en 2 temps : - Dans un premier temps, on demande l’inscription du lagon de Mayotte à la liste indicative des biens français.
- A la suite de ça, l’état français porte la candidature de Mayotte auprès de l’UNESCO.C'est un processus qui est lent, qui prend en moyenne 5 ans. On est  parti aujourd'hui pour remplir les conditions pour l’inscription à la première phase.
Il y a 10 critères de sélection  pour l’Unesco. Il y a des critères qui sont  des critères liés au patrimoine culturel, puis, il y en a quatre  pour le classement naturel. En ce qui concerne le classement naturel, on tient compte du phénomène naturel remarquable, de la beauté naturelle, d’un stade de l'histoire de la terre, d’un exemple d’évolution de la vie, d’une faune et d’une flore exceptionnelle.
Parmi ces différents critères, l’UNESCO en avait identifié trois pour Mayotte en 2012 : un stade de l’histoire de la terre, un exemple de l’évolution de la vie, une faune et une flore exceptionnelle.
Fort de cette étude qui a été réalisée ici dans la région, le dossier de Mayotte a des chances réelles d’aboutir. »
 

Les points faibles du dossier de Mayotte

 
Maoulana Andjilani : « On ne nie pas les difficultés qui sont les nôtres évidemment, des problèmes d’assainissement, d’entassement des déchets, un peuplement assez important… Et puis il y a des besoins, en permanence, de développement économique.
C’est vrai, ce sont des difficultés mais nous, on voit une opportunité. On a un patrimoine exceptionnel dont le monde entier nous envie, il nous faut, aujourd'hui, travailler, faire des efforts nécessaires pour le préserver et  le léguer aux générations futures.
C'est un bon projet pour notre île, notre pays, c' est pourquoi on est extrêmement motivé pour le mener à bout. »
 

Les points forts de la candidature de Mayotte

Maoulana Andjilani : « Tout le monde fait le constat suivant : un quart de la biodiversité mondiale pourrait se retrouver dans notre zone et puis, on a des paysages d’une beauté exceptionnelle qu’on ne trouve pas ailleurs, on a des habitats, pour des animaux comme les dugongs, les baleines, qui sont exceptionnels ici. Le dugong, on ne le trouve qu'ici à Mayotte et en Nouvelle Calédonie.
Tout le monde consent, sur cette affaire là, qu’un haut lieu de la biodiversité mondiale, la variété des espèces retrouvées sur Mayotte, tout ça forme des éléments qui permettent de dire aujourd'hui que c’est quelque chose qui est unique au monde. C'est ce qu’on appelle une valeur exceptionnelle pour laquelle tout le monde nous envie.
Le bien est exceptionnel mais ça ne suffit pas en réalité pour être pris en compte au classement mondial de l’UNESCO.
Il faut montrer que ce bien exceptionnel est conservé et puis, surtout montrer qu' on a un plan pour faire en sorte qu' il puisse être conservé et qu' il puisse être légué aux générations futures.Et c’est là que nous devons être réalistes sur nos faiblesses. »
 

On ne classera pas le lagon tout entier

 
Maoulana Andjilani : « On a pris une décision, en réalité, de ne pas classer tout le lagon de Mayotte mais de garder certaines parties. On a exclu  de ce classement notamment  la zone qui part  du port de Longoni jusqu' à Dembeni, des zones fortement urbanisées, des zones où il y a une forte activité économique, où il y a des projets d'infrastructures qui sont identifiées. On parle même d'un pont entre Mamoudzou en Grande Terre et Petite Terre. Toute cette zone là est d’emblée exclue de notre étude. On se focalise sur l’extrême nord et l’extrême sud.
On a demandé un travail de faisabilité technique à l’Union Internationale de la Conservation de la Nature pour qu’elle puisse nous dire précisément, au regard des critères de l’UNESCO, qu’est ce qui est classable, qu'est ce qu’on a comme chance d’aboutir?
Ainsi, avant d' aller un peu plus loin dans ce projet, d'ici la fin de l' année, on aura un rendu claire sur cette étude de faisabilité et on pourra savoir un peu où l' on va. »

Les retombées du classement du lagon de Mayotte au patrimoine de l' Unesco

Maoulana Andjilani : «  On se dit qu’en réalité, à Mayotte, il y a un bien qui appartient à l’humanité toute entière, ce n'est pas un bien qui appartient exclusivement aux Mahorais, ce n’est même pas un bien qui appartient exclusivement à La France, c'est un bien qui appartient à l’humanité toute entière et notre devoir à tous est de transmettre ce patrimoine dont on est si fier à l’humanité.
- Un des premiers éléments positifs du projet de classement, c'est notre regard sur notre environnement. On ne le regarde pas comme un fardeau qui nous empêche d’avancer mais plutôt comme un joyau dont on est si fier et on est prêt à faire des efforts pour le transmettre en héritage aux générations futures.
- Un classement au patrimoine mondial de l’Unesco façonne une image positive de notre île. Quand les gens parleront de Mayotte, ils en parleront en bien. Ca donne envie aux gens de venir dans notre île.
On ne réduit pas, nous, le projet à un développement touristique même si il y a des effets dans le développement du tourisme, mais l’idée, c'est l’attrait général, le rayonnement de l’île. Que les gens aient envie de venir ici parce que c’est l’endroit où il fait bon vivre, où la nature est exceptionnelle. Cette image là est bénéfique et réagit sur l’ensemble des activités du territoire. »

Propos recueillis par EMMANUEL TUSEVO DIASAMVU

A LIRE AUSSI :

La fédération Mayotte Nature Environnement demande au premier ministre Manuel VALLS d’acter la candidature du lagon de Mayotte, le 3e plus grand du monde, au patrimoine mondial de l’UNESCO pour «favoriser une forte dynamique éco-touristique »
http://lejournaldemayotte.com/fil-info/la-federation-mayotte-nature-environnement-ecrit-a-manuel-valls/

A QUOI SERT LE PATRIMOINE DE L’UNESCO ?
Comment protéger la nature et les biens culturels ? Initiée par les Etats-Unis et l'Unesco dans les années 1960, une Convention, à la signature des États, dresse la liste d'un Patrimoine commun de l'humanité : que recouvre-t-elle, quels sont les critères d'admission, de déclassement et d'alerte ?
http://ddc.arte.tv/nos-cartes/a-quoi-sert-le-patrimoine-de-l-unesco

DOSSIERS PATRIMOINE MONDIAL DE L' UNESCO
http://www.linternaute.com/voyage/patrimoine-mondial-unesco/