Australie : le blanchiment des coraux de la Grande barrière doit servir d'avertissement

Comme de nombreux autres pays de la région, l'Australie fait face à un épisode intense de blanchiment des coraux. Pour les scientifiques, c'est un signal d'alarme : il faut réduire les émissions de gaz à effet de serre.
Les craintes se confirment : les récifs de la Grande barrière de corail souffrent de la hausse des températures de l'eau. Le phénomène s'est installé il y a plusieurs semaines et on observe désormais la mort de certains coraux.
 
Le chercheur Terry Hughes dirige le groupe de travail australien sur le blanchiment du corail. Selon lui, les températures de surface ont surtout augmenté dans le nord de la Grande barrière de corail, notamment près de l'île Lizard, où les coraux stressés commencent à mourir :
 
« L'épisode de blanchiment le plus sévère se produit quand les eaux restent chaudes pendant une longue période, donc il y a un lien évident entre le réchauffement et la gravité de ces événements. Cela fait des décennies que les biologistes spécialistes du corail disent qu'il faut protéger les récifs en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Ce qui se passe en ce moment doit être pris comme un avertissement par l'Australie et par les autres pays, il faut se mettre au travail. »
 
C'est aussi le message lancé par David Wachenfeld, responsable scientifique de l'entité chargée de protéger le joyau australien, classé au patrimoine mondial de l'Unesco :
 
« Le blanchiment qu'on observe en ce moment est inquiétant, et ce n'est qu'une confirmation de ce qu'on sait depuis des années : le changement climatique est la plus grande menace qui pèse sur les barrières de corail. Ça ne fait que souligner, une nouvelle fois, à quel point il est important de réduire nos émissions le plus vite possible. »
 
La situation est d'autant plus inquiétante que le phénomène El Nino est toujours présent, ce qui signifie que les températures devraient rester élevées encore un moment. Ces trente dernières années, la Grande barrière a déjà perdu la moitié de sa surface corallifère, rappelle le chercheur Ove Hoegh-Guldberg, de l'université du Queensland :
 
« Si vous perdez les coraux, vous perdez les poissons. Et si vous perdez ces organismes, vous perdez le tourisme et la pêche, et bien sûr, le Queensland et l'Australie perdent alors tous ces revenus. »
 
Le ministre local de l'Environnement, Steven Miles, assure être conscient des risques et rejette la faute sur le gouvernement fédéral :
 
« Je suis soulagé qu'on ait obtenu un accord à Paris pour limiter le réchauffement bien en-dessous de 2 degrés, parce qu'on sait que c'est nécessaire si on veut que le corail survive. Évidemment, j'aurais préféré que notre gouvernement démontre lors de cette COP21 qu'il était prêt à fournir un effort honnête. Le plus inquiétant, c'est qu'ils n'ont même pas de plan pour atteindre les objectifs qu'ils se sont fixés, et qui sont insuffisants, selon nous. »
 
Greg Hunt, le ministre australien de l'Environnement, balaie ces critiques :
 
« On travaille dur pour renforcer la résistance du corail en réduisant les écoulements de sédiments et d'azote, ce qui a un impact sur la capacité du récif à s'adapter à des conditions climatiques difficiles. On a aussi mis en place un programme d'éradication des étoiles de mer mangeuses de corail. »
 
Des groupes de travail sont également en train d'être mis en place pour étudier les récifs de la Grande barrière.