Fidel Castro, le père de la révolution cubaine qui a tenu son île d'une main de fer et défié la superpuissance américaine pendant plus d'un demi-siècle, est mort vendredi soir à l'âge de 90 ans.
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C'est son frère, Raul Castro, qui annoncé le décès de cette figure de la révolution cubainre. Fidel Castro lui avait laissé les commandes du Pays en 2006 après 47 ans de pouvoir. "Le commandant en chef de la Révolution cubaine est décédé à 22h29 ce soir (vendredi)" , a déclaré vers minuit vendredi soir Raul d'un ton solennel sur l'antenne de la télévision nationale qui a brusquement interrompu ses programmes pour cette annonce historique. Pour une fois il ne s'agissait pas d'une fausse rumeur.
Le "Lider Maximo" avait cédé le pouvoir à son frère Raul après une hémorragie intestinale. Il avait abandonné ses dernières responsabilités au Parti communiste de Cuba (PCC) en avril 2011. L'ex-président avait totalement disparu des écrans cubains entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur son état de santé. Mais depuis un an et demi, même si ses déplacement restaient limités, il avait recommencé à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers.
Raul Castro, qui se retrouve à 85 ans pour la première fois seul au pouvoir, engagé dans un processus d'ouverture économique et un spectaculaire dégel depuis fin 2014 avec les États-Unis, n'a pas révélé les causes du décès, mais a précisé que Fidel Castro serait incinéré samedi, écartant de fait toute exposition du corps du "Lider Maximo" au public. A la mi-journée, les autorités n'avaient toujours pas confirmé la crémation de la dépouille de cette figure incontournable du XXe siècle, célèbre pour ses coups d'éclat et ses discours interminables, mais aussi pour son uniforme vert olive, ses cigares et sa barbe légendaire.
Neuf jours de deuil national ont été décrétés tandis que l'onde de choc de l'annonce tombée dans la nuit s'est rapidement répandue dans les rues clairsemées de La Havane, la plupart des habitants se disant mortifiés et stupéfaits de voir disparaître l'ex-président cubain, qui n'avait pourtant pas affiché de signes d'affaiblissement récemment. "Ca nous a tous pris par surprise, on espérait vraiment qu'il vive un peu plus longtemps. Il avait l'air en forme lors de ses dernières apparitions", a réagi Michel Gonzalez, un vendeur de cigares de 30 ans.
"Comme des milliers de Cubains je suis triste, c'est tellement soudain !", abondait, interdit, le barman Miguel Gonzalez, 24 ans, rencontré dans les rues du Vedado. Dans ce quartier proche du centre comme dans l'ensemble du pays, la calme régnait samedi, à l'exception de quelques petits groupes qui se formaient spontanément pour commenter la nouvelle. Aux abords de l'université de La Havane, quelques dizaines d'étudiants se sont spontanément réunis dans une atmosphère de recueillement, arborant notamment posters et pancartes disant notamment "Merci pour tout Fidel !". Là, comme dans d'autres quartiers, certains avaient du mal à contenir leurs larmes. "Fidel Castro était le plus grand", sanglotait Aurora Mendez, une octogénaire rencontrée dans la vieille Havane. Comme beaucoup d'autres, elle a été surprise par la nouvelle au petit matin.
En revanche, à Miami, bastion de l'anti-castrisme dans le sud des Etats-Unis, ce sont des scènes de liesse qui ont accueilli l'annonce. "C'était un criminel, un assassin et un homme misérable", vitupérait Hugo Ribas, 78 ans, au milieu d'un millier de personnes rassemblées dans le quartier de la Petite Havane ("Little Havana").
Le premier hommage au Comandante a été programmé lundi matin, les Cubains ayant été conviés à converger vers la place de la Révolution de La Havane, habituel théâtre des grand-messes castristes. Les funérailles se tiendront à Santiago de Cuba (est), deuxième ville du pays, le 4 décembre. Cette cérémonie, qui devrait attirer une foule de dignitaires étrangers, sera précédée de neuf jours de deuil national jalonnés d'hommages "de masse" à La Havane et Santiago.
L'autre moment fort de cette série d'hommages sera le transfert de ses cendres de La Havane à Santiago - séparées de quelque 900 km - lors d'une procession qui devrait mobiliser des millions de personnes entre le 30 novembre et le 3 décembre.
Samedi, les réactions affluaient du monde entier. Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, a dénoncé un "dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple", promettant de "tout" faire pour contribuer à la liberté du peuple cubain. Le magnat de l'immobilier avait affiché des réserves sur le rapprochement en cours entre les Etats-Unis et Cuba, affirmant qu'il ferait "tout pour obtenir un accord solide" avec La Havane. "L'Histoire jugera l'impact énorme" de Fidel Castro, avait auparavant salué le président américain Barack Obama, ajoutant: "Nous avons travaillé dur" pour tourner la page de la "discorde".
De son côté, le président russe Vladimir Poutine saluait un "homme d'Etat émérite" et "un ami sincère et fiable de la Russie". "Le président Castro s'est identifié à notre lutte contre l'apartheid", a souligné le président sud-africain Jacob Zuma, tandis que le roi d'Espagne rendait hommage à une "figure d'une indiscutable importance historique". Plus réservé, le président français François Hollande a estimé que Fidel Castro avait "incarné la révolution cubaine", dans ses "espoirs" mais également ses "désillusions". Dans un message de condoléances adressé au président Cubain, le pape François a fait part de sa "peine", promettant de prier pour le repos du défunt.
Son frère Raul a engagé depuis 10 ans un lent processus de "défidélisation" du régime, avec notamment en 2011 l'adoption lors d'un congrès historique du PCC de mesures économiques destinées à sauver Cuba de la faillite. Pour la dissidente modérée Miriam Leyva, ce décès pourrait permettre la mise à l'écart d'une partie de la vieille garde du régime réfractaire au changement. "Je crois qu'il y a là une opportunité d'ouvrir davantage cette société et avancer plus rapidement dans les réformes", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Sous la surveillance de Fidel, Raul Castro a également orchestré dans l'ombre le spectaculaire dégel avec les États-Unis, révélant un pragmatisme qui contrastait avec l'anti-américanisme viscéral de son aîné. Grand détracteur de la superpuissance américaine et icône planétaire de la gauche, Fidel Castro était un symbole de la lutte contre l'"impérialisme" du voisin du nord, tout en affichant un piètre bilan en matière de droits civiques et de libertés.
Communiste converti, Fidel Castro, qui avait pris le pouvoir en 1959, a défié 11 présidents américains et survécu à maints complots pour l'assassiner (638 selon le Livre Guinness des records) ainsi qu'à une tentative ratée de débarquement d'exilés cubains soutenus par la CIA dans la baie des Cochons (sud de l'île) en avril 1961. John F. Kennedy devait décréter peu après un embargo commercial et financier. Toujours en vigueur, celui-ci pèse lourdement sur l'économie du pays malgré une série d'assouplissements consentis par l'administration de Barack Obama dans le cadre du dégel.
En octobre 1962, c'est la crise des missiles, provoquée par l'installation de fusées nucléaires soviétiques à Cuba, qui engendre une surenchère et met la planète sous la menace atomique, avant que Moscou finisse par retirer ses fusées contre la promesse américaine de ne pas envahir l'île. Compagnon d'armes du guerillero argentin Ernesto "Che" Guevara, le leader cubain s'est voulu le champion de l'exportation de la révolution marxiste en Amérique latine, mais aussi en Afrique.
La chute de l'URSS en 1991, principal bailleur de fonds de l'île, porte un coup terrible à l'économie cubaine, mais le "Lider Maximo" trouve une nouvelle manne avec le tourisme et surtout de nouveaux alliés avec la Chine et le Venezuela du président Hugo Chavez, présenté par Fidel Castro comme son "fils spirituel" avant qu'il ne décède d'un cancer en 2013.
Le "Lider Maximo" avait cédé le pouvoir à son frère Raul après une hémorragie intestinale. Il avait abandonné ses dernières responsabilités au Parti communiste de Cuba (PCC) en avril 2011. L'ex-président avait totalement disparu des écrans cubains entre février 2014 et avril 2015, ce qui avait alimenté de nombreuses rumeurs sur son état de santé. Mais depuis un an et demi, même si ses déplacement restaient limités, il avait recommencé à recevoir chez lui personnalités et dignitaires étrangers.
Raul Castro, qui se retrouve à 85 ans pour la première fois seul au pouvoir, engagé dans un processus d'ouverture économique et un spectaculaire dégel depuis fin 2014 avec les États-Unis, n'a pas révélé les causes du décès, mais a précisé que Fidel Castro serait incinéré samedi, écartant de fait toute exposition du corps du "Lider Maximo" au public. A la mi-journée, les autorités n'avaient toujours pas confirmé la crémation de la dépouille de cette figure incontournable du XXe siècle, célèbre pour ses coups d'éclat et ses discours interminables, mais aussi pour son uniforme vert olive, ses cigares et sa barbe légendaire.
Hommage et scènes de liesse
Neuf jours de deuil national ont été décrétés tandis que l'onde de choc de l'annonce tombée dans la nuit s'est rapidement répandue dans les rues clairsemées de La Havane, la plupart des habitants se disant mortifiés et stupéfaits de voir disparaître l'ex-président cubain, qui n'avait pourtant pas affiché de signes d'affaiblissement récemment. "Ca nous a tous pris par surprise, on espérait vraiment qu'il vive un peu plus longtemps. Il avait l'air en forme lors de ses dernières apparitions", a réagi Michel Gonzalez, un vendeur de cigares de 30 ans.
"Comme des milliers de Cubains je suis triste, c'est tellement soudain !", abondait, interdit, le barman Miguel Gonzalez, 24 ans, rencontré dans les rues du Vedado. Dans ce quartier proche du centre comme dans l'ensemble du pays, la calme régnait samedi, à l'exception de quelques petits groupes qui se formaient spontanément pour commenter la nouvelle. Aux abords de l'université de La Havane, quelques dizaines d'étudiants se sont spontanément réunis dans une atmosphère de recueillement, arborant notamment posters et pancartes disant notamment "Merci pour tout Fidel !". Là, comme dans d'autres quartiers, certains avaient du mal à contenir leurs larmes. "Fidel Castro était le plus grand", sanglotait Aurora Mendez, une octogénaire rencontrée dans la vieille Havane. Comme beaucoup d'autres, elle a été surprise par la nouvelle au petit matin.
En revanche, à Miami, bastion de l'anti-castrisme dans le sud des Etats-Unis, ce sont des scènes de liesse qui ont accueilli l'annonce. "C'était un criminel, un assassin et un homme misérable", vitupérait Hugo Ribas, 78 ans, au milieu d'un millier de personnes rassemblées dans le quartier de la Petite Havane ("Little Havana").
Funérailles le 4 décembre
Le premier hommage au Comandante a été programmé lundi matin, les Cubains ayant été conviés à converger vers la place de la Révolution de La Havane, habituel théâtre des grand-messes castristes. Les funérailles se tiendront à Santiago de Cuba (est), deuxième ville du pays, le 4 décembre. Cette cérémonie, qui devrait attirer une foule de dignitaires étrangers, sera précédée de neuf jours de deuil national jalonnés d'hommages "de masse" à La Havane et Santiago.
L'autre moment fort de cette série d'hommages sera le transfert de ses cendres de La Havane à Santiago - séparées de quelque 900 km - lors d'une procession qui devrait mobiliser des millions de personnes entre le 30 novembre et le 3 décembre.
Des réactions internationales
Samedi, les réactions affluaient du monde entier. Le président élu des Etats-Unis, Donald Trump, a dénoncé un "dictateur brutal qui a opprimé son propre peuple", promettant de "tout" faire pour contribuer à la liberté du peuple cubain. Le magnat de l'immobilier avait affiché des réserves sur le rapprochement en cours entre les Etats-Unis et Cuba, affirmant qu'il ferait "tout pour obtenir un accord solide" avec La Havane. "L'Histoire jugera l'impact énorme" de Fidel Castro, avait auparavant salué le président américain Barack Obama, ajoutant: "Nous avons travaillé dur" pour tourner la page de la "discorde".
De son côté, le président russe Vladimir Poutine saluait un "homme d'Etat émérite" et "un ami sincère et fiable de la Russie". "Le président Castro s'est identifié à notre lutte contre l'apartheid", a souligné le président sud-africain Jacob Zuma, tandis que le roi d'Espagne rendait hommage à une "figure d'une indiscutable importance historique". Plus réservé, le président français François Hollande a estimé que Fidel Castro avait "incarné la révolution cubaine", dans ses "espoirs" mais également ses "désillusions". Dans un message de condoléances adressé au président Cubain, le pape François a fait part de sa "peine", promettant de prier pour le repos du défunt.
Défidélisation du régime
Son frère Raul a engagé depuis 10 ans un lent processus de "défidélisation" du régime, avec notamment en 2011 l'adoption lors d'un congrès historique du PCC de mesures économiques destinées à sauver Cuba de la faillite. Pour la dissidente modérée Miriam Leyva, ce décès pourrait permettre la mise à l'écart d'une partie de la vieille garde du régime réfractaire au changement. "Je crois qu'il y a là une opportunité d'ouvrir davantage cette société et avancer plus rapidement dans les réformes", a-t-elle expliqué à l'AFP.
Sous la surveillance de Fidel, Raul Castro a également orchestré dans l'ombre le spectaculaire dégel avec les États-Unis, révélant un pragmatisme qui contrastait avec l'anti-américanisme viscéral de son aîné. Grand détracteur de la superpuissance américaine et icône planétaire de la gauche, Fidel Castro était un symbole de la lutte contre l'"impérialisme" du voisin du nord, tout en affichant un piètre bilan en matière de droits civiques et de libertés.
Portrait du "Lider Maximo"
Communiste converti, Fidel Castro, qui avait pris le pouvoir en 1959, a défié 11 présidents américains et survécu à maints complots pour l'assassiner (638 selon le Livre Guinness des records) ainsi qu'à une tentative ratée de débarquement d'exilés cubains soutenus par la CIA dans la baie des Cochons (sud de l'île) en avril 1961. John F. Kennedy devait décréter peu après un embargo commercial et financier. Toujours en vigueur, celui-ci pèse lourdement sur l'économie du pays malgré une série d'assouplissements consentis par l'administration de Barack Obama dans le cadre du dégel.
En octobre 1962, c'est la crise des missiles, provoquée par l'installation de fusées nucléaires soviétiques à Cuba, qui engendre une surenchère et met la planète sous la menace atomique, avant que Moscou finisse par retirer ses fusées contre la promesse américaine de ne pas envahir l'île. Compagnon d'armes du guerillero argentin Ernesto "Che" Guevara, le leader cubain s'est voulu le champion de l'exportation de la révolution marxiste en Amérique latine, mais aussi en Afrique.
La chute de l'URSS en 1991, principal bailleur de fonds de l'île, porte un coup terrible à l'économie cubaine, mais le "Lider Maximo" trouve une nouvelle manne avec le tourisme et surtout de nouveaux alliés avec la Chine et le Venezuela du président Hugo Chavez, présenté par Fidel Castro comme son "fils spirituel" avant qu'il ne décède d'un cancer en 2013.