Rimatara fête les 10 ans de la réintroduction de son emblème, le Lori de Kulh

A Rimatara, on fête les 10 ans de la réintroduction du Lori de Kulh, le 'Ura, dans les îles Cook. La plus petite île de l’archipel des Australes, participe activement à la préservation d’un oiseau mondialement menacé dont elle a fait son emblème.
A Rimatara, le Vini (oiseau en Tahitien) ‘Ura, est devenu le symbole de l’île. Il orne les  arrêts de bus, les autobus, les bacs à déchets ! L’une des deux pensions de l’île porte son nom. Le Lori de Kulh -c’est sa dénomination scientifique- aux plumes rouges, vertes et bleus a belle allure.
Sur l’île l’association Rima 'Ura milite activement pour la préservation de cet oiseau reconnu par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) comme espèce en danger. "Le lori de Kulh est mondialement menacé, précise Bernard Deceuninck de la LPO (Ligue de protection des oiseaux). Cette espèce pourrait donc disparaître d’ici à quelques dizaine d’années si rien n’est fait".
Il y a dix ans, la société d’ornithologie de Polynésie (Manu) en coopération avec des institutions et des scientifiques des îles Cook et de San Diego (Etats-Unis) a réussi la prouesse de réintroduire le ‘Ura dans l’une des îles Cook. Vingt-sept individus capturés à Rimatara ont été libérés à Atiu où l’oiseau avait complétement disparu. Désormais, dans cette île Cook, on recense une centaine d’individus.

A Rimatara, l’association Rima 'Ura profite de la célébration de cet événement pour sensibiliser la population locale aux dangers qui pèsent toujours sur l’oiseau emblématique de l’île. La perle des Australes compte environ 800 Loris de Kulh, selon Boniface Ioane, instituteur et membre actif de Rima 'Ura (voir vidéo ci-dessous).
"C’est un oiseau très fragile, explique Boniface Ioane. Les rats noirs sont l’ennemi numéro 1 des ‘Ura. Sur l’île, on a d’ailleurs un chien détecteur de rats noirs qui suit  notre garde forestier. Cette surveillance est assurée grâce à un financement européen issu du programme BEST, en faveur de la biodiversité", souligne l’instituteur de Rimatara.
"Les rats noirs montent dans les arbres et n’hésitent pas à se nourrir des œufs ou des oisillons des Loris de Kulh, explique Bernard Deceuninck de la LPO. C’est pourquoi ajoute-t-il, pour réintroduire ou préserver ces espèces, il faut mener des campagnes de dératisation".

Le ‘Ura a aussi été victime en Polynésie de sa trop grande beauté. Selon le site Tahiti Heritage, "les anciennes parures de chefs polynésiens étaient autrefois en grande partie réalisées en plumes rouges de ‘Ura".  "Seule, l’île de Rimatara – grâce au respect d’un tabu édicté par sa reine Tamaeva Vahine (1893-1923) – a pu sauver son oiseau emblématique", note avec fierté Boniface Ioane
L'association Rima 'Ura porte désormais son attention à la préservation de l'habitat des Loris de Kulh. Ces oiseaux ont d'ailleurs fort bon goût. Ils apprécient les arbres centenaires, en particulier les manguiers. Ces oiseaux cavernicoles -qui nichent dans des cavités- y trouvent le gîte et le couvert. L'association a donc entrepris de protéger ces arbres en y apposant des croix et prochainement des plaques afin de bien les identifier et d'empêcher leur coupe (voir vidéo tournée avec un smartphone ci-dessous)
En célébrant ce jeudi le 10e anniversaire de la transplantation des Loris de Kulh à Atiu, une île Cook,  Rimatara montre que l'extinction de la biodiversité n'est pas une fatalité. Au programme de cette journée : des chants, des danses, des discours comme savent si bien le faire les hommes et les femmes des Australes, une exposition sur le 'Ura, des débats, un concours de dessins pour les écoliers et bien sûr des promenades en silence à la rencontre du 'Ura