Le gouvernement souhaite appliquer le code minier français à Wallis et Futuna. Objectif : permettre l’exploitation des fonds marins riches en minerais de ce territoire. Mais ce projet a suscité une levée de boucliers chez les chefs coutumiers des deux îles.
Le projet d’extension du code minier français à Wallis et Futuna se heurte à une forte opposition au sein de la chefferie coutumière des deux îles. Le gouvernement souhaite permettre l’exploitation des fonds marins riches en minerais mais peine à convaincre que cette activité bénéficiera au territoire.
Entre 2010 et 2012, trois campagnes de recherche ont été menées au large de Wallis et de Futuna. Cette exploration a permis de détecter la présence en nombre de nodules polymétalliques notamment à une soixantaine de kilomètres de Futuna. Ces nodules de la taille d’une boule de pétanque concentrent de fortes teneurs en minerais : cuivre, zinc, plomb, cobalt, argent ou or.
Nodules polymétalliques
Plusieurs sociétés françaises sont sur les rangs pour exploiter ces gisements mais, pour l’instant, aucun permis d’exploitation ne peut être délivré par manque de base légale. C’est ce vide juridique que le gouvernement veut combler avec un décret qui étendrait le code minier français à Wallis et Futuna.
Mais pour cela, il a besoin de l’avis de l’Assemblée territoriale. Or, si sur le papier les élus sont les seuls compétents en matière de politique foncière, dans la réalité cette prérogative relève des chefs coutumiers.
Pour déminer le terrain, le préfet Marcel Renouf a créé un groupe de travail associant chefferie, élus et acteurs sociaux-économiques. Le chef du territoire a donné des gages en déclarant : « il est hors de question que l’Etat impose quoi que ce soit à Wallis et Futuna » et d’ajouter que ce projet « doit faire l’objet d’une démarche partagée et d’un consensus ». Mais son initiative n’a pas pour l’heure désamorcé les résistances.
Notre terre, notre océan
Porte-parole des trois chefferies des deux îles, le Satula, ministre coutumier du royaume de Sinave à Futuna a affirmé publiquement l’opposition des coutumiers à ce projet. Soane Kaïkilekofe rejette l’exploitation minière sous-marine dont il craint, dit-il, « la pollution et l’impact négatif sur l’environnement ». Mais surtout le Satula refuse que l’Etat s’affirme propriétaire des eaux territoriales de Wallis et Futuna au nom de la loi internationale. « Nous sommes Français, je ne dis pas non » affirme ce ministre coutumier mais ajoute-t-il, « faire des décrets à 20 000 kilomètres pour posséder notre océan et notre foncier, je dis non » et il conclut : « nous sommes sortis de cette terre, de cette mer, c’est notre patrimoine, notre terre, notre océan ».
De leur côté, les élus ont refusé d’émettre un avis lors de la session de l’Assemblée territoriale de juillet. Outre la question foncière, les conseillers territoriaux s’interrogent sur la réalité des retombées économiques promises en contrepartie de l’exploitation des nodules polymétalliques. Marcel Renouf a parlé de « création de richesses et d’emplois » mais n’a pas précisé lesquels jusqu’à présent.
Si les nodules sous marins font beaucoup parler d’eux, il n’ont jamais été exploités dans le monde. La première extraction n’est prévue qu’en 2017 au large de la Papouasie-Nouvelle Guinée et suscite d’importantes polémiques.