22 variétés de cousse-couche évaluées par l’INRAE

L’INRAE a présenté aux professionnels agricoles les premiers tubercules de variétés de cousse-couche conservées in vitro et évaluées sous serre. Un espoir pour relancer la culture de cette igname disparue.
Les agriculteurs qui veulent relancer la production de cousse-couche disposeront d’ici quelques années d’un large panel de variétés… Cette igname, à la chair très fine, et donc très prisée des connaisseurs, a quasiment disparu des jardins et des exploitations de Guadeloupe, à cause de sa grande sensibilité aux maladies virales. Mais près de 200 variétés sont conservées in vitro, au Centre de Ressources Biologiques des Plantes Tropicales, sur le site de l’INRAE à Duclos Petit-Bourg. On y trouve essentiellement des cousse-couches originaires de Guyane, qui n’ont jamais été mises au champ, mais aussi des variétés locales anciennes (comme la « pat a chouval »), et enfin des hybrides, créés par l’INRA il y a plus de quarante ans.
 

22 variétés testées sous serre

Par des techniques très pointues, les chercheurs ont pu supprimer les virus sur une partie de cette collection. 22 variétés de cousse-couche assainies ont ainsi été évaluées en pots, sous serre, depuis mai 2019. Les travaux, réalisés par Marie-Sophie Lange (stagiaire), sous la direction de Marie Umber, ingénieure de recherche en virologie à l’INRAE, ont permis de suivre le développement de ces ignames et leur tolérance aux viroses.
Les premiers tubercules récoltés (dix variétés) ont été présentés aux professionnels agricoles, jeudi 6 février 2020, avec des résultats très prometteurs en termes de rendement, et une faible recontamination. La forme des tubercules et la couleur de leur chair sont par ailleurs très variées.
©guadeloupe
 

Disponibles dans deux ans

Après cette première culture sous serre, les tubercules de ces dix premières variétés récoltées vont être replantés en mars prochain en plein champ, sur une parcelle de la station INRAE de Duclos, à raison de 40 plants par variété. Leur évaluation sera assurée cette fois en partenariat avec la Chambre d’agriculture et l’Institut Technique Tropical (IT2). La récolte de 2021 permettra d’installer ces variétés sur les exploitations de plusieurs producteurs, pour une sélection participative. Les plants des variétés retenues pourront être fournis en 2022 aux agriculteurs intéressés. La deuxième série sous serre (12 variétés) sera récoltée prochainement et suivra la même circuit.
Récolte de cousse-couche en 2019 à Bovis-Bailiif
 

La relance de la cousse-couche a démarré

L’INRAE, la Chambre d’agriculture, l’IT2 et la société Caraïbes Vitroplants (Cavi) tentent depuis plusieurs années de relancer la production d’igname cousse-couche en Guadeloupe. Cavi, une start-up créée notamment par Richard Arnolin, ancien généticien de l’INRA, a mis en en terre en 2016, sur deux sites (Sainte-Rose et Baillif) des vitroplants d’une variété créée en 1973. Baptisée alors INRA 5-20, elle fait partie des dix cousse-couches présentées le 6 février.
Cet hybride, créé à partir de variétés locales, produit un tubercule de forme arrondie, avec une chair blanche très goûteuse. Les premiers plants-semences ont été vendus en 2018 à plusieurs agriculteurs, qui récoltent cette année leur deuxième production. La demande des consommateurs est très forte. Mais la filière de production de vitroplants, indispensable pour régénérer les semences face aux virus, a du mal à se mettre en place… 



 
8 virus
Originaire du bassin amazonien, la cousse-couche est la seule igname issue du continent américain ; les autres espèces provenant d’Asie ou d’Afrique. Plutôt tolérante aux champignons, la cousse-couche est en revanche très sensible aux virus, qui eux, restent présents dans les cellules de la plante cultivée in vitro. Grâce à de nouveaux outils très fiables, l’INRAE a pu détecter huit virus affectant la cousse-couche. Les chercheurs ont ainsi entamé en 2013 un travail d’assainissement de la collection, par thermothérapie.
Mais une fois cultivés en plein champ, les plants peuvent contracter à nouveau les virus, transmis notamment par les pucerons. A quelle vitesse cette recontamination se fait-elle ? Quelle est son impact sur les rendements ? Et donc, pendant combien d’années peut-on produire à partir des premiers vitroplants ? C’est tout l’intérêt des essais actuels.