49e jour de confinement en Martinique, les restaurateurs font appel à leurs clients pour reconstituer leur trésorerie

Jean-Pierre Bernard prend sa part dans l'après covid-19.
Depuis le mardi 28 avril 2020, un site internet permet aux restaurateurs de récolter des fonds pour reprendre leur activité après le déconfinement. Les clients sont invités à préacheter des repas en effectuant une transaction sur la plateforme en ligne. Le développeur du projet témoigne.
Quel carnavalier n’a pas couru le vidé ou dansé en soirée sur le tube Asiwawa ? C’était en 1996. Le chanteur Simon Jurad régnait sur les jours gras. Aujourd’hui encore, beaucoup se souviennent de sa chanson. Les paroles sont étrangement d’actualité.

Lajan asiwawa
Sé an lanmen ka lave lot
Lajan asiwawa
Dé lanmen ka lavé fidji bel mèw


Si cette chanson a marqué les esprits à l’époque, c’est grâce à sa mélodie entrainante mais aussi à son clip. Le tournage a mobilisé une danseuse brésilienne, l'équipe de bankoulélé et une cinquantaine de figurants. Pour ce clip, Simon Jurad avait fait appel à un militaire à la retraite, Jean-Pierre Bernard, reconverti dans la réalisation.

 

C’était mon premier clip. Ça s’est bien passé. J’en ai fait plein d’autres ensuite. J’ai fait le clip du morceau "Kompa rézon" du groupe Kwak et de la chanson "Je voulais le garder" de Léa Galva. J’ai fait également des captations de concerts, notamment pour José Versol. 

Jean-Pierre Bernard sur certains tournages.
Avant de découvrir le zouk, Jean-Pierre Bernard a baigné dans la musique ch’ti de son enfance. Né à Saint-Omer en 1958, il fait l’école hôtelière de Strasbourg puis l’école nationale des sous- officiers de Saint-Maixent avant d’être affecté chez les chasseurs alpins à Grenoble.

En 1992, Jean-Pierre Bernard débarque en Martinique. Il dirige le centre de repos des militaires à l’Anse à l’âne. En 1994, il prend sa retraite sur place et fonde une agence de communication. En 2016, il rentre en Alsace mais garde le lien avec la Martinique.

Environ 70% de mes clients sont martiniquais. Je réalise à distance des campagnes de pub pour différentes enseignes à Fort-de-France, une marque de soda, une banque, un supermarché. J’assure également la communication du CLLAJ, le comité local pour le logement autonome des jeunes.


La pandémie de coronavirus a replongé Jean-Pierre Bernard dans sa formation d’origine. À la demande d’un de ses partenaires, il a accepté de voler aux secours des restaurateurs et de développer un site internet pour les aider à sortir la tête de l’eau et à sauver leurs emplois.

Le principe est simple. Les restaurateurs qui ont besoin de trésorerie peuvent s’inscrire gratuitement et récolter les fonds nécessaires à la réouverture de leur établissement après le déconfinement. Les clients, rebaptisés "clients solidaires", sont mis à contribution.
 
Prenons l’exemple de la Martinique. Un "client solidaire" à Fort-de-France, Ducos ou au Morne Rouge, se connecte sur le site : https://www.aide-solidaire-restaurants.fr. Il sélectionne le restaurant qu’il veut soutenir et paie par carte bleue. Cette somme lui donnera droit, le moment venu, à un repas, voire davantage. 

Plus le montant est élevé plus les avantages sont conséquents. Ainsi, pour un versement minimum de 20€, le "client solidaire" bénéficiera d’un déjeuner ou d’un diner de 24€. Pour une contribution de 60€ il pourra manger pour 72€. S’il est accompagné d’un hôte ou d’une invitée, 10% sera déduit de sa note.
 

J’ai évolué pendant 20 dans l’hôtellerie quand j’étais militaire. Je suis sensible aux problèmes que rencontrent les restaurateurs à cause du Covid-19. Je souhaitais apporter ma contribution en développant ce site.


Au quarante-neuvième jour de confinement, Jean-Pierre Bernard espère que les restaurateurs martiniquais s’empareront de cette plateforme mise à leur disposition. Il espère également que les clients se mobiliseront partout sur l’île, tout en continuant à s’appliquer la formule : "Rété a kay zot".