En mars dernier, son discours était presque le même. Stella Akakpo comptait arrêter sa carrière à l'issue des Jeux Olympiques de Paris. Un ultime tour de piste avec ses copines du 4 fois 100 mètres. "C'était mon ambition initiale. Courir une dernière fois avec ce relais tricolore que je porte dans mon cœur." Sauf que la Martiniquaise avait donné naissance à son fils au milieu de l'été 2023. Un vrai contre-la-montre. "J'ai manqué de temps pour atteindre le niveau que j'espérais." Frustrant ? "Forcément. Mais je suis et reste une compétitrice. Si j'y allais, c'était pour être titulaire du 4 fois 100. Or je n'avais pas les armes." Stella a donc changé son fusil d'épaule. La sprinteuse va devenir… marathonienne.
Le pari fou du marathon
Stella court. Tout le temps. Et jongle. Entre sa vie de jeune femme. De maman. De sportive. Et de salariée. Son planning ? Surchargé. Nous l'avons retrouvée à la Wellness Training Flandres, une salle de sport toute proche de son bureau. Pratique. Ici, entre midi et quatorze heures et du lundi au vendredi, elle enseigne l'endurance à son corps. "Les sprinteurs n'aiment pas trop les tours de terrain, le footing, l'échauffement… Je ne déroge pas à la règle. Même si je viens du cross. Mais je suis convaincue que l'amour de mon sport va me porter jusqu'à la ligne d'arrivée."
Avant de se lancer dans cette aventure, Stella Akakpo n'avait jamais couru plus de vingt minutes d'affilée. Le 10 août prochain, la Martiniquaise va devoir dompter le bitume parisien durant quatre heures. Minimum. "Vais-je aller au bout? Je ne sais pas. Une chose est sûre : je me présenterai sur la ligne de départ avec beaucoup de volonté et d'envie. C'est un défi d'athlète. Un défi de femme également. Une belle introspection que j'aurai le temps de savourer. 42 kilomètres, c'est long quand même."
La nouvelle vie de Stella
Ce marathon olympique, Stella le prépare… quand elle peut. Car depuis un mois maintenant, elle est une salariée à temps plein. "J'ai pris le poste de chargée de partenariats de l'école Sports Management School." Une évolution logique. "J'ai été sensibilisée très tôt à l'après-carrière sportive et j'ai donc toujours voulu avoir un pied dans le milieu professionnel." D'où un équilibre visible. "Attention, ça reste difficile pour moi de me dire que sportivement parlant, ça va s'arrêter. Mais je me sens très loin de ce que certains appellent la petite mort de l'athlète."
SMS forment les futurs managers du monde du sport. Dans cette école, Stella Akakpo se sent comme un poisson dans l'eau. "Ce nouveau job, ça reste du challenge. Mon but est d'aller chercher des partenariats, de donner de la visibilité à l'école. J'avais besoin d'un métier passion. Il me fallait ça." Et promis, après le 10 août, elle va se calmer. Un peu. "J'arrive à mener mes trois ou quatre vies de front mais il est vrai que c'est fatiguant. Dès que le marathon sera terminé, je vais essayer de lever le pied au niveau des défis sportifs. Car ça utilise beaucoup, beaucoup d'énergie…"
42 kilomètres 195
Même si la trentenaire martiniquaise ne fait pas de cauchemars marathonesques nocturnes, ses réveils matinaux sont cocasses. "Je me dis : mais qu'est-ce qui t'a pris de te lancer dans une aventure pareille, Stella ?" Surtout que la préparation est épuisante. "Je découvre un nouveau sport et je me découvre un nouveau corps." Avec les bobos du runner débutant. Inévitables. "Comme je dois accumuler les kilomètres et que je ne suis pas habituée au bitume, j'ai des douleurs au genou. J'ai déjà reçu une infiltration, il y a quelques semaines. Et au talon, je souffre d'une aponévrosite plantaire. Il y a de la casse, je confirme. Mais je suis vraiment motivée."
Le départ de ce marathon olympique pour tous sera donné le samedi 10 août à 21h00. Quelques heures plus tard aux Invalides, Stella Akakpo refermera une belle carrière. Adieux officiels. Les émotions risquent alors de se mélanger dans la tête. "J'ai peur de l'arrivée. Qu'est-ce que je vais ressentir à ce moment précis ? Je pense que je vais pleurer. Ça, c'est une certitude. Mais après ? J'avais toujours dit que je m'arrêterai après Paris 2024. D'un seul coup, ça deviendra concret. Je pourrai écrire le mot fin sur ma carrière d'athlète. La page sera tournée."
♥ ⇒ Vous pourrez retrouver Stella Akakpo dimanche 11 août 2024, sur le plateau de l'émission "Aito, nos guerriers et nos héros", la quotidienne consacrée aux JO sur les antennes des 1ères.