Lorsqu'on parle de drogue dans les Outre-mer, on pense beaucoup au narcotrafic mais se pose aussi le problème de la consommation de ces substances qui font des ravages chez les jeunes.
C'est par exemple le cas en Martinique, comme le rappelle la sénatrice Catherine Conconne (groupe Socialistes, Écologiste et Républicain) lors des questions au gouvernement ce mercredi 26 mars : "J'habite un territoire concerné [...] par des saisies records de produits, mais qui voit aussi monter les effets d'une consommation préoccupante. Les professionnels de santé mentale qui écopent à la main les effets dramatiques de cette vague de submersion sont dépassés."
"Même la Cour des comptes s'est récemment saisie du sujet et a formellement regretté, je cite, la réponse sanitaire et médicosociale [qui] se révèle insuffisante par manque de volontarisme et par défaut de ciblage des publics jeunes, poursuit-elle. Près de la moitié des jeunes de 18-24 ans reconnaissent pourtant avoir consommé du cannabis."
"Risque existentiel"
Elle interpelle le gouvernement en soulignant que l'un de ses membres, le ministre des Outre-mer Manuel Valls, "a rappelé la position extrêmement préoccupante de nos territoires face au narcotrafic, parlant de risque existentiel, de risque d'effondrement de la Martinique face à la violence que porte le narcotrafic".
Face à l'addiction aux drogues qui fait "des dégâts croissants dans notre société avec son lot de souffrances pour des familles en détresse", la sénatrice demande donc au ministre de la Santé "que va faire le gouvernement dans les délais les plus brefs pour être réellement et enfin à la hauteur de la situation"?
"Chiffres effroyables"
Yannick Neuder, ministre chargé de la Santé et de l'accès aux soins, reconnaît en effet des "chiffres effroyables" liés à la consommation de drogue : "100.000 décès par an concernant la drogue, avec notamment 60.000 décès qui sont liés à des cancers, notamment chez les jeunes".
Il rappelle alors que "dans le cadre du plan santé mentale qui est grande cause nationale", en plus de la réponse pénale et répressive, il y a un volet de prise en charge médicale et psychologique, ainsi que "des campagnes importantes en lien notamment avec la société française d'addictologie".
"Nous travaillons justement particulièrement sur les jeunes mais aussi particulièrement sur les femmes enceintes, pour pouvoir dans les meilleurs délais faire des campagnes de prévention, assure-t-il sans évoquer les cas particuliers des territoires ultramarins. N'oublions pas que beaucoup de consommateurs sont des patients."
"Un petit spot radio par-là"
Peu satisfaite de la réponse peu détaillée, la sénatrice réclame "une date de début parce qu'on en parle depuis très longtemps". Elle déplore une "prévention face aux addictions" qui "se limite à une petite journée par-là, un petit spot radio par-là".
"Nous sommes face à une humanité qui est en train de s'effondrer face à la drogue. Et il faut aujourd'hui des mesures extrêmement déterminées", conclut-elle.