Les usages de substances psychoactives ont fortement diminué chez les adolescents ultramarins ces dernières années, montre une étude de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT) publiée lundi.
L'enquête nationale en collège et en lycée chez les adolescents sur la santé et les substances (EnCLASS) présente les résultats concernant les usages de tabac, d'alcool, de cannabis et d'autres drogues illicites en Guadeloupe, Martinique, Guyane et à La Réunion entre 2022 et 2023.
Cette baisse ne peut pas être considérée uniquement "comme un effet de la pandémie du Covid-19 (...) car elle a débuté antérieurement", préviennent les auteurs de l'étude, mais les "confinements ont pu priver les adolescents de moments sociaux durant lesquels les consommations sont susceptibles de s'initier".
Moins d'alcool, plus de cigarettes électroniques
Les lycéens ultramarins se démarquent pourtant de l'Hexagone avec des niveaux de consommation de substances nettement plus faibles. "Le cas de la Guyane est le plus marquant : en proportion, les expérimentateurs y sont 2,3 fois moins nombreux que dans l'Hexagone (14,9% contre 34%) et les usagers quotidiens y sont 3,6 fois moins nombreux (1,7% contre 6,2%)", selon l'étude.
En Guyane, le nombre d'enfants non scolarisés est estimé à 10.000, selon les recoupements de l'Unicef, aucune base de données officielle n'étant disponible.
L'expérimentation du cannabis est moins répandue parmi les lycéens de Guadeloupe (16,9% en 2023 contre 30,3% en 2015), de Martinique (13,3% contre 35,6%) que parmi les lycéens de La Réunion (22,7% contre 49,7%), qui sont eux dans la moyenne hexagonale.
Les niveaux de consommation d'alcool ont reculé en 2023 par rapport à 2015 en Guadeloupe (72% contre 95,3%), en Martinique (77,7% contre 96,6%) et sont assez proches de ceux observés dans l'Hexagone en 2022 (68,3%). Chez les collégiens ultramarins, les usages d'alcool en Guadeloupe (51,7%), en Martinique (56,2%) et en Guyane (52,1%) sont plus élevés que dans l'Hexagone (43,4%).
"Notre hypothèse, c'est que les élèves commencent à expérimenter plus jeunes au collège et ensuite rejoignent la moyenne des jeunes lycéens hexagonaux", résume à l'AFP Guillaume Airagnes, directeur de l'OFDT.
Que ce soit dans les collèges ou les lycées ultramarins, l'usage de la cigarette électronique s'est largement développé. "On a un territoire qui se démarque, c'est la Martinique, avec à la fois des niveaux d'usages particulièrement importants et une forte augmentation par rapport aux années précédentes", détaille M. Airagnes. Entre 2015 et 2022-2023, l'expérimentation est passée de 5,6% à 30,7% en Martinique, de 5% à 18,8% en Guadeloupe, de 8,6% à 18% en Guyane et de 6,4% à 18,4% à La Réunion.