Réalisé entre octobre 2020 et mai 2021, le recensement agricole 2020 livre aujourd’hui ses premiers résultats, communiqués à l’échelle nationale par le ministère de l’Agriculture et au niveau local par la préfecture de Guadeloupe et la Direction de l’Alimentation, de l’Agriculture et de la Forêt (DAAF). Ces données statistiques fournissent une photographie précise de notre agriculture et de son évolution sur les dix dernières années.
7 200 exploitations en Guadeloupe
Le nombre d’exploitations agricoles en Guadeloupe a continué à diminuer entre 2010 et 2020, mais à un rythme beaucoup plus faible que lors des deux décennies précédentes. On recense aujourd’hui 7 200 exploitations, contre 7 800 en 2010, soit 600 exploitations en moins en dix ans. Cela représente une baisse de 7%, alors qu’elle était cinq fois plus élevée (- 36 %) entre 2000 et 2010, et de 25 % entre 1990 et 2000.
Une surface agricole de 31 800 hectares
La surface agricole utilisée totale (SAU) est restée stable en dix ans. Elle s’établit à 31 800 hectares, contre 31 400 hectares en 2010, soit une légère augmentation (+1%), alors qu’entre 2000 et 2010, elle avait diminué de 31%, avec la disparition de quelque mille hectares. Sur la dernière décennie, les surfaces de terres arables et de cultures permanentes baissent toutefois de 3%, au profit des surfaces en herbe (prairies).
Des exploitations plus grandes
Les exploitations agricoles sont moins nombreuses, mais elles s’agrandissent légèrement. La surface moyenne par exploitation est passée en dix ans de 4 hectares à 4,4 hectares, ce qui représente 40 ares de plus (+10%). Les « micro-exploitations », dotées d’une SAU moyenne de 3 hectares, restent dominantes. Malgré une baisse de plus de 500 unités, elles représentent 84% des exploitations et valorisent 54% des surfaces agricoles du territoire et emploient 54% de la main d’oeuvre agricole.
Forte baisse des surfaces en canne à sucre
Trois exploitations sur dix en Guadeloupe sont spécialisées en grandes cultures. La canne à sucre reste la culture principale, mais les surfaces consacrées à cette production ont reculé de 13% en dix ans, passant de 14 200 à 12 400 hectares, soit une perte de près de 2 000 hectares, à mettre en corrélation avec la disparition de près d’un millier de petites exploitations cannières (avec des surfaces de 2 ha en moyenne). La sole bananière a reculé de 16%, mais ce chiffre doit être nuancé, car les 2 100 hectares de bananeraies recensés en 2020 ne prennent pas en compte les surfaces en jachère, très pratiquées aujourd’hui dans cette culture.
Avec près de 500 unités, le nombre d’exploitations orientées en maraîchage progresse de 55%. Les cultures de plantes aromatiques et médicinales progressent de 40%.
Recul de l’élevage bovin
Le nombre d’exploitations spécialisées dans l’élevage bovin augmente de 30%, avec 700 unités supplémentaires, et un total de près de 4 000 détenteurs, mais cela ne traduit en rien un développement de cette filière, puisqu’au contraire, le cheptel bovin régresse de 15%, avec 5 500 têtes au total. Il s’agit en fait d’une « réorientation » d’exploitants auparavant en polycultures et élevage, qui ont abandonné la production végétale, mais conservé quelques boeufs au piquet… En revanche, l’apiculture enregistre un bond important, avec 80 exploitations, et quelque 6 000 ruches, un cheptel en augmentation de plus de 40%.
Des exploitants de plus en plus âgés
Les chefs d’exploitation en Guadeloupe restent majoritairement des hommes, à 80%. Contre toute attente, la proportion de femmes a reculé en dix ans, de 22% à 20%. Le dernier recensement montre aussi un vieillissement marqué des agriculteurs. Entre 2010 et 2020, l’âge moyen des exploitants est passé de 51 à 55 ans. Et aujourd’hui, les 60 ans ou plus représentent plus du tiers (35%) de l’effectif des chefs d’exploitation, contre 23% en 2010. En bas de la pyramide des âges, la part des jeunes nouvellement installés reste faible. En revanche, on note une nette évolution du niveau de formation des exploitants en général, signe d’une plus grande professionnalisation.
Chute de la main d’oeuvre familiale
10 500 personnes occupent un emploi permanent dans l’agriculture guadeloupéenne. Les chefs d’exploitation et co-exploitants sont le pilier de cette main d’oeuvre, avec 58% des actifs permanents. Mais la main d’oeuvre familiale a diminué de moitié depuis 2010. Elle représente aujourd’hui 9% du travail apporté sur les exploitations, et n’est pas compensée par les salariés non familiaux, qui restent stables, à 24%.
Le boom du bio et des circuits courts
Le nombre d’exploitations en agriculture biologique (certifiées ou en conversion) connaît un véritable boom. Il est passé de 6 en 2010 à 130 en 2020, représentant une surface de 600 hectares.
Quant au mode de commercialisation des produits agricoles, la part des circuits courts, déjà importante il y a dix ans, continue de progresser : 64% des exploitations (contre 56% en 2010) commercialisent au moins une partie de leur production en vente directe ou via un seul intermédiaire.
L'essentiel du recensement agricole en Guadeloupe
En attendant les chiffres définitifs…
Les premiers résultats du recensement agricole 2020 sont consultables > sur le site internet de la DAAF.
Il s’agit pour l’heure de statistiques provisoires. Les données définitives seront disponibles en avril 2022. Contrairement à l’Hexagone, où les enquêtes étaient effectuées essentiellement par internet, les opérations de collecte dans les DOM ont été réalisées lors d’entretiens en face-à-face, sur les exploitations. En Guadeloupe, elles ont mobilisé 50 enquêteurs, recrutés et formés par la DAAF.