Afrique du Sud: l'ANC perd sa majorité absolue au Parlement pour la première fois de son histoire, ne recueillant que 159 sièges sur 400 (Résultats officiels)

L'ANC doit forger des alliances, soit pour former un gouvernement de coalition avec un ou plusieurs partis, soit pour persuader d'autres partis de soutenir la réélection de Cyril Ramaphosa
L'ANC au pouvoir en Afrique du Sud depuis trente ans a perdu sa majorité absolue au Parlement pour la première fois de son histoire, ne recueillant que 159 sièges sur 400. Ses responsables affirment leur intention d'entamer des discussions avec d'autres partis politiques pour former un gouvernement de coalition.

L'ANC au pouvoir en Afrique du Sud depuis trente ans a perdu sa majorité absolue au Parlement pour la première fois de son histoire, ne recueillant que 159 sièges sur 400, selon les résultats officiels annoncés hier soir par la commission électorale.


L'Alliance démocratique (DA), premier parti d'opposition, a obtenu 87 députés, contre 49 parlementaires pour le nouveau parti populiste mené par l'ex-président Jacob Zuma, qui devient la troisème force politique du pays, mais qui a boycotté la cérémonie officielle présentant ces résultats consolidés.

L'ANC a affirmé ce week-end son intention d'entamer des discussions avec d'autres partis politiques pour former un gouvernement de coalition.

 
"L'ANC s'engage à former un gouvernement qui reflète la volonté du peuple, qui est stable et capable de gouverner efficacement", a déclaré Fikile Mbalula, secrétaire général de l'ANC, précisant que le parti mènerait des discussions en interne et avec d'autres partis "ces prochains jours". "Les électeurs ont montré qu'ils attendaient des dirigeants de ce pays qu'ils travaillent ensemble dans l'intérêt de tous", a-t-il ajouté lors d'une conférence de presse.

De leur côté, des centaines de partisans du récent parti mené par l'ex-président sud-africain Jacob Zuma qui a raflé 14,6% des voix au Parlement, mais plus de 45% dans la province zouloue (KZN), ont fêté cette victoire dès ce week-end.  

Le parti de Jacob Zuma triomphe


Le parti populiste uMkhonto weSizwe (MK), désormais troisième force politique en Afrique du Sud, dénonce des irrégularités dans le décompte des voix, mais des centaines de partisans dans un convoi d'une cinquantaine de voitures ont sillonné Kwaximba, ancien bastion de l'ANC à l'ouest de Durban, quelques heures avant la proclamation attendue des résultats consolidés. 

Pendant deux heures, le convoi a fait des embardées en zigzag sur des routes montagneuses escarpées, dans cette zone-semi rurale densément peuplée, certains partisans, assis sur le rebord des fenêtres, entonnant des chants traditionnels de la lutte contre l'apartheid, entre klaxons et hurlements de joie.

"Maintenant que nous avons gagné, le vrai travail commence", a déclaré Musa Mkhize, un responsable provincial, à un groupe d'autres partisans de MK. "Nous sommes ici pour célébrer la sagesse des habitants de ces quartiers, pour célébrer avec eux le fait qu'ils ont rendu le pouvoir au peuple", a-t-il ajouté auprès de l'AFP. 

Jeunes et vieux sont sortis de leurs maison en brandissant des drapeaux MK et des T-shirts et observer le spectacle. Plusieurs célébrations localisées à travers la province ont déjà eu lieu ces derniers jours."On a voté pour Zuma parce que nous avons vu son travail acharné", a déclaré à l'AFP Sakhile Shezi, d'humeur festive, alors que le convoi s'arrêtait à mi-parcours. 

Célébrations en zoulou pour le parti de Jacob Zuma

Célébrations en zoulou

Cet ouvrier de 31 ans espère qu'il y aura un nouveau décompte des voix après les accusations d'irrégularités qui ont émané de plusieurs partis. Le charismatique Jacob Zuma, 82 ans, qui reste poursuivi pour corruption, a demandé samedi dernier un report de la proclamation des résultats, dans une brève déclaration aux sous-entendus menaçants. 

"Si cela arrive, vous allez nous provoquer", a-t-il déclaré. "Les résultats ne sont pas corrects (...) Ne créez pas de problèmes là où il n'y en a pas", a-t-il prévenu, se plaignant de problèmes "graves" sans autres précisions.

Les ministres de la Police et de la Défense ont appelé au calme, lors d'un point-presse, assénant qu'il n'y avait "aucune place pour des menaces d'instabilité" et que les forces de l'ordre se tenaient prêtes à "maintenir la paix" après les élections les plus disputées depuis trente ans.

L'ANC reste le parti le plus important au Parlement. Et c'est la nouvelle Assemblée qui sera chargée d'élire le prochain président courant juin. 


L'ANC doit ainsi forger des alliances, soit pour former un gouvernement de coalition avec un ou plusieurs partis, soit pour persuader d'autres partis de soutenir la réélection de Cyril Ramaphosa qui constituerait un gouvernement minoritaire de l'ANC, qui devra chercher au coup par coup des alliés pour faire passer son budget et ses projets de loi.